Hervé Kempf, pour une fois, reste assez superficiel dans sa chronique « La beauté, sans quoi l’écologie… » (LeMonde du 15-16 mars). Il relaye l’appel de Pierre Rabhi pour un moratoire sur l’implantation d’éoliennes industrielles en Ardèche. Cette chronique sur les milliers d’épine qui se fichent sur le corps mutilé de la beauté me font trop penser à des arguments de la droite anti-écolo :
Nicolas Sarkozy, notre cher président de la République, dans son discours final du Grenelle de l’environnement (25 octobre 2007) : « Je suis contre une forme de précipitation qui se traduit par la dégradation de l’environnement. Les éoliennes oui, mais d’abord sur les friches industrielles, et loin des sites emblématiques. » L’ex-président Valéry Giscard d’Estaing en rajoutait dans Libération du 13 juin 2008 : « Ce n’est pas la peine de dire qu’on est la première destination touristique mondiale si les hauteurs du Massif central sont couvertes d’éoliennes (…) Il peut y avoir des sites particuliers, sur des friches industrielles, pourquoi pas. » N’oublions pas que ce beau discours anti-éolien est le complément pro-nucléaire de Sarko et VGE.
N’oublions pas que la beauté, sentiment subjectif et indémontrable, n’est pas un argument. L’Ardèche avait ses moulins à vent, pourquoi pas des éoliennes ? Même si ces éoliennes en Ardèche feront plus de 120 mètres de haut, ce n’est toujours pas un argument ; le problème n’est pas relié au sentiment du beau, mais du fait que ce sont des éoliennes « industrielles », c’est-à-dire hors de portée des capacités locales de construction, de maintenance et d’usage. Le moulin à vent était une technique enracinée dans le territoire, l’éolienne « industrielle » représente le démesure de l’homme, sa perte d’autonomie face à la mégamachine. Oui, il faut réduire drastiquement notre consommation d’énergie, oui, il faut produire de l’énergie renouvelable et territorialisée, oui, pas n’importe quelle éolienne, non à l’autoroute prévue en Ardèche…