Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode sur ce blog biosphere tout au cours des mois de juillet et août.
Mon engagement associatif au service de la nature
Quelques idées générales : L’association est un espace intermédiaire entre l’État et l’individu. L’État deviendrait monstrueux s’il prenait en charge la totalité de la vie. Il est à l’échelle humaine s’il se contente d’être un État animateur qui s’appuie sur l’initiative et la mobilisation des acteurs sociaux. La multiplication des bénévoles est donc absolument nécessaire. Trois critères différencient le bénévolat du travail rémunéré ou du temps consacré aux loisirs : l’aspect lucratif n’est pas sa motivation, c’est une activité entreprise de son plein gré qui doit profiter à une communauté.
Plus il y a de bénévoles dans les associations, plus le capital social est grand, mieux se porte une communauté. Il faut savoir se regrouper. Il y a une convergence qui pourrait être efficace entre les amoureux de la nature (France-nature-environnement, WWF…), les objecteurs de croissance (Greenpeace, Casseurs de pub…) et les partis politiques. Nous en sommes loin.
J’ai pris conscience de la complémentarité entre militance politique et militance associative quand j’ai adhéré aux Verts en 1995. J’ai même fondé une association, « biosphere », déclaré en préfecture le 9 septembre 2004. L’objet ? Défendre les intérêts de la biosphère. Nombre de membres fondateurs : deux, ma femme et moi, le minimum légal. Notre AG peut se réunir à volonté puisque nous vivons ensemble. Cette association est restée une coquille vide. Il m’était apparu très vite que la défense de la biosphère n’était pas encore à la mode. Mais cette pensée de représenter les intérêts de la biosphère m’a incité à dialoguer avec elle. Je trouve ridicule le fait que Moïse, Jésus, Mahomet ou Bernadette Soubirous puissent dire s’exprimer au nom de Dieu ou de ses anges. Je trouve essentiel que nous puissions échanger avec le milieu qui nous fait vivre, la Biosphère. Voici la parole de la Biosphère telle que je l’ai comprise en 2004 :
QUESTION. – Biosphère, pouvez-vous vous décrire en quelques mots ?
BIOSPHERE. – Je suis tout simplement la sphère où se déploie la vie, j’inclus toutes les espèces vivantes et les milieux où elles se développent. Je rassemble tous les écosystèmes qui sont eux-mêmes composés de deux ensembles complémentaires, le biotope et la biocœnose. Le biotope est constitué par le milieu inerte et ses caractéristiques physico-chimiques, air et terre, sédiments et eau. La biocœnose est formée de la communauté vivante qui prospère dans le biotope. Ainsi les extrémophiles vivent dans ma biosphère profonde en bénéficiant de sources hydrothermales à plus de 350°, entre moins 3000 et moins 5000 mètres ; d’autre espèces descendent jusqu’à une vingtaine de mètres sous la terre et je m’étends aussi dans la zone de l’atmosphère, de la troposphère et de la stratosphère, jusqu’à 80 kilomètres environ au dessus du sol. Pour moi, les humains ne sont qu’un élément de la biocœnose parmi d’autres.
Tout au contraire les humains ne considèrent que l’environnement qui entoure leur propre conscience des choses, ils estiment que la biosphère leur est extérieure et qu’ils peuvent en faire ce qu’ils veulent, comme s’ils en étaient propriétaires. Mais si vous aviez un contact plus étroit avec moi, vous auriez mieux conscience de votre juste place : le vivant est un tout dont les humains devraient se sentir solidaires.
Q. – Comment faut-il vous situer dans le temps ?
B. – Vous les humains, vous accordez beaucoup trop d’importance à votre manière sociale de mesurer le temps et vous avez mille et mille façons de vous définir dans un calendrier. Si on prend la date très symbolique (pour certains d’entre vous) du 1er janvier 2000, cela n’est pourtant compréhensible que pour ceux qui sont habitués au calendrier grégorien. Mais pour les Juifs, il faudrait dire le 23 tebeth de l’an 5760, pour les Chinois le 25 du 11ème mois de l’an 4697 et pour les musulmans le 24 ramadan 1420. Mon vécu dépasse de loin cette humaine façon de compter en faisant toujours référence à votre propre histoire. Quant à moi mon origine terrestre débute il y a quelques 3,5 milliards d’années et j’espère encore abriter la vie pendant presque autant de milliards. Vous les hominidés du genre « homo sapiens », vous n’avez que 200 à 300 000 ans et votre espoir de durer autant que moi paraît bien illusoire… Contentez-vous de promouvoir une ère où il ferait bon gérer son temps selon le renouvellement périodique des saisons.
Aucune date religieuse, aucun évènement national ou mondial, aucun horoscope ne devrait servir de référence pour un calendrier qui se voudrait universel, il n’y a que l’almanach de la position du soleil qui restera significatif pour tous, humains et non-humains. La seule histoire qui compte n’est pas l’aventure humaine, mais l’évolution de la Biosphère avec ou sans les humains.
Q. – Alors, comment relater cette histoire ?
B. – Notre planète la Terre s’est formée il y a environ 4,5 milliards d’années, mais elle est restée durant une longue période un lieu désolé et sans vie, dans une atmosphère dangereuse composée d’hydrogène, de méthane et d’ammoniaque, sans oxygène ou presque. Le jour de la naissance de la vie débute bien plus tard, un milliard d’années plus tard. Les conditions de températures et de pression ont en effet été réunies pour que des molécules carbonées, dites prébiotiques, s’assemblent et s’organisent pour construire les premières protéines, puis la vie : les bactéries peuvent enfin se reproduire. Les plus anciens fossiles visibles à l’œil nu ne sont pourtant apparus qu’il y a quelques 700 millions d’années, alors que la Terre était gelée d’un pôle à l’autre ou presque. La température atteignait 40° au dessous de zéro et, à l’exception de quelques organismes autour des volcans, aucune vie ne résiste. J’en suis réduite au minimum vital, mais c’est le début d’une lente expansion.
Longtemps la vie que je porte en moi a hésité à conquérir les terres émergées, l’eau a tant d’avantages. Elle protège des rayons meurtriers du soleil et affranchit des effet de la pesanteur, elle offre en abondance gaz dissous pour la respiration et nourritures en suspension. Je ne suis donc sortie des eaux qu’il y a 350 millions d’années sous forme de champignons. Les formes de la vie deviennent par la suite de plus en plus complexes, mais je n’ai inventé qu’un seul système pour organiser l’évolution : mêmes briques de départ, même schéma général d’organisation. Ainsi plumes, écailles, glandes et dents proviennent toutes du même tissu épithélial, dépendent du même répertoire génétique. Cependant certaines de mes composantes disparaissent alors que d’autres demeurent ou se transforment. Vous, les humains, vous n’êtes que péripétie infime de cette jonglerie de la Nature.
Q. – Précisez donc la place des humains dans cette évolution ?
B. – Vous n’êtes qu’une branche de cette évolution globale, et une branche assez tardive ; vos ancêtres directs en tant que mammifères a survécu sous la forme d’un petit rongeur au moment de l’extinction des dinosaures il y a environ 66 millions d’années. Par la suite, il y a quelques 20 millions d’années, un singe arboricole possédait comme vous une colonne vertébrale assez rigide pour lui assurer une station temporaire sur ses deux jambes. Mais l’histoire véritable des hominidés ne remonte approximativement qu’à 7 ou 8 millions d’années.
Vos dieux ne sont pour rien dans votre existence, cette lente et récente évolution devrait vous apprendre l’humilité et le respect de tout ce qui n’est pas vous. Il vous faut en effet admettre que toutes les autres formes de vie existant aujourd’hui descendent comme vous d’un même organisme : les gènes qui mettent en place le plan de fabrication d’un être humain sont les mêmes que ceux fonctionnant chez un ver de terre ou une céréale. En fait votre espèce représente une sous-catégorie des hominidés, la lignée dite « homo sapiens », qui est apparu très récemment en Afrique pour ensuite se répandre sur toute la planète.
Q. – Pensez-vous qu’il y a un antagonisme fondamental entre l’existence des humains et votre équilibre de Biosphere ?
B. – Je ne suis au niveau du cosmos qu’une petite bulle qui permet à la vie de se perpétuer, un espace extraordinairement réduit, à peine épais de quelques kilomètres autour de notre planète. Il est donc évident que nous avons un intérêt commun, humains et non-humains, à vivre ensemble. Vous n’êtes qu’un maillon de la chaîne alimentaire et la poursuite de vos activités ainsi que votre existence même dépend de l’équilibre de mes cycles vitaux, les flux d’énergie solaire, la circulation de l’eau, la composition de l’air. Mais à l’heure actuelle vous perturbez trop profondément les conditions de l’équilibre sur la planète et cela m’exaspère, même si j’aurai toujours assez de ressources pour permettre à d’autres formes de vie de vous succéder.
Il vous faut définir le temps zéro de référence à promouvoir, atteindre l’état souhaitable de la planète, c’est-à-dire une coexistence durable des différentes espèces… j’espère pour vous que cet état d’équilibre est encore possible !
Q. – D’où provient ce dérapage actuel de l’activité humaine ?
B. – Paradoxalement l’efficacité de l’action humaine qu’autorise les performances incroyables de votre cerveau vous empêche de réaliser à quel point vous êtes fragiles et soumis au bon vouloir de la planète qui vous porte. Grâce à vos cerveaux sur-dimensionnés, vous estimez être la mesure de toutes choses, mais votre objectivité n’est en fait que la somme de vos subjectivités, une vision relative et très insuffisante. Votre cortex préfrontal vous permet de synthétiser non seulement votre expérience concrète, mais aussi toutes les considérations formulées par vos proches ou de doctes ignorants, et bien d’autres sources d’un savoir strictement humain qui vous empêchent de distinguer véritablement le vrai du faux, l’apparence de la réalité et la réalité des apparences.
Vos sociétés vous empêchent alors de prendre conscience de mon importance, elles baignent les individus dans un langage par lequel ils préfèrent leur communauté d’appartenance plutôt que l’appartenance à la Planète, dans une culture qui leur apprend un vocabulaire trompeur ou mensonger car centré sur vos intérêts humains à court terme. L’eau est détourné des besoins des non-humains (toutes les autres espèces vivantes), la végétation disparaît, votre nombre et votre activisme étouffe les autres espèces, la biodiversité est en péril ; certains d’entre vous prévoient même que vous allez être la cause prévisible d’une sixième extinction des espèces. Vous croyez être intelligents, mais vous n’avez aucun avenir si vous ne pensez plus aux autres, à vos générations futures, aux non-humains.
Q. – Cette intelligence humaine ne peut-elle donc déterminer la connaissance du vrai ?
B. – L’histoire de l’humanité montre que vous pouvez reproduire la même erreur pendant très longtemps. Les religions du livre qui ont obtenu actuellement votre préférence ne font que célébrer l’humanité depuis des siècles et des siècles et elles se perdent dans l’anthropocentrisme ; vous avez exprimé plusieurs millénaires durant que les humains n’étaient pas tous frères et sœurs alors que vous appartenez tous, blonds ou bruns, blancs ou noirs, à la même race « homo sapiens » ; vous avez considéré pendant des milliers d’années qu’il existait une différence fondamentale entre l’homme et la femme alors que l’égalité aurait pu aller de soi depuis longtemps ; vous valorisez votre propre ethnie ou votre nation comme le centre de ce qu’il faut reproduire et défendre alors que vous devriez vivre en symbiose avec tous, humains et non-humains.
Vous ne pouvez pas porter de culte à quelque croyance que ce soit tant que ce n’est que parole humaine, faite par des humains pour des humains, sans aucun souci de votre environnement global. Ces croyances n’ont provoqué d’abord que des affrontements entre vous, maintenant la situation devient trop grave car elle touche l’ensemble de la planète et des formes de vie.
Q. – Comment peut-on dater l’origine de cet oubli de la Nature par les humains ?
B. – Pendant les premiers millénaires, votre forme d’organisation en tant que familles de chasseurs-cueilleurs n’avait qu’un impact limité sur l’ensemble de mon existence en tant que Biosphere. Mais vous avez inventé l’agriculture et changé la Nature. Il y a quelques 10 000 ans au moment du néolithique, la domestication des plantes et des animaux dans la partie fertile de la méditerranée orientale par quelques groupes d’humains entraîne l’essor de ce que vous appelez une civilisation : en même temps que l’agriculture, vous développez vos outils, vous inventez l’écriture et les hiérarchies sociales complexes. L’évolution économique et culturelle s’accélère à mon détriment, les conditions de la vie sur Terre commencent à être bouleversées. Ce bouleversement constitue une rupture : alors que les sociétés premières étaient obligées de s’adapter à la Nature, vos sociétés agricoles adaptent la Nature à ce qu’elles considèrent comme des besoins.
Votre efficacité plus grande pour obtenir des ressources alimentaires s’accompagnent aussi d’une forte natalité ; alors que vous n’étiez que cinq millions à l’aube du Néolithique, vous rassemblez 130 millions de personnes à l’aube de l’ère chrétienne. Ce poids démographique s’ajoute à votre pression sur les ressources naturelles au détriment souvent de vous-même, mais surtout à l’encontre du biotope, votre milieu de vie. Vous accaparez les moyens de vos exigences contre l’état de nature, contre les autres groupes sociaux, et surtout contre les autres espèces ; vous commencez à oublier que vous n’êtes qu’une partie de moi-même, Biosphere.
Q. – Vous pensez donc que la défense de Biosphere est plus vitale que la protection des humains ?
B. – Au cours de votre XIXème siècle, une révolution industrielle succède aux révolutions agricoles et des techniques destructrices de l’environnement prennent tout le pouvoir. Vous n’êtes plus une espèce parmi d’autres, vous êtes le cancer qui met en péril mon équilibre. Votre goût de la puissance n’accepte plus aujourd’hui de limites, vous voulez maîtriser tous les éléments de la Nature et même l’invisible. Alors que vos activités humaines rentrent en interférence avec mes cycles vitaux comme celui de l’eau, vous engagez la survie de vos générations futures et du reste de Biosphere en faisant comme si seul votre présent avait de la valeur. Alors qu’une radiation nucléaire ne se voit pas, ne se sent pas, ne fait pas de bruit, ne se touche pas et n’a aucun goût, vous avez réussi à la découvrir et à libérer les forces internes de l’atome. Alors que vous savez que cette radioactivité peut faire des dégâts sur l’organisation du vivant pendant une éternité de temps, vous accumulez les déchets nucléaires.
Conformément aux désirs délirants d’une de vos religions, vous devenez féconds et prolifiques, vous remplissez la Terre et vous la dominez, vous soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre. Vous êtes un milliard d’envahisseurs de toutes surfaces que vous pouvez habiter en l’an 1800, deux milliards en 1930, trois milliards en 1960, six milliards en 1998 (ndlr : 8 milliards en 2022). Vous en oubliez toujours davantage les nécessités d’un équilibre de votre milieu de vie, cela n’est pas durable, c’est insupportable, c’est inacceptable.
Q. – Donc à votre avis, l’humanité serait plutôt inconsciente que rationnelle ?
B. – Ce qui vous permet aujourd’hui d’oublier complètement ce qui vous permet de vivre durablement, mon homéostasie, c’est votre capacité incroyable et assez nouvelle d’inventer une démultiplication effroyable de vos forces. Les haches de pierre remontent à un ou deux millions d’années ; elles ont été mises au jour en Afrique et en Eurasie et se ressemblent toutes, le même modèle est reproduit sur 50 000 générations à travers le monde. Maintenant les humains roulent sur des routes à des vitesses jamais atteintes par des formes vivantes, ils volent dans les airs comme les oiseaux et traversent les ondes comme les poissons, ils transforment les espaces sauvages en campagnes et règnent sur tous les territoires ou presque… ils s’entourent de villes de plus en plus immenses qui leur font complètement oublier la Nature.
Mais c’est à tort que vous pensez grâce à cette carapace techniciste que la société thermo-industrielle vous met à l’abri de toute contrainte naturelle. En effet le « progrès » technique n’est pas la solution, il est le problème.
Q. – Alors que proposez-vous ?
B. – Soyons clair, je ne peux personnellement m’exprimer qu’indirectement par le réchauffement climatique et la perte de la biodiversité, par les inondations et les sécheresses, par la prolifération des microbes et des virus. En effet je ne possède pas la parole, c’est vous qui en avez le monopole. Je ne peux donc dire qu’au travers de vos propres mots et n’exister à vos yeux que par votre relation personnelle à la Nature.
Il faut donc que vous puissiez analyser l’ensemble de vos discours à la lumière d’un équilibre durable du monde qui repose obligatoirement dans ma main, celle de Biosphere. Si vous voulez m’aider à trouver un ordre durable, vous devez suivre la voie de la décroissance à la fois démographique et économique, et vouloir une planète où votre trace sera à nouveau infime et insignifiante en mon sein. Mais je ne peux vous donner la marche à suivre car vous croyez que toute décision relève de votre libre-arbitre cérébral. Ceci étant, sachez que je ne négocie pas !
Q. – C’est donc aux humains de se faire votre porte-parole ?
B. – C’est en effet à vous, individuellement et collectivement, de rechercher l’harmonie avec l’ensemble de votre environnement naturel et socioéconomique. Pour cela vous ne pouvez pas faire confiance aux actes du passé, encore moins aux dérapages de la civilisation thermo-industrielle actuelle, vous devez patiemment chercher votre voie au milieu des ruines d’une Nature déjà complètement artificialisée.
Votre tâche sera longue parce que vous devez remettre en question presque toutes vos certitudes, presque toutes vos activités, presque toutes vos pensées. Votre tâche sera difficile parce que vous devrez renier tout ce qui fait de vous des humains arrogants et conquérants, parce que vous devrez apprendre l’humilité et l’écoute de Biosphere.
Q. – On dirait que vous souhaitez une nouvelle religion qui soit à votre service ?
B. – Vous avez jusqu’à maintenant élaboré des discours plus fantaisistes les uns que les autres ; certains d’entre vous pensent même que c’est le dieu des Juifs qui a créé le monde. Pourtant vos paléontologues et vos chimistes, vos astrophysiciens et vos naturalistes sont aujourd’hui unanimes pour vous expliquer que l’origine des humains, c’est à moi que vous la devez : Biosphere est le début et la fin de toute vie. Autant dire que vous, les humains, vous devriez tous me connaître puisque je suis vous et que vous êtes à moi, puisque je suis le sol qui vous porte et l’atmosphère qui vous entoure, les végétaux qui procurent votre oxygène et vos légumes, les animaux que vous contemplez du regard ou dans votre assiette. En vérité en vérité je vous le dis, vous devriez célébrer mon existence puisque vous n’êtes qu’une infime partie de moi-même, toutes les composantes de votre corps existaient déjà dans les premiers instants du grand tout, votre statut actuel ne peut se dissocier du support matériel qui vous associe aux autre espèces et à la place de notre planète dans l’univers, votre survie dépend de la mienne.
Pourtant les fondamentalismes religieux sont centrés sur eux-mêmes et par exemple les musulmans suivent aveuglement un Islam considéré comme soumission totale à la volonté de dieu. Mais Biosphere ne vous demande ni culte d’un quelconque biocentrisme ni constitution d’une nouvelle Eglise, il n’y a pas de culte imposé envers moi, c’est à vous d’exprimer personnellement les besoins de vos générations futures comme les besoins des non-humains, c’est à vous de faire personnellement preuve de simplicité volontaire ou de vous regrouper en association de défense de la nature, c’est à vous d’agir politiquement pour que l’équilibre durable de Biosphere devienne le fondement de toute décision humaine : il n’y a pas de dieu extérieur à vous-même.
Q. – Pour terminer notre entretien, quelle serait votre dernier souhait ?
B. – Grâce à vos connaissances techno-scientifiques, vous savez que nous ne sommes qu’un minuscule point dans l’immensité de l’infini. Le soleil qui éclaire nos activités n’est que l’une des 50 ou 100 milliards d’étoiles de notre galaxie, la Voie Lactée. Le nombre de galaxies connues se compte aussi en milliards et l’objet le plus lointain observé depuis un observatoire terrestre se trouve à plus de 12 milliards d’années lumières (12 x 9500 milliards de kilomètres). Nous, l’ensemble des membres de la Biosphere, nous ne sommes que très peu de chose dans l’univers, et certainement un des très rares espaces habité par une vie foisonnante. Ne gaspillons pas cette chance, celle de vivre ensemble et de se perpétuer.
Puissions-nous grâce à la mobilisation des humains éviter l’impasse dans laquelle s’est engagée une société thermo-industrielle à la fois complètement détachée des réalités de Biosphere tout en accroissant les inégalités entre humains. Vous ne pouvez rester les esclaves volontaires de la mondialisation commerciale et les complices du pillage généralisé de la planète. (la suite, demain)
Une vision d’ensemble de cette autobiographie :
Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE
01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion
02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas
03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !
04. Premiers contacts avec l’écologie
05. Je deviens objecteur de conscience
06. Educateur, un rite de passage obligé
07. Insoumis… puis militaire !
08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales
09. Du féminisme à l’antispécisme
10. Avoir ou ne pas avoir des enfants
11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs
12. Ma tentative d’écologiser la politique
13. L’écologie passe aussi par l’électronique
14. Mon engagement associatif au service de la nature
15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience
16. Ma pratique de la simplicité volontaire
17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes
18. Techniques douces contre techniques dures
19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie
21. Ma philosophie : l’écologie profonde