LE MONDE est nataliste. Ainsi le contenu de cet article* que nous résumons : « Hantés par le spectre de la dépopulation, des experts venus de Corée et du Japon sont à la recherche de la recette magique qui fait de la France la championne d’Europe de la fécondité en affichant un indicateur conjoncturel de fécondité de 2,01. En effet le taux de natalité des Vingt-Huit s’est effondré, il est tombé à 1,58 enfant par femme. Les gouvernements français se comportent en « bons pères de famille », selon l’expression de Laurent Toulemon, démographe à l’INED. Dans les pays qui sont en pleine santé démographique comme la France, les femmes participent pleinement au marché du travail. Dans l’Hexagone, les politiques familiales sont généreuses : elles représentent plus de 3,5 % du produit intérieur brut. Aux avantages financiers (allocations familiales, réductions fiscales pour les parents) se sont ajoutées des structures d’accueil pour la petite enfance et des écoles maternelles. Lorsque les services d’accueil des tout-petits sont nombreux et accueillants, la natalité se porte bien. Aujourd’hui en France, un enfant sur deux de moins de 3 ans bénéficie d’une place dans un système d’accueil. »
Mais quand peut-on dire vraiment que « la natalité se porte bien ». La journaliste Anne Chemin ne se pose jamais cette question, pour elle la France est « en pleine santé démographique ». Pourquoi privilégier encore les familles nombreuses au détriment des familles nullipares ou avec enfant unique ? La France est passé de 39 millions d’habitants en 1944 à 65 millions aujourd’hui. Il faudrait s’interroger sur la capacité de charge du territoire français. Sans exploitation de l’ensemble des ressources de la planète, la France est-elle encore capable de fournir suffisamment d’énergie, de métaux et de nourriture pour 65 millions de personnes ? Les autres indices de surpeuplement sont nombreux : taux de chômage officiel, chômage caché, empilement dans des immeubles, embouteillages monstres, consommation d’anxiolytiques, accaparement des terres agricoles pour les commodités humaines, une densité par superficie agricole utile qui explose, perte de biodiversité, etc. Notre niveau de vie moyen, s’il était généralisé au monde entier, nécessiterait l’usage de plusieurs planètes… que nous n’avons pas !
La population française s’accroît encore au rythme annuel d’environ 0,5 %. Une baisse de la fécondité en France nous semble préférable, ce sont les autres pays d’Europe qui nous montrent la bonne voie, malthusienne. Albert Jacquard faisait remarquer qu’avec ce taux d’accroissement de 0,5 %, la population humaine, qui était d’environ 250 millions il y a deux mille ans, serait de 5000 milliards aujourd’hui. Si vous ne voulez pas de cette perspective, vous pouvez adhérer à l’association « Démographie responsable ».
* LE MONDE CULTURE ET IDEES du 24 janvier 2015, La fécondité « made in France »
5 réflexions sur “La fécondité des Françaises est sur le mauvais chemin”
Les commentaires sont fermés.
Ami a raison: la transparence démocratique exigerait que les « je suis Charlie » sachent que la généreuse natalité française a plus à voir avec les Kouachi et les Coulibaly qu’avec les Lequesnoy.
Non, la population française blanche a un taux de natalité estimé de 1,5 enfant par femme (de sources indrectes puisque les statistiques ethniques sont interdites).
Le taux de natalité français est élevé parce que ce sont les vagues d’immigrés depuis 1970 qui se reproduisent à toute vitesse aidés en cela par une politique pro-nataliste très généreuse en France. En réalité les populations historiques du vieux continent sont toutes sur le déclin, comme le Japon, Taïwan, la Corée, la Chine, etc. Il y a un effet trompe l’oeil lié à l’importation de population à forte capacité de peuplement. D’où la bascule démographique.
Ensuite il faut remettre les choses en perspectives, voici quelques taux de natalité pour comparer :
1 Niger 7.03 en 2013
2 Mali 6.25 2013
3 Somalie 6.17 2013
4 Ouganda 6.06 2013
5 Burkina Faso 6.00 2013
6 Burundi 5.99 2013
7 Zambie 5.81 2013
8 Afghanistan 5.54 2013
9 Soudan du Sud 5.54 2013
Donc je ne crois pas que ce soit la natalité de nos pays qui posent le plus de problème au monde. L’augmentation de la population mondiale au XXIe siècle se fera essentiellement en Afrique, en Asie du sud-est et en amérique du sud.
Ce sera bien la pauvreté contre la Terre.
C’est quand même bizarre, que se pose comme un mystère, la natalité de la France. Que les asiatiques s’en posent la question, passe encore, mais nous français, comment pourrait-on ignorer que cette natalité croissante est exclusivement due à notre seule différence avec nos voisins, c’est à dire le droit du sol, et certains territoires des DOM qui n’ont de cesse d’en faire usage. Bien entendu, les pouvoirs publics ne sont pas en reste, se cachant derrière de multiples associations dites caritatives. Pendant 17 ans, j’ai vu à Marseille, se fabriquer ces cités de misères, qui n’étaient rénovées que pour accueillir de multiples réfugiés de par le monde, dont les progénitures multiples, tout au mois ont participé à augmenter les chiffres de la démographie française. Bien entendu, les différences d’indicateurs démographiques en fonction des régions, états et catégories sociales ne sont jamais évoqués dans ce genre d’article sur la fécondité française. Quand à la capacité de charge du territoire français, les politiques savent bien ou elle en est, puisqu’ils s’appliquent à la rendre insupportable, comme s’ils voulaient précipiter l’effondrement. Je leur souhaite bien du plaisir, quand ils ressortirons de leurs blockhaus sur une terre rase.
Et Albert Jacquard avait raison, tous les natalistes tombent dans le même piège qui est si commun : celui d’une analyse de court terme. Sur longue période aucun mouvement de croissance n’a véritablement de sens. L’un de ses titres : « Voici venu le temps du monde fini » résumait très bien la situation.
Lettre ouverte à Science et vie
Science & Vie de février 2015 publie (p 72) un article sur l’explosion de la démographie humaine annoncée pour le 21e siècle. Tableau assez apocalyptique par le nombre d’humains qui s’inscrit dans le prolongement des courbes actuelles et par la stupéfiante recrudescence des désirs de reproduction que cela traduit. Ce qui est surtout ahurissant à la lecture de votre article, c’est le non-dit. Car ce que retiendra le lecteur en conclusion de sa lecture, c’est que nous serons donc 10,5 Mds d’humains en 2100, comme s’il suffisait de le vouloir pour que cela fût…
Rien, pas un mot, sur le surcroît de ressources que cela suppose (énergie, métaux, phosphates, terres arables, poissons, forêts, biodiversité, etc), alors même que les tendances actuelles sur tous ces paramètres suggèrent la poursuite dramatique de leur recul. Rien non plus sur le climat, dont la marche vers un dérèglement tragique pour la production agricole au cours du 21e siècle ne paraît plus pouvoir être enrayée. Ne sont-ce pas là deux contradictions absolument majeures ?
Bref, cette prévision Onusienne sur la démographie est totalement hors-sol, sans lien avec les réalités concrètes qui nous attendent.
D’où ma question : pourquoi n’avez-vous pas daigné esquisser une mise en perspective réaliste et factuelle de ces élucubrations ?
Bien à vous
Hugues Stoeckel, abonné de longue date à Science&Vie
PS : (et auteur du livre « La faim du monde »)
http://biosphere.ouvaton.org/annee-2012/1854-2012-la-faim-du-monde-lhumanite-au-bord-dune-famine-globale-dhugues-stoeckel