Low tech contre low cost, le débat qui préfigure l’avenir

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Il y a d’un côté les low tech ou techniques douces, de l’autre le travail à prix bradé (low cost). D’après l’éditorial du MONDE*, le low cost est « devenu incontournable », les pilotes d’Air France n’ont plus qu’à se plier à « une évolution qui est inéluctable ». Il est sans doute scandaleux que des pilotes fassent grève pour protéger leurs intérêts corporatistes, à commencer par des salaires annuels qui oscillent entre 75 000 et 250 000 euros avec un temps de vol plus réduit que chez leurs confrères. Il est sans doute vrai que loger avec Ryanair dans un camping près de la base de Marseille est bien moins glorieux que fréquenter un hôtel 5 étoiles. Mais cela n’est pas le fond du problème, il s’agit plutôt de savoir si la profession de pilote d’avion de ligne est profitable pour la société et durable dans le temps.

                Ce qui est « incontournable » et « inéluctable », c’est que le prix du kérosène va exploser un jour ou l’autre. Or nous vivons avec le système marchand dans une perspective du court terme : le prix du baril chute en ce moment à 96 dollars puisque l’or noir coule à flots alors que la croissance mondiale est faible**. Le journaliste du MONDE Jean-Michel Bezat s’intéresse comme à son habitude à l’offre et à la demande de pétrole ce jour, il a toujours occulté la fin du pétrole : « La dépréciation du brut peut durer tant que l’horizon d’une reprise mondiale reste bouché… Dans le même temps, c’est l’abondance du côté de la production…Les huiles de schiste ont profondément modifié le paysage aux Etats-Unis… ». Cependant l’article donne aussi la parole à l’ancien PDG de BP : « Quand l’offre américaine atteindra un pic, d’où viendront les nouvelles sources d’approvisionnement ? » Quand arrivera ce moment, quand la descente énergétique deviendra visible aux yeux de tous, le pétrole flambera et le kérosène des avions deviendra hors de prix.

                Les pilotes d’air France comme ceux de sa filiale low cost Transavia seront définitivement cloués au sol, en chômage structurel. Nous n’aurions jamais le choix des plus lourds que l’air et en rester à la marine à voile…

* LE MONDE du 17 septembre 2014, La grève des pilotes d’Air France ne se justifie pas

** LE MONDE du 17 septembre 2014, Abondance de biens nuit aux producteurs d’or noir