« A quoi une société désorganisée aspire-t-elle? A un sauveur, et peu importe le clan qu’il représente », estime Boris Cyrulnik. Il parle par expérience vécue. A son époque et pour les Allemands, c’était Hitler et la chasse contre les Juifs. En Russie c’était Staline. En Turquie aujourd’hui, c’est Erdogan. En Inde c’est Modi. Aux US, c’est Trump. Et en France, c’est Jordan Bardella (ou Mélenchon ?).
Aux électeurs de s’y retrouver demain 30 juin… dans l’isoloir.
LA TRIBUNE – On vous sent extrêmement affecté par une France qui fait le choix de l’enfermement à l’intérieur de ses frontières et du rejet des étrangers, mais aussi parce que ce contexte réveille les cauchemars de votre petite enfance, vous qui vous êtes miraculeusement échappé d’une rafle à Bordeaux qui eut raison du sort de votre famille…
Boris Cyrulnik : Je suis « dans » le dernier chapitre de mon existence, et voilà que j’entends les mêmes mots, j’observe les mêmes haines, je déplore les mêmes lâchetés, je constate la même désunion qui enténébraient le premier chapitre de ma vie, à la fin des années trente et pendant la guerre. Jamais je n’aurais imaginé revivre ce cauchemar, être de nouveau hanté par ces abominables discours désormais prêts à irriguer l’exercice du pouvoir. Les historiens aiment assurer que « l’histoire ne se répète jamais ». J’avoue ne plus les suivre.
Peste brune et peste rouge m’inspirent une même nausée. Si je fais référence à la xénophobie, au repli sur soi à l’intérieur de ses frontières, à la stigmatisation de groupes religieux ou ethniques et au rejet des étrangers, évoqué-je 1935 ou 2024? Bien malin qui peut répondre.
Cette complicité des extrêmes illustre l’antonyme de l’organisation sociale, la désorganisation. Or à quoi une société désorganisée aspire-t-elle ? A un sauveur, et peu importe le clan qu’il représente. La techno-communication s’est imposée contre celle de l’écoute, de l’attention, de la considération, c’est-à-dire de la communication humaine. Le débat politique reflète cette vérité. Notre goût du débat démocratique est intoxiqué, le désaccord est synonyme de division alors qu’il est par nature source d’enrichissement mutuel, nous peinons à trouver des espaces de dialogue. Ceux-ci semblent réduits aux réseaux sociaux, à des biais algorithmiques, et à des chaînes de télévision qui hystérisent les relations humaines. Le débat politique censé éclairer le débat public est défiguré. Emmanuel Macron est à l’aune d’une époque que les outils technologiques ont transformé en injonction de « faire immédiatement ». L’ivresse du moment présent est l’ennemi de la raison. L’offre politique incarnée par les deux pôles extrémistes est démoralisante. La profusion d’insultes, la quasi obligation de faire le buzz pour être repris sur les réseaux sociaux, le diktat des éléments de langage établis par les « services communication »… rendent impossible le débat politique, c’est-à-dire la confrontation utile d’idées. Même équipé des plus fortes convictions, on ne résiste pas au martèlement permanent et multicanal du récit collectif, et donc à la subreptice tentation de la résignation ou de l’abdication. L’extrémisme est devenue la norme des échanges, faut-il alors s’étonner que le 8 juillet soit peut-être désigné à Matignon Jordan Bardella ou Jean-Luc Mélenchon ? Le désordre profite toujours à quelqu’un, ces personnalités qui cherchent à tresser un lien de fascination et de subordination auprès de leur électorat.
A plusieurs reprises dans mon existence, mes engagements en faveur de la paix et d’un État palestinien m’ont valu des menaces de mort en provenance des extrêmes droites israélienne et française. Tout comme Edgar Morin, Robert Badinter ou Jean Daniel, mon adresse a été publiée sur internet, accompagnée pendant plusieurs mois d’exhortations à m’assassiner. Et je n’ai pas manqué non plus d’être insulté par des individus issus de l’immigration, cette fois pour ma judéité. Bref, des deux côtés d’une adversité que je n’ai jamais cessé de vouloir rapprocher l’une de l’autre et réconcilier, j’ai été la cible. L’indicible histoire de mon enfance s’est à plusieurs reprises brutalement rappelée à moi. Et dorénavant j’éprouve le même vertige.
Quelle que soit l’échelle qu’on observe, ceux qui échappent aux déchirements ont réussi à cultiver et à préserver un espace de dialogue, d’écoute, de respect même lorsque l’objet de la communication est aussi aigu que celui auquel nous sommes aujourd’hui confrontés. Ils acceptent le désaccord… Chacun de nous est en transaction avec autrui, c’est-à-dire qu’il doit respecter des règles grâce auxquelles autrui existe à ses yeux et il existe aux yeux d’autrui. Ces règles sont induites dans une culture où nous apprenons à contrôler nos pulsions et à construire cette transaction. La culture qui nous relie est tout sauf élitiste.
En savoir plus grâce à notre blog biosphere
L’intelligence collective, impossibilité majeure
extraits : Sur ce blog biosphere, le commentateur Michel C. fait feu de tout bois contre le malthusianisme et se heurte à fleuret non moucheté à Tsp qui ne voit que surpopulation. Par contre, entre le climatosceptique Tsp et le partisan du GIEC Michel C., ça chauffe à feu continu. Comme quoi, entre deux personnes qui semblent intelligentes et bien informées, le rapprochement des points de vue semble impossible de toute éternité. Ce blog, qui se voudrait promouvoir l’intelligence collective, est bien emmerdé, que faire pour réconcilier l’inconciliable, Poutine et l’Ukraine, Hamas et Israël, climatosceptiques et malthusiens !
GPT, intelligence artificielle et/ou collective
extraits : Avec ChatGPT, tout se passe désormais comme si créer une œuvre consistait à assembler des extraits d’œuvres antérieures. Avec ce blog biosphere, l’enjeu est de reproduire ce qui se dit de plus significatif publiquement sur notre avenir commun. C’est la même démarche. De notre point de vue d’écologistes, c’est l’imaginaire social qui conditionne nos comportements. Nous assistons aujourd’hui à une dégradation des imaginaires par le consumérisme et à un abrutissement spectaculaire avec la société des loisirs. Nous sommes soumis à l’imaginaire de la démesure et à la boulimie des privilégiés, soumis à la surenchère de la marchandisation…
pour mieux connaître Nicolas Hulot
extraits : Nicolas Hulot lit beaucoup et il fait partager ses lectures. Dans ses voyages au long cours, il emportait les livres de Boris Cyrulnik, Théodore Monod, Hubert Reeves, Pierre Rabhi, Francis Hallé et bien d’autres. Pour une émission d’Ushuaïa, il avait annoté pas moins de huit ouvrages sur l’évolution, de Darwin à Mendel. Pourtant Nicolas a été beaucoup attaqué par une certaine frange de personnes qui se contentent d’une approche superficielle de « l’hélicologiste vendeur de shampoing ». Nous sommes une époque où le bashing fait rage….
Seuls la gauche et le socialocentrisme de macrondelle sont des extrêmes et nous mènent au désastre .
Cela dit , je ne place pas beaucoup plus d’espoir en le RN de Bardella , politicien animé des mêmes tics démagogiques et menteurs que ses collègues politichiens du parle et ment
Je crains qu’ il ne faille passer par un pouvoir dictatorial de droite dure pour faire passer des mesures d’ urgence pour sauver ce pays gravement contaminé .(cfr la dictature de 6 mois dans la Rome antique)
Ce misérable appel (au secours) me fait penser à celui des deux autres qui voulaient absolument «débattre» avec Méluche. C’est gros comme le pif au milieu de la figure !
Peu m’importe où elle est, cette autre «lumière» biosphérique, mais qu’elle y reste !
Si encore vous pouviez la rejoindre… J’ai moi-aussi le droit de rêver. Misère misère !
Je suppose que biosphère entend par intelligence collective , le fait d’ adhérer totalement et « bovinement » aux pseudo idées de gauche » telles le wokisme, la béance des frontières à tous les cancrelats du 1/3 monde , le pseudo réchauffement climatique,la décroissance (consommatoire), le politiquement correct , la limitation de la liberté d’ expression, …
Chaque gauchiste ne possédant aucune intelligence individuelle , il est alors impossible d’ obtenir de l’ intelligence collective .
L a gauche socialope, escrolope ou coco est d’ essence stalinopolpotienne et doit éradiquée de la surface de la terre : elle se fait passer pour généreuse , ouverte à autrui, protectrice des minorités et des travailleurs alors qu’ elle est prédatrice , dictatoriale, hypocrite et veule à l’ extrême .(lire ce qu’ en disait Léo Ferré 😁😁😁😁😁)
Pour ce qui est de ce jobastre de Cyrulnik , je le qualifierais de vieux débris de gauche
Encore un qui se sent obligé de venir nous éclairer (avec ou sans «») à la veille du D-Day.
Qu’est-ce qu’il cherche Boris… 36 % ça ne lui suffit pas ?
ON peut raconter n’importe quoi, autant de conneries et de sages paroles qu’ON voudra, et que les meRdias pourront diffuser… ça n’y changera rien, les dés sont jetés.
Ceci dit j’aime beaucoup Boris Cyrulnik. Je doute que sur ce blog beaucoup le connaissent, aient lu «Psychologie de la connerie» (Sciences Humaines 2018) dans lequel il a écrit le chapitre «La connerie comme délire logique».
Dans cet intéressant entretien à LA TRIBUNE, autant je suis à 100% d’accord avec lui sur bon nombre de points, autant sur d’autres je ne le suis pas du tout.
Déjà, nous brandir les deux épouvantails, renvoyer dos à dos les deux extrêmes (?) comme l’ont fait Macron et tant d’autres, non seulement c’est ridicule mais ça ne marche pas.
Pire c’est contre-productif. (à suivre)
(suite) Ensuite quand il dit «Mélenchon, à mes yeux, c’est l’extrême droite» … là je mets ça sur le compte de sa fatigue. Boris le reconnaît lui-même («Je suis dans le dernier chapitre de mon existence»), il est vieux (86 ans) et donc fatigué.
Bien sûr le temps ne fait rien à l’affaire, seulement ce que nous vivons aujourd’hui le touche tout particulièrement et fait remonter chez lui de terribles souvenirs, la peur etc. Le raisonnement de Boris ne peut donc que s’en trouver quelque peu faussé, Pour moi, c’est la même chose qui tout récemment a fait dire à Serge Klarsfeld cette chose impensable. Lui aussi vieux et fatigué, et lui non plus loin d’être un imbécile, s’est laissé prendre à ce piège qui nous pousse à ne plus penser qu’avec nos tripes. (à suivre)
(et fin) Heureusement (pour lui) Boris Cyrulnik reste suffisamment lucide.
Notamment pour voir ce que sont devenus les débats («débats»), la politique, l’hubris démesuré (sic) de Macron, la catastrophe des réseaux sociaux, des nouvelles technologies, la compétition (l’hyper-compétition) etc. etc.
Et finalement l’importance cruciale de la culture. Qui permet notamment de voir et comprendre ce culte du chef (dont nous avons parlé hier), le «sauveur» etc.
Sur ce point je tiens à rassurer les zantis-Méluche. Si effectivement ce type a pu faire rêver, un temps… ça ne l’aura jamais été autant que Le Pen ou Bardella. Nettement moins que les Hitler, Staline etc. De toute façon le «sauveur» Mélenchon est aujourd’hui fini, il est mort. Ce n’est même plus la peine d’en parler. Sauf bien sûr pour faire progresser le reste.
Jérôme Fenoglio, directeur du MONDE dans son éditorial (29 juin 2024) :
« Inconséquente, la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron a plongé notre pays dans une campagne électorale à des arguments caricaturaux et à des débats tronqués, soit l’exact inverse de ce dont il aurait besoin. Défaitiste, la décision du chef de l’Etat, au soir des élections européennes du 9 juin, a acté son isolement. Dangereuse, elle peut déboucher le 7 juillet, sur la prise de pouvoir par l’extrême droite, pour la première fois par les urnes. (Mais) LE MONDE, dont la rédaction est statutairement indépendante de tout pouvoir, n’a pas à donner des consignes de vote. Cette réserve n’empêche pas le rappel des valeurs, héritées de nos quatre-vingts ans d’histoire. Céder une parcelle de pouvoir, c’est prendre le risque de voir peu à peu défaire tout ce qui a été construit, conquis, en plus deux de siècles et demi. »
Rappelons que le 22 juin dernier Jérôme Fenoglio a été réélu (82%) directeur du MONDE.
Peu importe le statut de la Rédaction, personne n’est dupe. Sur ce coup tout le monde comprend ce que ça veut dire quand ON renvoie dos à dos les deux extrêmes (?), quand ON les présente comme deux épouvantails, deux catastrophes qui ne valent pas mieux l’une que l’autre etc. Cela veut dire « Votez Macron » .
Dans cet édito Jérôme Fenoglio appelle à « refaire barrage au Rassemblement national », et dénonce « la fallacieuse équivalence entre NFP et RN que tente d’installer l’état-major du camp Macron. » Bref, indépendance ou pas pour moi c’est bon, c’est clair. Personnellement je n’irais pas voter CONTRE le RN, pour une fois j’irais voter POUR mes idées. Parmi lesquelles ma conviction que l’écologie (écologisme) ne peut être QUE de gauche.