Nicole Bricq, ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie ; une socialiste, pas un écolo ! Le PS va-t-il enfin prendre la main et s’occuper de la planète ? Grâce à Nicole et au pôle écolo du PS en 2008, la déclaration de principe du Parti socialiste allait en effet très loin : « Conscients de l’étroite interaction des activités humaines et des écosystèmes, les socialistes inscrivent la prise en compte de la planète au même rang de leurs finalités fondamentales que la promotion du progrès et la satisfaction équitable des besoins (art. 3). » Mais la même déclaration se donne un objectif qui fait mal à la planète : « Les socialistes agissent pour que la croissance économique s’effectue en renforçant la cohésion sociale (art.7)… Pour les socialistes, L’Union européenne doit avoir pour mission de favoriser une croissance durable (art. 20). »
Il ne suffit donc pas de dire, comme Nicole Bricq, « Je veux porter la « social-écologie » ». Car réconcilier social et écologie ne va pas de soi pour des militants qui préfèrent la croissance et pour un parti de cadre qui a toujours privilégié le conservatisme social. Nicole l’affirme, « il est hors de question que la transition écologique se fasse sur le dos des pauvres ». Mais elle ne dit rien de la résorption des inégalités, condition première pour accepter les nécessaires contraintes pour ramener le niveau de vie français dans des limites compatibles avec les ressources de la planète. Comme Nicole considère aussi qu’il faut une « acceptation sociale » des mesures environnementales, alors on peut déjà dire que rien ne passera dans les faits, ni taxe carbone, ni économies d’énergie, le peuple répugne aux efforts à accomplir. Le « débat sur la transition énergétique » est déjà clos, le candidat Hollande avait exclu de sortir du nucléaire, il veut même continuer dans la voie des EPR. D’ailleurs, pour le gaz de schiste, il n’est pas question d’arrêter, mais seulement de faire connaître, en toute « transparence », les permis octroyés ! Quant à une « Conférence environnementale », on a déjà vu ce qu’a entraîné le Grenelle sarkozyste de l’environnement : pschiiiiiiiit. Car le « nouveau modèle de développement » n’a jamais trouvé d’application autre que croissanciste. Prendre en compte « les exigences environnementales mais aussi économiques », c’est enfin donner une prime aux entreprises qui ont déjà placé leurs lobbies dans les couloirs des ministères.
Nicole Bricq convient qu’il y a « de petites différences culturelles entre certains de mes collègues et moi ». Pour avoir fréquenté pendant des années les socialistes, nous savons que ce n’est pas une « petite » différence, c’est un gouffre infranchissable. Nous ne savons pas encore si Nicole va tomber dans le gouffre….
LE MONDE du 5 juin 2012 / Nicole Bricq : « L’écologie n’est pas un luxe pour bobos »