Géraud Guibert est l’ex-directeur de cabinet de l’ex-ministre de l’écologie du gouvernement Ayrault, Nicole Bricq. Il préside « la fabrique écologique », un nouveau think tank. Il est interrogé par le journal Libération* :
Vous avez été la plume écolo du candidat Hollande. Après un an, on sent un hiatus entre les paroles et les actes…
« (soupir). Je ne dirais pas cela. J’anime une structure transpartisane, qui essaie de faire avancer les choses sur le fond. Si je commence à faire des commentaires de ce type-là en public… »
Comment expliquer la résistance française à l’écologie ?
« Je suis frappé par le nombre de jeunes, y compris des ingénieurs des Mines ou des Ponts, passionnés par les sujets écolos ,et qui, dix ans plus tard, pris dans la structure administrative, ont des raisonnements d’un classicisme total. Ils finissent par rentrer dans le moule. »
Nous percevons dans ces réponses la raison principale pour laquelle l’urgence écologique est perçue, mais n’entraîne pas l’action : les gens deviennent des pions de l’appareil dirigeant, ils laissent leurs convictions au vestiaire. Dans son livre Tous écolos… et alors (Lignes de repère, 2010), Géraud Guibert avait déjà fait preuve d’un pessimisme lucide qui nous permet de comprendre l’immobilisme actuel du gouvernement Ayrault en matière écologique :
– Le passage au gouvernement de Corinne Lepage, dont la réputation initiale n’était pas à faire compte tenu de son activité professionnelle d’avocate en matière d’environnement, a été l’occasion de théoriser la relative impuissance en tant que ministre.
– De façon générale, les prises de position du parti socialiste sont trop souvent à géométrie variable lorsqu’il s’agit de trancher sur des positions difficiles comme la politique énergétique, la fiscalité écologique ou l’application du principe de précaution, ce qui nuit à leur crédibilité.
– D’un côté le parti socialiste donne la priorité à une croissance la plus forte possible, de l’autre on fait de grands discours sur la protection de la planète. Le mot « nature » est le plus souvent totalement absent du programme ou des motions de congrès. Les dirigeants socialistes adorent les questions fiscales, mais la fiscalité écologique est traitée à part, ou en bas de page.
– Lors du congrès de Reims de 2008, la difficulté du parti socialiste à débattre collectivement et à définir précisément l’évolution nécessaire de ses orientations de fond s’est cruellement manifestée (ndlr : la motion de Géraud Guibert, « pour un parti socialiste résolument écologique » n’a obtenu que 2,6 % des voix). Le Congrès se résumait à un combat de personnes, sans d’ailleurs parvenir à trancher la question lancinante du leadership.
– Les socialistes ont longtemps considéré, et certains le pensent toujours, que parler d’écologie ne peut que leur nuire, car cela ne correspondrait pas à leur identité propre.
– En matière d’écologie, privilégier la mise en scène pour masquer l’absence d’une vraie politique est devenue pratique courante.
– Faut-il, comme toujours, attendre une catastrophe écologique pour que les choix soient mis sur la table, discutés et tranchés ?
– L’incapacité des démocraties occidentales à inventer un modèle économique plus juste, protecteur de l’environnement et respectueux de l’humain entraîne une vraie perte de confiance dans la démocratie représentative. Il pourrait être tentant de laisser s’installer des solutions autoritaires, pour imposer ce que le diagnostic scientifique recommande.
* Libération (lundi 16 septembre 2013), « ouvrir un débat environnemental et économique transpartisan »
L’ecologie est trop precieuse pour en faire un fond de commerce ou une ideologie. Se revendiquer de la science pour faire croire qu’il faudrait appliquer le programme du pole ecologique PS est curieux. On voit deja en Allemagne les terribles effets environnementaux et sociaux de telles « solutions ». L’esprit de responsabilité, face a la crise actuelle, est plutot de proposer des solutions qui font leur preuves. Energies non intermittentes et moins polluantes pour les etres vivants : nucleaire, hydro, biomasse, pac, thermique. Les Enr elec coutent un bras et produisent mal et peu. Mais se payer de mots rapporte toujours des suffrages vu l’ignorance de certains socialistes sur l’energie. Le Ressec.