« Peut-être le destin de l’homme est-il d’avoir une vie brève, mais fiévreuse, excitante et extravagante, plutôt qu’une existence longue, végétative et monotone. Dans ce cas, que d’autres espèces dépourvues d’ambition spirituelle – les méduses par exemple – héritent d’une Terre qui baignera longtemps encore dans une plénitude de lumière solaire ! »
(La décroissance (entropie, écologie, économie) Nicholas Georgescu-Roegen, 1979)
L’une des plus grandes préoccupations des scientifiques tient dans le fait que les états de référence (shifting baselines) ont changé pour de nombreux écosystèmes sous-marins. Cela signifie que des personnes visitent actuellement des environnements côtiers dégradés, et les qualifient de « magnifiques », sans se douter de ce qu’ils étaient avant. Voilà pourquoi il est si important de documenter comment les choses sont, et comment elles étaient. L’institut Scripps de conservation des océans et la SurfRider fondation ont organisé une campagne médiatique afin d’attirer l’attention sur le problème de changement des états de référence. Nous devons tous nous poser les questions suivantes : A quoi ressemblaient les océans ? Est-ce que mes préférences alimentaires participent à mettre la santé des océans en danger ? Certains biologistes marins déclarent même qu’avec la disparition des espèces désirables, seules les plus résistantes et les moins désirables vont persister, vraisemblablement les méduses et les bactéries.
shifting baseline, des références changeantes (2012)
« En Namibie, les quelque 10 millions de tonnes de sardines et d’anchois ont été surexploités. Leur population déclinante a laissé la place à 12 millions de tonnes de méduses. Partout les excès de la pêche ont décimé les grands prédateurs de la méduse – requins, thons, tortues luth – alors qu’elle-même dévore d’énormes quantités d’œufs et de larves de poissons. Les méduses sont des carnivores qui ne connaissent pas la satiété. Et les cnidaires (sauf les coraux) résistent à l’acidification des océans .… »
(LE MONDE du 25-26 mai 2014,
Les « attaques » de méduses se multiplient partout dans le monde)
« L’océan est à la fois confronté à une forte pollution, à la surpêche et au changement climatique. Pour illustrer l’effet en chaîne, j’aimerais vous raconter une histoire. En Namibie, il y avait énormément de sardines – des millions de tonnes !- et beaucoup d’anchois. Dans les années 1980, ces espèces ont fait l’objet d’une surexploitation intense et ont été presque décimées. Il s’est alors produit un changement écosystémique : on a observé l’explosion de deux espèces de méduses extrêmement rares auparavant, dont les populations gigantesques pèsent aujourd’hui entre 20 et 40 millions de tonnes. Depuis les sardines ne sont pas revenues. Si vous retirez certaines composantes de l’écosystème, vous obtenez une explosions des populations de méduses. C’est une phénomène que l’on constate en mer Noire, dans la mer de Bohai en Chine, au Japon et dans beaucoup d’autres endroits. On commence aussi à l’observer en Méditerranée. »
(Philippe Cury, dans le livre « Dernières limites »,avril 2023)
Il n’y a rien de bête à aimer les méduses. Ceux qui sont bêtes ce sont plutôt ceux qui s’inquiètent de savoir comment on va bien pouvoir nourrir tout ce monde. Avec des sécheresses à répétition, le manque d’eau, la fin du pétrole et des pesticides et patati et patata, c’est sûr que c’est la fin des haricots. Toutefois je vous rassure, avec toutes ces bestioles qui prolifèrent nous ne sommes pas prêts de crever de faim. Parce que comme disait le poète, la méduse est l’avenir de l’homme.
– » Faites une bonne action pour la planète, mangez des méduses. Voici à peu près les conclusions d’un rapport publié jeudi par la FAO, l’organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture, qui recommande le développement de produits alimentaires à base de méduses. »
( MANGER DES MÉDUSES, SERIOUSLY? bfmtv.com – 31/05/2013 )