Voici les protagonistes :
Pro-OGM*, Gérard Pascal, Ingénieur de l’Institut National des Sciences Appliquées (INSA) de Lyon, spécialité « Biochimie » en 1964, DEA de Nutrition en 1968, Centre de Recherches sur la Nutrition du CNRS, Directeur Scientifique pour la Nutrition Humaine et la Sécurité des Aliments à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), aujourd’hui consultant pour des entreprises agroalimentaires.
Anti-OGM**, Joël Spiroux, co-auteur et directeur adjoint de l’étude de Séralini, président du Criigen (Comité de recherche et d’information indépendant sur le génie génétique). Il est médecin généraliste, auteur de deux livre, « Infections nosocomiales » et « Pathologies environnementales ».
Voici le débat :
Pro-OGM : L’étude de Séralini présente tout d’abord des faiblesses statistiques majeures. Selon les normes établies par l’OCDE, les études de cancérogénèse, c’est-à-dire le suivi du développement éventuel de tumeurs après l’exposition à une substance, doivent se baser sur des groupes d’au moins cinquante animaux de chaque sexe pour pouvoir établir une analyse statistique représentative.
Anti-OGM : L’échantillon des 200 rats, 20 rats par lot, correspond au nombre de rats utilisé par Monsanto dans son étude sur trois mois. En revanche, nous avons étudié beaucoup plus de paramètres toxicologiques. Pour travailler avec plus de rats, il fallait encore plus d’argent. L’étude a déjà coûté 3,2 millions d’euros.
Pro-OGM : Deuxième biais de taille : l’équipe de chercheurs a choisi, pour les expérimentations, une espèce de rats qui développent spontanément des tumeurs. Il s’agit de la souche dite de Sprague-Dawley, connue pour contracter des cancers de manière fréquente. C’est pourquoi cette souche n’est jamais utilisée pour des études de cancérogénèse.
Anti-OGM : Ce sont les lignées de rats utilisés dans le monde entier pour les recherches toxicologiques. Ces rats ont l’avantage d’être stables au niveau biologique et physique. Ils ont tous à peu près le même profil, le même poids… Ce sont les rats utilisés depuis le début dans les recherches sur les organismes transgéniques, par les firmes qui en produisent. Y compris par Monsanto. Et les faits sont là : ceux qui ont été nourris au maïs OGM, avec ou sans Roundup, développent plus de pathologies. Et beaucoup plus vite. Nous ne sommes pas cancérologues et n’avons jamais dit le contraire. C’est une étude de toxicité, non une étude de cancérogénèse, qui suit d’autres protocoles. D’ailleurs, nous n’avons dit nulle part que les tumeurs étaient cancéreuses. Ce sont des fibro-adénomes et des chirato-acantomes, qui peuvent se transformer en cancers quand les rats vieillissent.
Pro-OGM : L’étude ne fournit aucune indication sur le régime alimentaire des rats, en dehors des doses de maïs transgénique délivrées. Or, avec la souche de rats utilisée, l’on sait que les paramètres environnementaux, et notamment l’alimentation, jouent un rôle important.
Anti-OGM : Ce sont des croquettes standards, les mêmes une fois encore que celles utilisées par les producteurs d’OGM dans leurs études. La seule différence est que nous avons précisément dosé leur concentration en maïs OGM : 11% pour le premier groupe, 22% pour le deuxième et 33% pour le troisième. Ce qu’il faut regarder, c’est précisément la rapidité des déclenchements des tumeurs. Dans les trois groupes de rats traités, les tumeurs ou les affections des reins et du foie interviennent dès le 4e mois et explosent au 11e et 12e mois. Ce qui correspond à l’âge de 35 à 40 ans pour un homme. Pour le groupe témoin, les tumeurs surviennent surtout en fin de vie, vers le 23e mois et 24e mois, ce qui semble normal chez les rats.
Pro-OGM : Les travaux ne présentent par ailleurs pas d’analyse poussée des constituants du maïs, sur lequel on aurait pu trouver des résidus de mycotoxines, c’est-à-dire des contaminants produits par certains champignons. Enfin, la publication scientifique manque de données chiffrées sur la fréquence des pathologies observées et sur les analyses biochimiques, comme la glycémie ou la cholestérolémie. Toutes ces lacunes sont rédhibitoires pour une étude scientifique.
Anti-OGM : Les dosages de maïs NK 603 sont comparables à ce que mangent en une vie les populations du continent américain, où les OGM sont en vente libre, non étiquetés, non tracés. Ce qui empêche d’ailleurs de les identifier comme agents pathogènes. C’est pourquoi on entend dire par exemple que les Américains mangent des OGM depuis 15 ans et ne sont pas malades.
Pro-OGM : Il est vrai qu’il n’y a jamais eu d’étude de cancérogénèse liée aux OGM ni d’étude toxicologique à long terme. La plupart des travaux sur le sujet ont été menés sur des durées de trois mois. Si certains ont bel et bien duré plus longtemps, jusqu’à un an, ils ne portent pas sur des espèces de rongeurs, mais sur des animaux plus gros. Or, si une étude de deux ans est significative sur un rat car elle couvre les deux-tiers de son espérance de vie, travailler un an sur un chien n’est pas suffisant car cela représente à peine 10 % de sa durée de vie. L’ampleur des travaux du professeur Séralini est donc sans précédent. Mais au final, l’étude donne l’impression que ses auteurs ont trouvé seulement ce qu’ils souhaitaient trouver.
Anti-OGM : Erreur, nous voulons aussi une contre-expertise, mais faite par des chercheurs indépendants. Pas par ceux qui produisent les études pour les fabricants d’OGM. Ce qui n’est pas la position de l’EFSA pour l’instant (Agence européenne de sécurité sanitaire).
* Le Monde.fr | 20.09.2012 OGM : « Le protocole d’étude de M. Séralini présente des lacunes rédhibitoires »
** OGM : 9 critiques et 9 réponses sur l’étude de Séralini
Bonne recapitulation. Sur le dernier point: la Criigen n’est pas un laboratoire indépendant non plus, pas d’angelisme avec le cote « loi 1901 » qui n’est pas un brevet de vertu. Ils ont les memes interets a voir les OGM ‘coupables’ que Monsanto aurait à les voir « innocents ». La Criigen, c’est un business (genre criirad), exactement comme Monsanto.
Bonne recapitulation. Sur le dernier point: la Criigen n’est pas un laboratoire indépendant non plus, pas d’angelisme avec le cote « loi 1901 » qui n’est pas un brevet de vertu. Ils ont les memes interets a voir les OGM ‘coupables’ que Monsanto aurait à les voir « innocents ». La Criigen, c’est un business (genre criirad), exactement comme Monsanto.