Pour atteindre en 2030 une réduction de 55 % de nos GES par rapport à 1990, la France doit faire davantage en sept ans que ce qui a été réalisé en trente-trois. La marche est très haute. Qu’il s’agisse de la façon de se déplacer, de se loger, de produire, de consommer, sans parler de la nécessité de protéger et de restaurer les écosystèmes naturels, les efforts s’annoncent inédits. Au moment même où l’Allemagne, le Royaume-Uni ou la Suède sont obligés d’assouplir leur agenda climatique en revenant sur des mesures mal acceptées par la population, Emmanuel Macron croit pouvoir avancer sans heurter les Gilets jaunes. Les ajustements annoncés ne débouchent donc pas sur le nécessaire changement d’organisation économique. Mais à ne pas vouloir angoisser les Français aujourd’hui, le danger est de les exposer demain à un réveil d’autant plus difficile.
Matthieu Goar : « Le 25 septembre, Emmanuel Macron a présenté sa vision d’une « écologie à la française » censée répondre à un triple défi, « celui du dérèglement climatique et de ses conséquences, celui d’un effondrement de notre biodiversité et celui de la rareté de nos ressources » Mais toute idée de contraintes ou de changements sociétaux est repoussée. « Nous avons décidé d’encourager nos compatriotes à changer plus vite, sans interdiction, en les incitant », a-t-il ainsi assumé au sujet des chaudières à gaz. Des sujets comme la limitation de la vitesse à 110 km/h sur l’autoroute – proposée par la convention citoyenne pour le climat en 2019 –, la consommation de viande ou l’usage de l’avion n’ont même pas été abordés.
Le chef de l’Etat s’est contenté de parler de façon très vague d’« une politique de transformation de tous les comportements », mais il a aussi annoncé que le leasing permettant l’accès à une voiture électrique pour 100 euros par mois vingt-quatre heures après avoir annoncé une nouvelle aide au carburant de 100 euros pour les gros rouleurs les plus modestes. Il s’est engagé à reprendre dès octobre le « contrôle du prix de notre électricité » pour qu’elle soit « soutenable à la fois pour nos entreprises et pour nos ménages ». Sans entrer dans le débat immense sur les restructurations, M. Macron a aligné les objectifs : 1 million de véhicules électriques et 1 million de pompes à chaleur devront être produits en France d’ici à 2027… »
Le point de vue des écologistes de rupture
Avec ce mélange macronien d’un refus des interdictions et d’une ambition assumée pour une « croissance verte », teintée d’un techno-solutionnisme sur l’hydrogène ou le captage du carbone, Emmanuel Macron dessine sa propre vision d’une écologie « positive ». Une façon de se tenir en équilibre instable entre « l’écologie du déni » de l’extrême droite et « l’écologie de la cure » incarnée par une infime partie des écologistes institutionnels. « Notre écologie est aussi une stratégie de préservation de notre richesse de biodiversité et au fond, de nos paysages qui constituent l’identité profonde de la France », avait conclu le président de la république, comme si la transition n’était qu’une douce évolution pour mieux protéger les modes de vie !
Voici de notre côté les modalités d’une rupture avec la société croissanciste
1 Analyse simplificatrice de la réalité
# Approche systémique des interdépendances avec la biosphère
2 Crise conjoncturelle, politique de court terme
# effondrement de la civilisation thermo-industrielle
3 Priorité à la croissance et risque de récession/dépression
# Maîtrise de la décroissance
4 Acceptation des inégalités de revenus
# Revenu maximum autorisé
5 Appropriation privée privilégiée
# Gestion collective des biens communs
6 Ecologie non punitive, soutien des intérêts à court terme
# Ecologie de l’état d’urgence, garante du long terme
7 Dualisme homme / nature
# Biocentrisme et écocentrisme
8 Ecologie superficielle, réparatrice
# Ecologie profonde, éliminant les causes des dysfonctionnements
9 Priorité à l’économie, censé résoudre tous les maux
# ressources naturelles, base de l’économie et des avancées sociales
10 Mythification du PIB, option quantitative
# Priorité au qualitatif, IBED (indicateur de bien-être véritable).
11 Ignorance des limites biophysiques
# Sens des limites matérielles et éthiques
12 Civilisation minière, extractiviste
# Utilisation uniquement de ressources renouvelables
13 Alignement à gauche ou à droite
# Ecologie au delà des divisions politiques traditionnelles
14 Loi du marché et individualisme
# Lois de la nature et apprentissage du collectif
15 Règne de la concurrence et de la compétition
# Apprentissage de la coopération et du partage
16 Marchandisation des rapports sociaux, culte de l’avoir
# Valorisation des relations, des liens, de l’être
17 Mondialisation des échanges et libre-échange
# Démondialisation, relocalisation, monnaies locales
18 Politique macroéconomique de relance
# Politique de sobriété énergétique et de partage
19 Politique de l’emploi global
# Politique de l’emploi utile
20 Salarisation et emplois publics
# Augmentation de la part des profession indépendantes
21 Soutien aux grandes entreprises
# Valorisation des artisans, paysans et PME
22 Soutien à l’agro-industrie, la monoculture
# Agriculture biologique, polyculture/élevage
23 Priorité à la technoscience
# Mise en œuvres de techniques douces, appropriées
24 Politique d’infrastructures, de grands projets
# Rapprochement des lieux de vie, de travail et de loisirs
25 Option tout voiture
# Dévoiturage
26 Politique d’allongement des études
# Apprentissage court du savoir être et du savoir faire
27 Priorité à la spécialisation dans une société complexe
# Formation à la polyvalence dans un système productif simplifié
28 Accentuation de la division du travail
# Raccourcissement du détour de production
29 Allongement des circuits de distribution
# Priorité aux circuits courts, alimentaires, biens et services
30 Prime à l’intérêt national dans négociations internationales
# Vers l’union des peuples, nous n’avons qu’une planète
31 Politique militariste
# Apprentissage de l’action non violente
32 Maintien de la force de frappe
# Désarmement nucléaire unilatéral
33 Politique militaire interventionniste sur les théâtres extérieurs
# Neutralité militaire de la France vis-à-vis de l’étranger
34 Journée d’appel et de défense
# Initiation à l’objection de conscience
35 Assistance du berceau à la tombe
# Recherche des solidarités de proximité
36 Politique familiale nataliste (allocations familiales, quotient…)
# Neutralité de l’Etat, éducation à la capacité de charge
37 Etatisation, centralisation
# Soutien à la formation de communautés de résilience
38 Politique de l’offre d’énergie (nucléaire et renouvelable)
# Incitation à la réduction des besoins en énergie exosomatiques
39 Marché carbone
# Taxe carbone avec prévision carte carbone (rationnement)
40 Soutien de la consommation par la publicité
# Suppression de la publicité, indicateurs qualité/prix
41 Effet de mode, obsolescence programmée
# Produits de base, réparables, recyclables…
42 Politique du spectacle (foot, société de l’écran…)
# Loisirs de proximité avec contact physique direct avec autrui
En savoir plus avec notre blog biosphere
post-covid, pour une écologie de rupture (avril 2020)
extraits : On ne peut que constater : les militants de la décroissance l’ont rêvé, le coronavirus l’a fait. L’activité productive est à l’arrêt, le krach boursier est arrivé, les perspectives de croissance sont en berne, les déplacements sont réduits au strict minimum, les voyages par avion sont supprimés, les enfants restent en famille chez eux, le foot-spectacle se joue à huis clos et la plupart des gouvernances sont remises en question. Les politiques commencent alors à réfléchir aux fondamentaux…
pour une écologie de rupture avec le système (2016)
extraits : Depuis le rapport Meadows en 1972, nous savons qu’une croissance infinie dans un monde fini est impossible. Il n’y aura pas d’énergie de substitution aux énergies fossiles. Il faut donc penser l’avenir en termes de sobriété et de résilience. Face à l’ampleur de la transformation nécessaire, l’imaginaire écolo ne peut pas se résumer à « l’immédiateté » imposée par le système productiviste. L’écologie est aussi un art de vivre, une philosophie de la sobriété. Nous devons être porteurs et acteurs de ce message…
Une écologie de rupture contre la société croissanciste (2015)
extraits : L’idée-clé de l’écologie politique, c’est la conscience aiguë que nous avons déjà dépassé les limites de la biosphère. Il faudra donc faire des efforts dans tous les domaines. Il ne s’agit pas d’écologie punitive, mais de soutenir une écologie de rupture. A ceux qui lui demandaient comment sortir de la crise, l’écologiste Teddy Goldsmith répondait en souriant : « Faire l’exact contraire de ce que nous faisons aujourd’hui, et ce en tous les domaines. »
Quoi! Une politique non-nataliste ne serait qu’un point (36) sur 42 autres thèmes à mettre en oeuvre! Et moi qui croyait en lisant ce blog ce c’était l’alpha et l’oméga de la solution écologique. J’avoue que je ne sais plus quoi penser… Est-ce que ça voudrait dire que si on met en place la politique anti-nataliste au niveau mondial, tous à partir de maintenant, ça ne réduira la population que de 8% d’ici 2100 (d’après une étude de démographe) et qu’on serait alors, hors autres « évènements » à 7,36 milliards d’humains sur terre et que ça serait négligeable par rapport à un panel d’actions au niveau écologique?
Bien vu Sobrienal. J’avoue que moi aussi je ne sais plus quoi penser…
Faut dire aussi que je n’ai pas pris la peine de décortiquer ces 46 thèmes…
Ce qui fait que de ces deux écologies… je ne sais laquelle est la meilleure.
La meilleure… ou alors la moins dégueu !
L’ écologie à la française, autrement dit l’écologie à la sauce Macron …
Ou bien l’autre, celle avec un zeste de sauce Malthus …
On ne dit pas qu’il faut laisser augmenter la population, c’est nécessaire, mais insuffisant. Ca ne doit pas être central dans le raisonnement. Même avec une accélération et même si on n’était que 2 milliards, si ces 2 milliards vivent comment des américains ou des Qatari, les ressources seraient de toute façon insuffisantes.
La « transition énergétique heureuse », dans le sens où elle serait sans impact sur notre mode de vie, est une fable fantaisiste. La punition est inévitable, on a juste le choix de celle qu’on préfère : s’imposer une sobriété économique et démographique, ou se voir imposer des catastrophes terribles qui réduiront la population de manière tragique. Personnellement je préfère la première option, mais je constate qu’on se dirige vers la seconde, à mon grand regret.
D’accord avec vous pour la fable. Quant au choix, VOTRE choix… c’est toujours pareil.
Si vous ne voyez pas d’autre alternative que de choisir (voter) entre la Peste ou le Choléra… c’est VOTRE problème. Je suis désolé mais rien ne m’oblige à choisir entre VOS deux options. J’ai encore la possibilité et le droit de rêver à une autre autre décroissance, bien plus joyeuse que celle que cherchent à nous vendre les Malthusiens.
Les malthusiens ne vendent rien du tout ! Les malthusiens CONSTATENT =
1/ L’épuisement des énergies fossiles (gaz, charbon, pétrole)
2/ L’épuisement des ressources métalliques
3/ L’épuisement de l’eau, des zones aquifères et les avancées du désert puis les sécheresses qui se multiplient et s’intensifient
4/ Que les populations augmentent alors que les ressources diminuent, autrement dit nous sommes de plus en plus nombreux sur Terre à devoir se partager de moins en moins de ressources (toutes catégories), d’autant plus que chaque individu aspire à avoir de plus en plus puisque les pays du monde entier aspirent à copier le modèle occidental et non l’inverse !
5/ Que les famines et les malnutritions augmentent dans le monde
6/ Que les foyers de conflits se multiplient à travers le monde
Ce ne sont pas des opinions malthusiennes ce sont des FAITS CONSTATES par les malthusiens puisque les non-malthusiens restent aveugles et sourds aux réalités des faits !
Ben oui « l’écologie à la française » !!!!
Ben oui, ON en a déjà parlé hier, mon dieu ce qu’ON se répète !!!! Pour celles zé ceux qui n’auraient toujours pas compris, « l’écologie à la française » c’est la Bagnole (j’adoooore !).
ET EN MÊME TEMPS c’est l’Avion (notamment mon jet privé et mon jet-ski) ), et les EPR, et les SMR (les petites), et les innovations (à la con), et la Start-up Nation !
L’« écologie à la française » c’est aussi le Glyphosate, les J.O et Jean Passe.
L’« écologie à la française » c’est « l’écologie ça commence à bien faire ! »
ET EN MÊME TEMPS c’est « ceux là j’ai très envie de les emmerder ! »
Non sérieusement, ce Manu je l’adoooore. Et encore s’il n’y avait que lui…. 🙂
Plutôt que de raconter n’importe quoi (pour pas changer)… lis plutôt cet article paru hier dans ce journal d’« extrême-gauche (rouges et pastèques) ». Pour mieux comprendre, lis aussi les articles mis en liens (en rouge, bien entendu) :
– Planification écologique : Macron « adore la bagnole », moins les transports en commun ( L’Humanité – 26/09/2023)
Et puisque le pape l’est lui aussi, d’« extrême-gauche (rouges et pastèques) », du moins à ce qu’ON raconte… lis celui-ci :
– Planification écologique : Macron dévoile enfin sa vision (La Croix – 25/09/2023)
Et sur Femme Actuelle, tu pourras voir aussi que tes «bécasses» ne sont pas aussi connes que tu le penses. Misère misère !