Des quantités croissantes de cuivre, de lithium, de nickel et de cobalt sont nécessaires à la décarbonation du système énergétique. Mais difficile de qualifier un site minier de « vert », de « propre » ou même de « durable ». On extrait des ressources qui ont mis des centaines de millions d’années à se former, il n’y a pas de retour en arrière. Et les mines génèrent tellement de déchets…
Perrine Mouterde : Il n’y a pas suffisamment de projets pour faire face à la demande en métaux et minéraux attendue dans le scénario net zéro carbone de l’AIE à l’horizon 2030. Les Etats doivent donc ouvrir de nouvelles mines, mais à quel prix ? L’extraction minière est considérée comme l’une des activités humaines ayant le plus lourd impact sur l’environnement. Pollution de l’eau, de l’air et des sols, déforestation, pression sur les ressources en eau… Une grande partie des mines sont illégales.
La gestion des déchets est un autre défi : chaque année, l’industrie en produit des milliards de tonnes. Par exemple, produire 1 000 à 2 000 tonnes d’or par an nécessite, en raison de sa faible concentration, d’extraire 1,5 milliard de tonnes de minerai. Les éléments toxiques sont souvent naturellement présents dans la roche, où ils sont en quelque sorte enfermés. Le fait de les sortir et de les mettre dans un milieu oxydant au contact de l’air ou des eaux de pluie fait qu’on va libérer des substances comme l’arsenic, le plomb ou le chrome. Le Groupe international d’experts de l’ONU sur les ressources appelle aussi très clairement les pays développés à réduire de manière conséquente leur consommation, notamment de métaux.
Le point de vue des écologistes qui ne veulent pas violer la Terre-mère
– Quand j’étais petit, on nous prédisait que l’Humanité allait mourir de faim parce que nous étions trop nombreux. Un peu plus tard, on a prétendu que nous allions mourir de chaud à cause d’un réchauffement climatique. Aujourd’hui on nous informe que nous allons plutôt mourir empoisonnés. C’est mieux. C’est plus rapide. On souffre moins longtemps.
– Bon, la transition écologique ne va pas être possible pour au moins 7 milliards d humains. Reste 1 milliards de nantis qui vont acheter des légumes bio et des vélos électriques, et prendre l’avion pour les vacances.
– La tentation d’être Prométhée, Midas ou automobiliste est la plus forte, alors on y va, droit dans le mur.
– Tout ce qui compose les objets qui nous entourent a été à un moment donné extrait du sol par l’exploitation minière ou pétrolière. Dur dur de se contenter des ressources renouvelables.
– Le besoin en ressources minières est directement proportionnel à la demande. Corolaire : la demande est proportionnelle aux nombre d’être humains, corrigée par le niveau de vie de ces derniers. Et comme le modèle est le niveau de vie d’un riche occidental…
conclusion : Lire et relire l’étude du MIT sur les limites de la croissance (1972). 50 ans plus tard, le scénario central « Business as usual » est celui que nous poursuivons. La vitesse des exponentielles et les lois de la thermodynamique impliquent un inéluctable « effondrement » dans la seconde moitié du XXIème siècle. Les autres scénarios permettent de repousser l’échéance de l’effondrement : aucun ne prédit de l’éviter.
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L’extractivisme se veut indispensable, à tort
extraits : La sagesse de Thomas More a été ignorée, qui condamnait toute ouverture des entrailles de la Terre :« L’or et l’argent n’ont aucune vertu, aucun usage, aucune propriété dont la privation soit un inconvénient véritable. C’est la folie humaine qui a mis tant de prix à leur rareté. La nature, cette excellente mère, les a enfouis à de grandes profondeurs, comme des productions inutiles et vaines, tandis qu’elle expose à découvert l’air, l’eau, la terre et tout ce qu’il y a de bon et de réellement utile. » (L’utopie 1ère édition 1516)….
Nauru, l’extractivisme à l’image de ce qui nous arrive
extraits : Une espèce appartenant au règne animal s’est lancée dans une activité totalement inédite : l’extraction de minerais sans passer par les végétaux, qui jouaient jusqu’alors le rôle de fournisseurs intermédiaires. Cette espèce creuse, perce, concasse le sol, cette espèce c’est la nôtre. Or Nauru est un miroir de la fragilité des civilisations fondées sur le pillage des ressources de la Terre. Nauru, perdu dans l’étendue du Pacifique, ses 10 000 habitants, ses gisements de phosphate….
La fin programmée de l’extractivisme… en 2017 ? (écrit en 2016)
extraits : Depuis deux siècles nous sommes une société extractiviste, charbon, pétrole, minerais, métaux… On a transformé la Terre en gruyère. Nous avons déjà prélevé plus de la moitié du pétrole et il faudrait en laisser une grande partie sous terre pour éviter l’emballement climatique. Les politiques n’en ont pas encore conscience, mais l’extractivisme est derrière nous. En 1859 le pétrole a été trouvé à 23 mètres de profondeur en Pennsylvanie. Pour les huiles de schiste, la roche mère se situe entre 1500 et 3500 mètres de profondeur….
Démence extractive, c’est-à-dire «Explosons la planète» (2015)
extraits : Nous traversons la dernière étape de l’exploitation à grande échelle des minéraux. En deux siècles à peine, au terme d’une guerre impitoyable, nous aurons remonté à la surface de la terre un trésor qui avait mis des millions, voire des milliards d’années à se constituer. Le point culminant de cette démence extractive est la décision des compagnies pétrolières d’exploiter certains combustibles non conventionnels comme le gaz de schiste, le pétrole en eaux profondes ou les sables bitumineux….
arrêt des extractions minières partout dans le monde (2012)
extraits : A qui appartiennent les ressources minières du Groenland ? Les immenses ressources de son sous-sol attirent les convoitises ; l’accélération de la fonte de la calotte glaciaire permet d’envisager leur exploitation. Mais ces ressources n’appartiennent ni à l’Europe via le Danemark, ni aux autres Etats limitrophes. Ces ressources n’appartiennent pas non plus aux 57 000 habitants de cette île recouverte d’une couverture de glace atteignant 150 mètres d’épaisseur. Ces ressources n’appartiennent certainement pas aux firmes multinationales comme Exxon Mobil, Cairn Energy ou encore EnCana. Ces ressources n’appartiennent même pas aux générations futures qui n’en feraient pas un usage meilleur qu’aujourd’hui. Il faut lutter contre la logique extractive et sanctuariser les dernières et rares ressources du sous-sol qui nous restent….
Euromines, le principal lobby minier européen, ne peut qu’être satisfait du nouvel objectif du continent, désormais inscrit noir sur blanc : au cours des prochaines années, de nouvelles mines de métaux devront ouvrir sur le sol européen.la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen : « Rien que nos besoins en terres rares vont être multipliés par cinq d’ici à 2030. Et c’est bon signe ! Cela montre avec quelle rapidité notre pacte vert pour l’Europe progresse. »
Sur le terrain, pourtant, les réticences à l’ouverture de mines sont nombreuses. « Partout où il y a eu des exploitations minières en France, c’est la catastrophe », rappelle aussi Antoine Gatet, président de France Nature Environnement. On va droit dans le mur… mais en voiture électrique !
Nième inconvénient d’un même volet, notre soif de croissance dans un monde fini.
Çà n’ira pas mieux dans les 10 à 50 ans à venir… On dilapidera toutes les ressources jusqu’au dernier atome de pétrole, de gaz, de charbon et des métaux ! D’ailleurs le simple fait que tout le monde veuille empiler des dettes (gouvernements, ménages et entreprises) prouve qu’on veuille dilapider les ressources encore plus vite ! Car derrière ces dettes, tous ces crédits seront matérialisés par des achats de biens et services. Et surtout, il est impossible de rembourser les dettes sans extractions de ressources naturelles, il faut impérativement que la croissance économique soit supérieure aux taux d’intérêts pour que les dettes soient remboursables ! Si on résonne en terme de flux physiques, alors si tu empruntes avec un taux d’intérêt de 3% alors ça revient à dire que si tu empruntes 100 barils de pétrole tu devras rendre 103 barils de pétrole à ton créancier.
On ne se rend pas compte de cette réalité car on a libellé les barils de pétrole en dollars, on ne perçoit que les flux monétaires mais on ne voit pas les flux physiques sous-jacents.
C’est impossible de ralentir l’extraction de ressources tant qu’il y aura des dettes, puisqu’il faut vendre des marchandises et/ou sa force de travail pour rembourser les crédits.
Bon puis l’illusion de dématérialiser l’économie, là aussi une grosse ânerie que nos dirigeants colportent comme idée saugrenue. Car une économie fondée sur des services à besoin d’énormément de matériel aussi, autrement dit les services ont besoin de beaucoup d’extraction de ressources naturelles aussi ! Par exemple un dentiste a besoin d’appareils médicaux, un chauffeur de taxi d’une bagnole et du carburant, les assurances d’ordinateurs, etc. Des services sans métaux, sans électricité, sans gaz ou pétrole ça n’existe pas !
Tout à fait, vous analysez parfaitement la question.