C’est la croissance rose qui l’a emporté en France. Etonnant, non ? Avec le soutien de la croissance rouge, ses tambours et ses sifflets (11 %), l’apport un peu riquiqui de la croissance verte (2,3 %) et la bienveillance de la croissance orange (environ la moitié de ses 8 %). On s’est bouché le nez sur des débris de croissance brune (1/3 de 17 %), mais quelques électeurs du FN avaient finalement préféré sanctionner la croissance bleue.
Alors, allez savoir comment cette croissance vert-rose va cohabiter avec les croissances des autres couleurs, par exemple la vraiment noire, celle du charbon, ou la couleur invisible du nucléaire. Et comment va-t-on obtenir cette croiiiiiiiiiiiiiiiiiiissance ? Puisque nous sommes dans la magie, écoutons les magiciens. Le président entrant Hollande : « C’est la mission qui désormais est la mienne, c’est-à-dire de donner à la construction européenne une dimension de croissance, d’emploi, de prospérité, d’avenir. » Les syndicats : « Lors d’une rencontre avec la chancelière Angela Merkel, des syndicalistes de neuf pays de l’UE ont réclamé un pacte social et de croissance, s’insurgeant contre l’austérité mise en oeuvre pour régler la crise de la dette. » La présidente du MEDEF, Laurence Parisot. « Il faut aussi se demander comment créer un choc de croissance sans aggraver le déficit. »
Incantations contre lois de la physique, qui va l’emporter ? Notre ami Lavoisier, bien avant Georgescu-Roegen, avait quand même mis tout le monde en garde : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Et Carnot d’ajouter que cela n’allait que dans un sens, du chaud au froid. Quand c’est tiède, ça ne bouge plus !
Le texte précédent est un résumé de l’éditorial de Bruno Clémentin. Lisez son mensuel (La décroissance, juin 2012, dans les kiosques), on y apprend à résister aux perroquets.