Enfant, René Dumont appréciait les ouvriers agricoles polonais qui « marchaient pieds nus sur les chemins de terre et ne mettaient leurs chaussures qu’une fois arrivés en ville pour les économiser ». Plus tard, se souvient sa fille « A table, mon père exigeait qu’on prenne peu, qu’on se resserve si nécessaire, mais qu’on ne laisse jamais rien ». Adepte un temps de l’école distributive de Jacques Duboin, il pense que la consommation de quantités importantes de viande ne présente pas un caractère de nécessité absolue. Beaucoup plus tard, dans un restaurant très parisien, on en est au troisième plat. Dumont se lève et, d’une voix qu’il sait si bien rendre cinglante, qualifie l’agneau doré à point d’agression « contre ce pour quoi je lutte ». Calcul rapide des calories déjà ingurgitées, comparaison avec les rations habituelles des pauvres du Sud : « Bon appétit, mesdames, messieurs. » Et Dumont quitte la salle. Ne conseillait-il pas de se lever de table en ayant encore un peu faim ?
Il a très vite abandonné la cravate, « ce bout d’étoffe symbole de ceux qui veulent marquer qu’ils sont bien au-dessus des paysans et des travailleurs. » Il est capable de s’emporter contre le déodorant pour hommes (inutile, donc stupide, dangereux car il arrête la transpiration). Il ne proteste avec excès que contre les excès, excès de consommation ou excès de misère. Le gaspillage le rendait furieux. Le paysan, lui, ne jette pas, il récupère, répare, recycle. Le paysan ne détruit rien, il met en valeur ! A propos du programme commun de gouvernement en 1972, il écrit : « Quand je pense aux affamés du Sahel, je trouve certaines revendications grotesques… Cet objectif de croissance de 8 %, croissance pour qui, croissance pour quoi faire ? Proposer une hausse générale du niveau de vie, c’est oublier que ce niveau de vie résulte en partie du pillage du tiers-monde, du sous-paiement de ses ressources rares. Pour ma part, je crois qu’il faut viser une hausse du niveau de vie limité aux tranches les plus basses de revenus. Et poser comme objectif la diminution de la consommation du tiers le plus riche de la population française. » « Cette croissance est celle des inégalités » jette-t-il à ceux qui exhibent leurs courbes statistiques à la hausse. « Il ne faut pas confondre croissance économique et développement », avertit-il.
Sa conception tient en une phrase : « L’espèce humaine doit savoir se limiter. » René Dumont était sans le savoir un adepte de la simplicité volontaire et de la décroissance.
René est mort le 18 juin 2001, souvenons-nous qu’il a été aussi un objecteur de croissance à une époque où le mot « décroissance » n’existait pas encore.…
Source : René Dumont, une vie saisie par l’écologie de Jean-Paul Besset
Merci à biosphere pour la présentation de cet homme remarquable et malthusien de surcroît que je connaissais mal !
Il manque énormément à la cause écologique (pas celle de Europe Escroquerie Les Voleurs)
J’ai découvert René Dumont lors de sa candidature aux présidentielles et ce fut un électrochoc en le voyant lever son verre d’eau après sa déclaration…Un bouleversement complet qu’on n’est pas prêt hélas à entendre actuellement puisque nous préférons courir droit dans le mur!
Françoise Couloudou
Tout y était chez René Dumont. Toutes les grandes lignes qui doivent inspirer l’écologie : La décroissance, la dénatalité, la simplicité, la tendresse pour le monde.
Tout y était chez René Dumont. Toutes les grandes lignes qui doivent inspirer l’écologie : La décroissance, la dénatalité, la simplicité, la tendresse pour le monde.