Une écologie de rupture contre la société croissanciste

L’idée-clé de l’écologie politique, c’est la conscience aiguë que nous avons déjà dépassé les limites de la biosphère. Il faudra donc faire des efforts dans tous les domaines. Il ne s’agit pas d’écologie punitive, mais de soutenir une écologie de rupture. A ceux qui lui demandaient comment sortir de la crise, l’écologiste Teddy Goldsmith répondait en souriant : « Faire l’exact contraire de ce que nous faisons aujourd’hui, et ce en tous les domaines. »

Voici un exemple de rupture avec la société croissanciste :

Ce que défend un parti politique traditionnel # Ce que pourrait proposer un parti écologiste
1 Analyse simplificatrice de la réalité # Approche systémique des interdépendances avec la biosphère
2 Crise conjoncturelle, politique de court terme # effondrement de la civilisation thermo-industrielle
3 Priorité à la croissance et risque de récession/dépression # Maîtrise de la décroissance
4 Acceptation des inégalités de revenus # Revenu maximum autorisé
5 Appropriation privée privilégiée # Gestion collective des biens communs
6 Ecologie non punitive, soutien des intérêts à court terme # Ecologie de l’état d’urgence, garante du long terme
7 Dualisme homme / nature # Biocentrisme et écocentrisme
8 Ecologie superficielle, réparatrice # Ecologie profonde, éliminant les causes des dysfonctionnements
9 Priorité à l’économie, censé résoudre tous les maux # ressources naturelles, base de l’économie et des avancées sociales
10 Mythification du PIB, option quantitative # Priorité au qualitatif, IBED (indicateur de bien-être véritable).
11 Ignorance des limites biophysiques # Sens des limites matérielles et éthiques
12 Civilisation minière, extractiviste # Utilisation uniquement de ressources renouvelables
13 Alignement à gauche ou à droite # Ecologie au delà des divisions politiques traditionnelles
14 Loi du marché et individualisme # Lois de la nature et apprentissage du collectif
15 Règne de la concurrence et de la compétition # Apprentissage de la coopération et du partage
16 Marchandisation des rapports sociaux, culte de l’avoir # Valorisation des relations, des liens, de l’être
17 Mondialisation des échanges et libre-échange # Démondialisation, relocalisation, monnaies locales
18 Politique macroéconomique de relance # Politique de sobriété énergétique et de partage
19 Politique de l’emploi global # Politique de l’emploi utile
20 Salarisation et emplois publics # Augmentation de la part des profession indépendantes
21 Soutien aux grandes entreprises # Valorisation des artisans, paysans et PME
22 Soutien à l’agro-industrie, la monoculture # Agriculture biologique, polyculture/élevage
23 Priorité à la technoscience # Mise en œuvres de techniques douces, appropriées
24 Politique d’infrastructures, de grands projets # Rapprochement des lieux de vie, de travail et de loisirs
25 Option tout voiture # Dévoiturage
26 Politique d’allongement des études # Apprentissage court du savoir être et du savoir faire
27 Priorité à la spécialisation dans une société complexe # Formation à la polyvalence dans un système productif simplifié
28 Accentuation de la division du travail # Raccourcissement du détour de production
29 Allongement des circuits de distribution # Priorité aux circuits courts, alimentaires, biens et services
30 Prime à l’intérêt national dans négociations internationales # Vers l’union des peuples, nous n’avons qu’une planète
31 Politique militariste # Apprentissage de l’action non violente
32 Maintien de la force de frappe # Désarmement nucléaire unilatéral
33 Politique militaire interventionniste sur les théâtres extérieurs # Neutralité militaire de la France vis-à-vis de l’étranger
34 Journée d’appel et de défense # Initiation à l’objection de conscience
35 Assistance du berceau à la tombe # Recherche des solidarités de proximité
36 Politique familiale nataliste (allocations familiales, quotient…) # Neutralité de l’Etat, éducation à la capacité de charge
37 Etatisation, centralisation # Soutien à la formation de communautés de résilience
38 Politique de l’offre d’énergie (nucléaire et renouvelable) # Incitation à la réduction des besoins en énergie exosomatiques
39 Marché carbone # Taxe carbone avec prévision carte carbone (rationnement)
40 Soutien de la consommation par la publicité # Suppression de la publicité, indicateurs qualité/prix
41 Effet de mode, obsolescence programmée# Produits de base, réparables, recyclables…
42 Politique du spectacle (foot, société de l’écran…) # Loisirs de proximité avec contact physique direct avec autrui
43 Rupture entre EELV et les citoyens # Exemplarité des militants EELV dans leur comportement
44 Coupure entre EELV et les associations environnementales # Double appartenance (parti et associatif) du militant EELV
45 Electoralisme, recherche de postes # Faire évoluer les idées, formation d’un peuple écolo
46 Syndicat des élus, évolution clanique # Tirage au sort entre candidats à un poste
47 Bureaucratisation # Aucun cumul des mandats
48 Démocratie représentative restreint e# Représentation des acteurs absents (générations futures, non humains)
49 Démocratie participative diluée # Organisation de conférence de consensus
50 Alliance avec un parti croissanciste # Alliance avec des mouvements anti-productivistes
51 Autonomie contractuelle avec un projet vague ou non respecté # Si alliance, liberté totale de parole et de vote des écolos
52 Participation au gouvernement # … uniquement si on obtient le ministère de l’écologie
53 Primaire fermée sur un parti pour les présidentielles # Primaire présidentielle ouverte à un candidat EELV
54 Scrutin majoritaire pour les législatives # Nombre de parlementaires proportionnel au résultat de la primaire

Il vous suffit maintenant de constater que les deux schémas partisans sont opposés point par point ! Pour faciliter ton travail de commentaire, utilise la numérotation pour préciser ce sur quoi tu veux exprimer…

 

3 réflexions sur “Une écologie de rupture contre la société croissanciste”

  1. @ José
    1/Dans les zones à très faible densité, on peut très bien en rester à la voiture individuelle, en remplaçant les moteurs à essence et à gazole par des hybrides, étant donné que la quasi-totalité de la circulation automobile de France actuelle se concentre sur les agglomérations de plus de 5000 habitants.
    Dans tous les cas, il faudra bien choisir entre maintien du véhicule personnelle et le développement des transports en commun, car les gens ne pourront parcourir 30 km par jour ni en carriole, ni à cheval, ni à vélo, encore moins à pied.
    2/L’instauration d’une société à la fois sociale et respectueuse de l’environnement, ce n’est pas le retour à la préhistoire ou au moyen-âge, mais la gestion de l’économie de manière démocratique par l’ensemble de la population et la répartition équitable des richesses, autrement dit, le communisme.
    N’allez pas croire que dans le cadre du système en vigueur, tout-le-monde ou la majorité est propriétaire privé. Le principe du capitalisme, c’est que seul une toute petite minorité du peuple est capitaliste.
    Vous ne pouvez pas mettre dos à dos la personne qui ne détient qu’un véhicule, une maison et un petit lopin de terre, et celle qui cumule sous sa propriété plusieurs centaines de milliers de km² de résidences secondaires, d’usines, et de divers terrains.

  2. Dans les zones à faible densité les transports en commun sous leur forme actuelle ne peuvent pas être la solution. Par contre il serait intéressant de trouver de « nouveaux » modes de transport pour les distances courtes. Par exemple, des flottes de carrioles (et leurs tracteurs animaux) gérées collectivement par les villages et hameaux, parce que tout le monde ne les utilise pas forcément en même temps (cette gestion collective est aussi applicable d’ailleurs en zone dense). Mais ça demande entre autres une révision de l’aménagement du territoire, et de l’implantation des services et de l’emploi. Ce qui signerait effectivement le début d’une déconsidération du sacro-saint capitalisme, mais se heurte au fait que la lobotomie générale refuse toute forme de propriété collective (à distinguer de la propriété d’État qui a amplement démontré qu’elle sait être aussi que la propriété individuelle). Le four banal, les prés communaux, plus rien de tel n’existe. Est-ce encore envisageable dans une société où même la famille est atomisée, ou les mentalités sont-elles à ce point individualistes et irresponsables que plus rien ne peut être utilisé et entretenu collectivement?

  3. Concernant le point n°25, je suis d’accord avec le dévoiturage. Mais vous auriez été plus précis en expliquant comment vous comptez mettre en œuvre ce « dévoiturage ».
    Il faut rappeler que si les citoyens roule en voitures individuelles ultra-polluantes, ce n’est pas au nom d’une religion de haine de l’éco-système, mais à cause du manque cruel de transports en communs. Il faudra donc développer massivement les transports publics.
    Mais pour que de tel services soient vendues à des prix abordables pour les classes moyennes et plus pauvres, il faudra mettre fin aux cadeaux pour les grands patrons milliardaires, et reprendre ceux qui ont déjà été versés. Mais cela est incompatible avec le sacro-saint capitalisme idolâtré par l’ensemble des politiciens de gauche comme de droite.

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