J’ai effectué un « voyage de noces » au Kenya. J’en ai été vacciné, à vie ! Sensation de n’être perçu que comme un Blanc porte-monnaie sur pattes ! La vie devient une trajectoire de péage en péage et le tourisme n’échappe en rien à cette tendance. Une copine, la soixantaine, ne comprenait pas pourquoi elle n’aurait pas le droit de faire des voyages, elle veut garder sa liberté de découvrir d’autres contrées, d’autres cultures. J’aurais du lui citer Gandhi : « Le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait dix fois le tour du monde, mais celui qui a fait une seule fois le tour de lui-même. » Imaginez sa réaction lorsque je lui ai dit avoir définitivement renoncé à l’avion, luxe d’une minorité dont l’impact concerne une majorité. Dans l’échelle des valeurs, la responsabilité faisait pâle figure par rapport à SA liberté. Sans vouloir la culpabiliser, je soulevais une question politique majeure : comment sortir collectivement des problèmes écologiques majeurs dus à notre mode de vie ? (…) Il faut malheureusement constater que beaucoup d’opposants au projet d’aéroport de NDDL ne veulent pas de la décroissance du trafic aérien. Ils proposent une soi-disant alternative consistant en un aménagement-agrandissement de l’aéroport actuel de Nantes. Il faut au contraire nous accorder du temps pour penser ensemble la décroissance… du trafic aérien et du tourisme.
Ce texte (résumé) de Thierry Brulavoine* correspond parfaitement à nos propres préoccupations sur ce blog. Il faut en finir avec la bougeotte touristique, qu’elle soit par avion, en voiture ou avec le train. Nous écrivions en 2010 : « Quand il n’y aura plus rien à piller et que la pauvreté aura été transformé en misère, la foule des exclus pourchassera ceux qui se risqueront encore dans leurs contrées lointaines. Les pays riches font déjà aujourd’hui la chasse aux immigrés, on ne voit pas pourquoi demain les habitants des régions déstabilisées par l’occidentalisation ne feraient pas la chasse aux touristes. Ils reprocheront aux ressortissants du Nord le pillage irrémédiable de leurs ressources, la destruction de leurs particularismes par le voyeurisme touristique et l’étalage ostentatoire des inégalités. »
Bonnes vacances à tous, au plus près de votre domicile habituel…
* in « La décroissance » de juillet-août 2017, en vente chez les marchands de journaux.
Et encore, si ce n’était que la « bougeotte touristique »…En fait il s’agit plus généralement de ce qu’on appelle le « bougisme ».Bouger pour bouger, s’activer, s’agiter, comme pour oublier. Ne plus pouvoir rester tranquille, à l’arrêt ou au au ralenti, de peur de tomber, ou alors de mourir…
De nos jours ÊTRE ne veut plus rien dire, la plupart du temps on utilise ce verbe pour afficher son niveau social. Je SUIS cadre de, je SUIS le président de, je SUIS champion de… et lui il n’ EST que balayeur de surface.
De nos jours c’est AVOIR et FAIRE qui priment. Ainsi j’ AI des avoirs plein mes armoires, j’ AI FAIT ceci et cela, l’été dernier j’ai FAIT le Kenya, là je pars FAIRE la Chine. Allo qu’est-ce que tu FAIS ? On se FAIT un resto, un ciné… et après on se FAIT une nana. On FAIT de la montagne, comme on FAIT de la musique, de la politique, du vélo, etc. etc.
Plus personne ne semble capable de comprendre ce que disait Ghandi : « Le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait dix fois le tour du monde, mais celui qui a fait une seule fois le tour de lui-même. »
Héhé !
J’habite ds le Pacifique Sud avec le même sentiment planétaire que vous : » La vie, de péage en péage… » sur une piste de plus en plus mythique et uniforme !
[… mais des mythes, y’en a d’autres ]