L’aliénation médiatique consiste à occulter les questions essentielles de l’existence sociale au profit de préoccupations infantilisantes, d’anecdotes futiles, de faits divers dérisoires. C’était le cas d’une presse « à scandales », cela devient le lot commun des journaux dits de références. Un journaliste se doit de trier les évènements et ne garder que ceux qui ont de l’importance. Le fait de vouloir correspondre au penchant malsain des gens pour les faits croustillants devient un obstacle supplémentaire à la formation d’une intelligence collective.
Hélène Bekmezian : Les spéculations et les hypothèses autour de la mort du petit Emile ont permis de meubler des journées entières d’antenne. Sur BFM-TV, on n’a pas peur des mots. En bas de l’écran, le bandeau est persistant : « Randonneuse : “Le crâne au milieu du chemin” ». Sur le plateau, on s’enfonce dans les détails morbides. Un présentateur : « Je ne sais pas, je n’ai pas ces éléments. » C’est bien ce qu’on se disait. L’équilibre entre la profondeur abyssale des questions et l’absence de fond des réponses n’est pas en faveur de la qualité de l’information.
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Les faits divers, des faits qui font diversion (2021)
extraits : Un événement ponctuel est un fait divers, et leur multiplication n’en fait pas un phénomène de société ; cela reste des faits divers, mais cela permet la manipulation des lecteurs. LE MONDE dans ses choix éditoriaux impose des faits divers mettant en avant le racisme et la misogynie parce que cela facilite un discours politique de gauche, Le Figaro privilégie la délinquance et la criminalité qui facilitent une vision politique de droite.Dans ces deux journaux, la place de l’urgence écologique ne peut alors qu’être limitée. L’écologie, c’est une vision du long terme, pas un enlisement dans les faits divers….
L’effet de loupe, le fait qui fait diversion (2021)
extraits : Les médias nous défrisent, les réseaux sociaux encore plus, ils cultivent ce qu’on appelle en sociologie l’effet de loupe : montrer une réalité qui existe, certes, mais qui est tellement minoritaire qu’elle ne nécessite même pas une brève. Normalement le journalisme, c’est l’art de trier entre l’anecdotique et l’essentiel, sinon les pages d’un média se remplissent de vide. Mais à force d’être diffusés en boucle sur les réseaux de communication, un micro-évènement sature l’espace public et devient la dernière question à la mode dont il faut causer. Le problème, c’est que cela nous détourne de l’essentiel, nous rentrons dans le domaine du commérage et en oublions de réfléchir.
Rubrique faits divers, Notre-Dame de Paris en flammes (2019)
extraits : Notre république est soumise à la dictature des faits-divers. Dès 18h50, les premières flammes sont apparues sur le toit de l’édifice touristique ; quelques instants plus tard, Emmanuel Macron reporte à une date non déterminée l’allocution télévisée qu’il devait prononcer ce lundi 15 avril à 20 heures pour conclure le Grand débat. Qu’est-ce qui était le plus important, la manière de structurer notre avenir ou quelques pensées éparses pour notre passé religieux ? Qu’est-ce qui est le plus important, se laisser emporter par une émotion artificiellement construite autour de quelques pierres et charpente ou agir rationnellement contre les émissions de gaz à effet de serre ? Le musée du Louvre brûlerait-il intégralement que rien ne serait véritablement changé sur cette Terre. A plus forte raison quand Notre-Dame de Paris connaît un incident de parcours….
Avec ce blog, vous arrêterez de croire n’importe quoi (2008)
extraits : Avec la navigation sur le Web, nous sommes dans la bibliothèque de Babel, où l’on trouve toutes les vérités mais aussi tous les mensonges du monde. C’est la cacophonie de millions de personnes, le smartphone par exemple est non seulement un récepteur, mais aussi un émetteur de tweets. Chaque humain, qu’il soit n’importe qui ou même président des États-Unis peut dire n’importe quoi sans être vraiment détrompé….
L’écologie politique, victime des faits-divers médiatisés (2014)
extraits : La secrétaire nationale d’EELV est interrogée au Grand Rendez-vous. Aucune question sur l’écologie, pourtant la spécificité d’Emmanuelle Cosse. Mais six questions (sur 8) à propos des alcôves de l’Elysée : Aujourd’hui, la vie personnelle du président de la République est étalée en détail. Faut-il s’y faire ou s’en plaindre ?….
Si la prédation capitaliste sur l’écologie occupait autant de temps que la prédation sexuelle, ce serait un bien, mais ce n’est pas le cas.
Par contre on veut nous faire avaler des impossibilités écologiques.
Parce qu’on ne peut pas s’intéresser qu’aux grands sujets de réflexion, les choses du quotidien nous touchent aussi, on se projette dans tout ce qui peut nous arriver. Il y a un aspect affectif qui compte, on a peur pour nous, pour nos proches.
Ce phénomène n’est pas nouveau, il semble amplifié par les chaînes d’information en continu, mais en réalité, il prenait déjà la même place dans les médias quand il n’existait que la presse écrite.
En effet il n’y a pas que la réflexion, sur les grands sujets, politiques, philosophiques, scientifiques etc. Bien sûr il faut aussi s’accorder des moments de détente, de distractions, de plaisirs comme on dit, voire de sensations.
Certes le phénomène n’est pas nouveau, par contre ce qui l’est c’est l’ampleur qu’il a pris. C’est justement le sujet de cet article de Biosphère.
Et de celui (plus complet) sur cairn-info que j’ai cité le 19 AVRIL 2024 À 20:06.
Les faits divers ne semblent pas intéresser grand monde sur Biosphère, et tant mieux.
Par contre il est regrettable que le sujet ne recueille pas plus de commentaires.
Pour ceux que ça intéresse : Dans L’information psychiatrique 2012/1 – cairn.info
Titre : L’essor du fait divers criminel à la télévision française (1950-2010)
Extraits :
– « En 1953, dans une interview pour un confrère de la radio, Pierre Sabbagh explique la morale anticapitaliste qui marginalise les événements criminels : « dès qu’on met le sang à la une, c’est dans un but bien précis : c’est qu’on a quelque chose à vendre. Or, à la télévision française, nous n’avons rien à vendre. Je ne vois pas pourquoi nous mettrions du sang à la une.» […]
( à suivre )
(suite des extraits) Au cours des années 1970, le climat politique et médiatique change en faveur d’une plus grande visibilité et valorisation du récit fait diversier. Tandis que les mouvements d’extrême gauche et l’émergence du terrorisme international ravivent les obsessions sécuritaires des hommes politiques, les médias du début des années 1970 se teintent d’un discours de la peur. »
– L’écologie politique, victime des faits-divers médiatisés (Biosphère 2014)
C’est sûr que Le Grand Rendez-Vous, auquel était invitée Emmanuelle Cosse en 2014, n’avait déjà rien à voir avec Les Dossiers de l’écran. (voir Wikipedia).
Hier (Bavardage médiatique, oubli de l’écologie) je pointais cet énorme contraste.
En plus de la qualité des débats (et des débatteurs), la diversité des sujets (thèmes) montre bien que ce genre d’émission n’avait rien à voir avec cette médiocrité (pour ne pas dire plus) qu’ON nous sert aujourd’hui.
Et la comparaison vaut également pour le reste. Parce qu’il faut laisser aussi un peu de place à la distraction (divertissement), les émissions de variétés (musiciens, chanteurs, humoristes), les jeux (comparer le Schmilblick avec Qui veut gagner des millions ?) et les séries (feuilletons), tout ça aussi était d’un autre niveau. Misère misère !
Aux préoccupations infantilisantes, anecdotes futiles, et faits divers dérisoires (sic Biosphère), n’oublions pas l’ingrédient primordial : Tout ce qui prend aux tripes.
On sait très bien que les émotions fortes, dans un sens comme dans l’autre, perturbent le jugement. C’est ainsi que l’euphorie, générée par exemple par la victoire des Bleus, procure au Gros Animal un bon moment de répit. Pendant qu’il fait la fête il ne pense pas à faire la révolution. Dans l’autre sens la peur l’empêche aussi de bouger. Sauf que la peur peut s’avérer dangereuse, elle peut même perturber le sacro-saint Ordre Établi.
Tout ça se doit donc d’être bien orchestré, bien dosé. Et en plus (ou et en même temps) en fonction de l’Opinion (la Girouette) qui n’est finalement que le climat émotif du moment.
( à suivre )
Tout repose donc sur un savant dosage, qu’ON pourrait appeler, au stade où ON en est… la juste mesure. Juste ce qu’il faut de peur… peu importe de quoi, du Virus, de la Guerre, du Réchauffement, de l’Autre etc. Et pareil de l’autre côté, pas plus qu’il n’en faut d’euphorie. Et entre les deux tout ce qu’ON a sous la main, du moment que ça puisse attirer la curiosité, titiller les bas instincts, nous rendre toujours plus cons etc.
Le slogan (ou devise) « Le poids des mots, le choc des photos » date des années 70.
Et comme pour tout, et n’importe quoi, la devise olympique s’impose :
– « Plus vite, plus haut, plus fort ! »
Le petit Emile participe donc à cette aliénation meRdiatique.