Quel est le sens de la vie, dans quelle direction vont les politiques. Louis Gautier pense avoir trouvé la réponse dans son livre Table rase. Y a-t-il encore des idées de gauche ? (LeMonde du 5.07.2008). En résumé, Louis Gautier croit encore qu’il y a une différence entre la droite et la gauche. La gauche devrait « affirmer haut et fort que les principes l’emportent sur les valeurs, le choix des hommes sur la loi des dieux, les droits de l’humanité sur la compétence des nations, la liberté des individus sur les garanties de sécurité, la démocratie sur les lois du marché et l’égalité sur l’équité. » Le problème, c’est qu’un partisan de la droite pourrait tenir le même discours : il défend des principes, il est le plus souvent laïc, la mondialisation libérale ouvre plus de perspectives de paix que la patrie, la liberté individuelle est le fondement même de la société et de la démocratie. Il n’y a que sur l’égalité qu’il ferait grise mine, mieux vaudrait pour lui le concept de répartition équitable des revenus, c’est à dire l’inégalité économique comme résultat de l’inégalité des compétences.
En fait Louis Gautier court après une distinction qui n’a plus lieu d’être : la droite comme la gauche ont adopté la théologie croissanciste, le règne du productivisme, l’élévation du niveau de vie, la destruction des ressources naturelles qui en découlent. En politique, il y aura bientôt d’un côté ceux qui ont le sens des limites et ceux qui soutiennent la démesure de l’homme, ceux qui considèrent les contraintes de l’écologie contre ceux qui sont obsédés d’économisme techno-scientifique. Pour le prochain congrès du Parti socialiste, il y a une contribution générale qui va dans ce sens, celle du pôle écologique du PS. Nous avons peut-être là les prémisses d’une nouvelle différence entre droite et gauche : social-libéralisme contre social-écologisme.