Trois manières* de s’apercevoir que le prix à la pompe n’augmente pas :
– en prix constant, c’est-à-dire une fois éliminé les effets de l’inflation. Selon Vincent Renard, depuis plusieurs décennies, le prix du carburant stagne, voire baisse à certaines périodes.
– en prix réel, comparé à l’augmentation des salaires : selon Yves Crozet, le prix de l’essence n’arrête pas de baisser. On pouvait acheter 3 litres avec le salaire d’une heure de SMIC en 1973, et on peut en acquérir 6 aujourd’hui.
– en prix réel, comparé au budget du ménage : selon Jean-Pierre Orfeuil, le prix du carburant vendu aux ménages depuis 20 ans a considérablement augmenté, mais le poids du carburant dans le budget des ménages reste stable, autour de 3,7 % du revenu. En effet les foyers ont continué à s’enrichir un peu et les voitures que l’on vend aujourd’hui consomment deux fois moins qu’il y a 25 ans.
Le prix de l’essence va donc à l’encontre des fondamentaux : une ressource qui se raréfie (le pétrole) devrait augmenter sans cesse et de plus en plus vite au moment où on s’approche des limites de l’épuisement. En 2005, l’institution financière Ixis CIB notait que si le prix du pétrole avait augmenté depuis 1974 au rythme optimal d’une ressource épuisable, il vaudrait déjà 122 dollars en 2005 (alors qu’il ne cotait que 66,6 dollars). Le même organisme évoquait la possibilité d’un cours du baril à 360 dollars en 2015. Le pétrole le moins cher et le plus propre est celui qu’on ne brûle pas. Un gouvernement responsable devrait planifier une augmentation de 10 % du prix de l’essence chaque année (doublement tous les 7 ans) pour que les consommateurs de carburant anticipent le choc pétrolier qui peut arriver d’un moment à l’autre et commencent à adapter leur modes de déplacements.
* http://transports.blog.lemonde.fr/2013/01/27/lessence-a-la-pompe-moins-chere-quil-y-a-30-ans/
Ainsi donc, pour « sauver » le Bengladesh, il est nécessaire (et suffisant ?) d’augmenter le prix de l’essence.
Même si aujourd’hui des mesures étaient prises à l’échelle de la planète pour réduire fortement les émissions de GES et qu’elles soient ramenées au niveau préconisé par le GIEC, le processus climatique en cours ne pourra pas être stabilisé et inversé avant très longtemps. Inertie oblige.
Il faut rappeler l’extrême vulnérabilité du Bengladesh aux inondations de toutes sortes (cyclones, tsunamis, hyper-crues du Gange et du Brahmapoutre). Ces phénomènes (hors tsunamis) ont toutes les chances de s’amplifier dans les décennies qui viennent, et ce, je le répète, quelques soient les décisions prises.
Depuis 1960 la population du pays a triplé, passant de 50 millions à 150 millions d’habitants. Et près de 10% de cette population vit en dessous du niveau de la mer…Folie des hommes.
En juin dernier je me baladais du coté de l’Aiguillon sur mer, commune ravagée par la tempête Xynthia en 2010. J’ai pris la route qui va du centre du village à la pointe de l’Aiguillon. A ma gauche et en contre bas, une sorte de no man’s land de maisons abandonnées qui se croyaient protégées par la digue située à ma droite. Tout a été submergé et Xynthia n’était pas un cyclone tropical mais juste une bonne grosse tempête d’hiver. Folie des hommes.
En 1970 un cyclone fit 500 000 morts dans le golfe du Bengale dont plus de la moitié au Bangladesh (Pakistan oriental). En 1991, c’est un tsunami qui fait entre 100 et 200 000 victimes. En 1970 on ne pouvait pas incriminer le réchauffement climatique et les tsunamis n’ont rien à voir avec celui-ci.
Alors, oui, évidemment, il faudrait urgemment réduire les émissions de GES. Mais les sombres perspectives d’avenir du Bangladesh (effondrement fort plausible) résultent d’abord de causes endogènes : une démographie aberrante sur un territoire exigu et très vulnérable.
Le réchauffement climatique n’est pas définitivement établi de façon scientifique (complexité inouie du climat terrestre conjuguée à d’ autres influences (soleil)), le crétinisme surnataliste (152 millions d’ hab du Bengale) par contre, est bien présent dans les pays du pourtour de la péninsule indienne ; si la perspective de la^perte de terres fertiles ou de forêts tropicales m’ attriste grandement (perte de biodiversité) , il n’ en va pas de même pour l’ hypothétique perspective mortelle de ces lapins (pardon à ces gentils rongeurs) !
Puisse dame nature opérer là bas et dans bien d’ autres pays hyperpeuplés un nettoyage démographique dont ils se souviendront longtemps après !
Un exemple pour dire la nécessité d’augmenter le prix de l’essence pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre:
Les habitants du Bangladesh ne peuvent pas être des climatosceptiques. C’est l’un des pays les plus vulnérables au changement climatique. Les deux tiers de ses terres culminent à moins de 5 mètres au-dessus du niveau de la mer. Et il y a 6000 kilomètres de côtes…. Et 152 millions d’habitants. Selon les projections de l’ONU, le Bangladesh pourrait perdre 40 % de ses terres agricoles d’ici à 2050. si les prévisions des scientifiques se réalsient, 30 millions de bangladais devront fuir leur terres d’ici à la fin du siècle. Hasan Mahmud, le ministre de l’environnement et des forêts, demande aux pays les plus émetteurs de CO2 de réduire leurs émissions. Et dire qu’il y a encore des climatosceptiques et de plus en plus d’automobilistes !
Pour de plus amples informations, LE MONDE du 12 février 2013 : au Bangladesh, survivre avec le changement climatique + il y a déjà des centaines de milliers de réfugiés climatiques dans le pays.
Ce qu’il y a de gênant avec un blog tenu à plusieurs mains, c’est l’incohérence intellectuelle qui en résulte nécessairement.
Ainsi le préposé aux questions énergétiques ne connait qu’une seule solution aux problèmes posés : augmentation (très conséquente) du prix de la ressource. C’est exactement ce que défendent les évangélistes du marché. La différence réside dans le fait que notre écolomiste (néologisme) exige que ce soit l’Etat et non le marché qui se charge de mettre en place les mesures aboutissant à exclure les gueux de l’accès à la mobilité individuelle motorisée. Car si ceux-ci brûlent une quantité déraisonnable de carburant d’origine fossile et pourvoyeur de GES, c’est uniquement parce qu’ils ne veulent pas « adapter leurs modes de déplacement ». Quant au possesseur du Porsche Cayenne dernier cri, le doublement (ou même son triplement) du prix de l’essence le fera râler (pour la forme) mais en fait cela ne lui fera ni chaud ni froid.
Il existe pourtant d’autres voies de réflexion et d’action.
1) Réduire les déplacements via la relocalisation de l’économie. Ce qui sous-entend d’avoir une certaine maîtrise de celle-ci. Et donc d’en poser concrètement la question politique, aïe gros mot.
2) Réglementation drastique des véhicules, et donc interdiction pure et simple des monstres surmotorisés, ce qui ne concerne pas que les 4X4 mais plus des 3/4 de la production actuelle.
3) Enfin, et après avoir mené à bien les points 1 et 2, pourquoi pas un certain rationnement du carburant modulé en fonction de critères restant à définir.
Voilà, soit on veut on veut faire rimer écologie et justice sociale, soit on s’en fout. C’est un choix.
à Philippulus
Qu’un Etat décide de préparer une population à un avenir difficile en jouant sur l’effet-prix n’est qu’un aspect des solutions possibles. Après la taxe carbone, qui se mettra en place sans doute trop tard en France, surgira sans aucun doute la carte carbone, c’est-à-dire le rationnement (comme vous l’envisagez d’ailleurs).
De plus, pour accepter de changer de comportements, il est nécessaire que la pénurie (prévisible) soit équitablement partagée. Les inégalités de revenus, rendant solvable un mode de déplacement insupportable (Porsche Cayenne, avion…) doivent donc être combattus énergiquement. Nous n’oublions pas les individus qui roulent plutôt à bicyclette qu’en voiture, cela existe aussi. L’exemplarité est nécessaire pour mettre en branle une interaction spéculaire qui aille dans le sens de la simplicité volontaire partagée. Il y a complémentarité entre l’individu et l’Etat, sans oublier les communautés de transition.
Nous n’avons pas trouvé d’opposition réelle entre votre point de vue et le nôtre, écologie et justice sociale vont assurément de pair…
Signé « le préposé aux questions énergétiques »