« Faire pipi sous la douche une fois par jour économise 4380 litres d’eau potable par an et par personne. » Ainsi s’exprimait Florence Servan-Schreiber, l’animatrice de Mes recettes qui font du bien. Cette info montre que LE MONDE* contient aussi des détails aussi écolos que croustillants. Il est vrai que notre façon de faire pipi n’a pas été observée avec l’attention que cela mérite.
D’abord à la naissance. Un enfant qui porte des couches jetables jusqu’à ses 2 ans et demi génère, environ, 20m3 de déchets (l’équivalent d’une piscine de maison), soit 800 kg. Dépenser entre 760 et 1760 euros de couches jetables est un affront autant à la nature qu’à la culture alors que vivre les fesses à l’air est un véritable plaisir. Par la suite il y a les toilettes. L’homme est un tube digestif. Ses excréments le suivent comme son ombre et il projette son urine. La chasse d’eau se charge de tout cela. Or pisser dans des toilettes « hygiéniques » avec le « tout-à-l’égout » n’est pas le meilleur service à rendre à l’humanité… Même dans nos comportements les plus triviaux, nous devons nous considérer comme un élément des écosystèmes qui nous entourent. Autrefois nos déchets amendait la terre, nous faisions partie prenante d’une chaîne biologique, nous mangions par le haut et redonnions par le bas. Aujourd’hui nos mictions disparaissant on ne sait où dans des villes de plus en plus grandes. Or si le phosphore contenu dans l’urine n’est plus recyclé, la production agricole chutera. Il faut donc importer le phosphore depuis les mines de phosphates, peu nombreuses dans le monde. Le pic mondial du phosphore, ce qui veut dire baisse de la production agricole, devrait avoir lieu au milieu des années 2030. « Il est de plus en plus évident que l’altération des cycles de l’azote et du phosphore représente pour la planète un défi majeur qui n’a pas encore reçu assez d’attention », constatait le rapport Our Nutrient World du Programme pour l’environnement des Nations unies (PNUE).
Pour un avenir durable, la présence de phosphore dans la terre sera donc dépendante du réemploi de nos résidus. C’est l’urine qui contient la majeure partie du phosphore excrété. Elle est récupérable par l’usage de toilettes séparées pour la miction et la défécation**. Non seulement il nous faut revenir aux toilettes sèches, mais il ne faut uriner ni sous la douche, ni dans les WC… seulement dans un récipient qu’on remettra directement aux agriculteurs !
* LE MONDE du 8 mars 2014, Cordon vert (chronique de Renaud Machart)
** Pétrole apocalypse d’Yves COCHET