LE MONDE, notre réfrigérateur, le changement climatique

L’éditorial du MONDE* croit qu’il y a un changement de climat sur le climat : « Citoyens, entreprises, grandes villes exercent une pression croissante et encourageante sur les dirigeants politiques. » Malheureusement LE MONDE veut faire croire que la transition vers une civilisation bas carbone se fera sans douleurs : « La réorientation n’est pas l’ennemi de la croissance… La lutte contre les émissions de gaz à effet de serre peut se faire sans dégâts majeurs pour les économies. » Car l’illusion du MONDE sur les miracles technologiques est omniprésente : « Photovoltaïque, stockage de l’énergie, réseaux intelligents n’attendent que les investisseurs pour être déployés. » Le journal rejoint en cela Jeremy Rifkin** pour qui la troisième révolution industrielle a commencé : « L’Europe doit investir dans de nouvelles infrastructures de réseaux d’énergie intelligents… » LE MONDE et Jeremy nous trompent en occultant que la lutte contre le réchauffement climatique ne dépend pas d’abord des Etats et du progrès technique, mais de notre comportement quotidien.

                Nous préférons un autre concept de Jeremy Rifkin, celui du mal froid*** : « Le problème de l’ère globale, c’est que nous sommes connectés si intensément avec les choses à travers le monde que les conséquences de notre comportement personnel peuvent être immorales – on pourrait parler de « mal froid » (Cold Evil). Nous ne le savons pas parce que nous ne réfléchissons pas en termes d’implications fondamentales de notre comportement sur autrui. Il va nous falloir commencer par développer une approche systémique.. Les droits universels de l’homme perdent leur sens s’ils ne font pas l’objet de leçons et de formations dès l’enfance pour que nous comprenions comment notre comportement dans un monde dense et interdépendant affecte forcément quelqu’un d’autre ou quelque chose d’autre. » Par exemple, personne ne veut réfléchir au fait que, lorsqu’on fait fonctionner son réfrigérateur, on participe ainsi au réchauffement climatique.

Pourtant c’est bien le cas, c’est ce que démontre Arnaud Parmentier**** : « Troquer son réfrigérateur basse consommation contre un garde-manger grillagé est la meilleure manière de lutter contre le réchauffement climatique… La disparition des chlorofluorocarbones CFC a amélioré la coche d’ozone… Mais leur remplacement par des hydrofluorocarbures HFC, si elle n’affecte pas la couche carbone, contribue horriblement au réchauffement climatique… » Une conférence internationale sur le climat n’a pas pour vocation de changer notre mode de vie. C’est seulement une danse pour la pluie, une incantation illusoire censée éloigner les calamités. Les politiques doivent être courageux, nous expliquer qu’il va falloir nous passer du réfrigérateur et du climatiseur, de la voiture individuelle et du chauffage central. Ils ne le feront pas parce que nous ne pouvons pas assumer notre responsabilité individuelle dans les désastres collectifs. Nous subirons donc les événements au lieu de les maîtriser… L’espèce humaine  n’est pas aussi intelligente qu’on le dit.

* LE MONDE du 25 septembre 2014, changement de climat sur le climat

** LE MONDE éco&entreprise du 25 septembre 2014, « La troisième révolution industrielle a commencé »

*** http://www.fondation-vision.ch/visionmedia/article.aspx?id=262&rdr=true&LangType=1036

**** LE MONDE du 25 septembre 2014, Sus aux réfrigérateurs

1 réflexion sur “LE MONDE, notre réfrigérateur, le changement climatique”

  1. L’idée d’adopter une approche systémique est intéressante. Sauf qu’elle a été envisagée, puis abandonnée comme courant majoritaire, voilà plus de 30 ans. Cette vision globale remettait en cause trop d’intérêts.

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