Prolifération humaine et anéantissement biologique

L’éditorial du MONDE* est populationniste sans le dire. Le titre est incisif, « Alerte rouge sur l’extinction des espèces »*, le cocktail mortifère ainsi développé : « destruction des habitats (sous l’effet de l’agriculture, de l’élevage, de l’exploitation du sous-sol), chasse et braconnage, pollution et réchauffement climatique ». La responsabilité de la fécondité humaine n’existe pas pour ce journal « de référence » dont le prisme populationniste est bien connu. Pourtant l’article de fond dans le journal donnait le point de vue des auteurs d’une étude qui mettait en accusation la prolifération humaine : « Les moteurs ultimes de la sixième extinction de masse sont moins souvent cités, jugent le auteurs. Il s’agit de la surpopulation humaine, liée à une croissance continue de la population et de la surconsommation. » Cette étude a démontré une fois de plus que les espèces de vertébrés reculent de manière massive sur Terre, à la fois en nombre d’animaux et en espace géographique. Au lieu de se focaliser sur les extinction, difficiles à quantifier, elle se recentrait sur l’évolution des différentes populations, et renseigne bien mieux que la liste rouge de l’UICN sur la gravité de la situation. Parmi les actions prioritaires, les scientifiques appellent à réduire la croissance de la population humaine et de la consommation. Notons qu’un des trois auteurs est Paul Ehrlich, ardent dénonciateurs des populationnistes depuis son livre de 1971, « La bombe P ».

Il est vrai que la position anthropocentrique de l’éditorial est explicite : « les milieux naturels (mis en péril) rendent des services aussi nombreux qu’essentiels (pour les humains) » et se termine d’ailleurs par cette dernière phrase : « Il en va de la survie de la biodiversité et du bien-être de l’humanité ». Tant que nous ne donnerons pas une valeur intrinsèque aux différentes formes de vie, l’exploiter avec outrance ira de soi. Les humains ne sont que des passagers parmi d’autres alors qu’ils se veulent les parasites ultimes qui prennent toute la place au détriment de la faune et de la flore. Il ne s’agit plus de déterminer une liste des espèces à protéger et des territoires à sanctuariser, il parait au contraire essentiel de redonner à la planète tout entière la liberté de déterminer de façon la plus libre possible son propre équilibre dynamique. Réintroduire l’ours dans les Pyrénées n’est qu’invention humaine, lui laisser ainsi qu’à toutes les autres espèces son espace vital devient une nécessité morale. Cela présuppose que le poids de l’humanité se fasse de plus en plus léger, ce qui remet en question l’évolution quantitative de la démographie humaine, et pose aussi un problème plus qualitatif, l’empreinte de l’activité humaine sur l’écologie de la planète.

L’évolution démographique exponentielle de l’espèce homo sapiens est une terrible remise en question de la sélection naturelle. La généralisation de l’autoroute et du mode de vie qu’elle représente est une atteinte grave aussi bien à la diversité culturelle des sociétés humaines qu’à la diversité biologique. Il nous faut de la décroissance, décroissance démographique, décroissance du niveau de vie des riches, acceptation d’une société conviviale ou pauvreté ne rime pas avec misère matérielle et morale…

* éditorial du MONDE du 12 juillet 2017,  Alerte rouge sur l’extinction des espèces

** LE MONDE du 12 juillet 2017, l’extinction de masse des animaux s’accélère

4 réflexions sur “Prolifération humaine et anéantissement biologique”

  1. Le mieux est de tout partager. (je plaisante)
    Aucun individu normalement constitué ne prendrait à sa charge les erreurs, les bêtises, des autres. Les causes doivent produire leurs effets. C’est la vie.
    Il n’en est pas de même au niveau mondial.
    Il n’est jamais question d’ethno-diversité à préserver. Il n’est jamais question de comparer la sagesse des Européens (dont la natalité est faible) à l’imprudence des pays en voie de développement où la surnatalité est cause de misère et de désordre.
    On n’exporte plus notre civilisation, on importe les problèmes des autres. Et on accentue ceux-ci dans les pays concernés

  2. @Marcel
    Oui j’avais déjà entendu parler de ce machin appelé Georgia Guidestones. En ce qui me concerne je ne crois absolument pas à ce Nouvel Ordre Mondial ni aux Illuminati.
    Je n’ai pas besoin d’une théorie de complot pour voir et comprendre l’actuel ordre mondial, mais par contre je crois volontiers à l’existence de groupes de grands illuminés, dont le pouvoir est heureusement très limité.
    Connaissez-vous la Church of Euthanasia ? ( L’Eglise de l’Euthanasie )
    Quand à « dame nature » , même si vous ne l’avez pas affublée de majuscules, je ne crois pas non plus qu’elle soit dotée d’intentions ni d’un quelconque projet.

  3. @michel C :
    votre défense du bipède arrogant , invasif , destructeur est louable et courageuse mais cela n’ empêchera pas celui – ci d’ être balayé de la surface de la planète une fois que dame nature aura enclenché le processus de liquidation .
    Connaissez- vous les georgia guidestones ?

  4. Sur ce sujet qui en obsède plus d’un, on a souvent l’occasion d’entendre ou de lire :  » L’évolution démographique exponentielle de l’espèce homo sapiens… »
    L’ exponentielle a une définition bien précise. La célèbre métaphore des nénuphars parle d’elle-même. En fait on utilise ici l’exponentielle pour percuter les esprits.
    Or on ne peut pas confondre une courbe exponentielle avec une courbe de Gauss (courbe en cloche). Bien entendu, en zoomant sur une partie de ces 2 courbes on observe que ça grimpe fort. Avec l’exponentielle ça grimpe toujours, et de plus en plus fort ! No limit ! Alors qu’avec la courbe de Gauss, ça monte, ça ralentit, ça stagne… et puis ça descend, ça dégringole.La courbe de la population mondiale ne peut pas être une exponentielle !
    Pour percuter les esprits sur ce sujet, on aime bien également utiliser le mot « prolifération ». On pense de suite à la prolifération des cellules cancéreuses. Et le cancer, on sait bien que ça fait peur. Ceci dit, on peut déplorer autant qu’ on veut la situation, pleurer sur la chute de la biodiversité, les dégâts à notre environnement, et même incriminer le « surnombre » . Mais pour cela, encore faudrait-il savoir exactement où serait la juste mesure. Certains n’hésitent pas à avancer des chiffres (1 milliard … 3 milliards…)Peu importe, je me suis toujours demandé de quel chapeau ils les sortaient.
    Il est évident que l’histoire avec les nénuphars dont la surface double tous les jours, va vite s’arrêter. Mais cette métaphore vaut aussi bien pour le nombre de nénuphars que pour la taille d’un seul nénuphar.Une population de 4 milliards de « nénuphars » qui auraient « besoin » d’une croissance de 2 % par an (la misère pour tous nos économistes) aurait au bout de 35 ans le même impact sur  » l’étang  » que 8 milliards aujourd’hui.L’obsession de la croissance économique nous condamne à être toujours trop nombreux. Peu importe le nombre que nous soyons au départ, à la fin de cette sinistre histoire il reste le Dernier Homme trônant sur une montagne de déchets.

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