L’agriculture à l’ancienne pour éviter le glyphosate

L’usage massif des herbicides est lié à l’industrialisation de l’agriculture : Chardons, liserons, lupins, coquelicots, moutarde, renouée, folle avoine, gaillet… viennent en compétition avec les semences. Depuis 10 000 ans, les agriculteurs désherbent. A la main, avec des outils, mais surtout avec des rotations de culture et leur diversification – des cultures sarclées, pour «nettoyer» le champ des mauvaises herbes, des prairies fourragères entre les années à céréales.

Depuis les années 1950, les herbicides chimique ont rompu cet héritage agronomique. Ils ont permis une simplification et une spécialisation extrême des systèmes agraires, comme ces cycles blé, orge, colza, et on recommence. Le pire de cet usage et bien sûr celui qui le couple avec une plante génétiquement modifiée pour lui résister (maïs, soja, coton…). C’est le cas, unique pour l’instant, des semences vendues par Monsanto, résistantes au glyphosate. Le pire tout simplement parce que cet usage conduit, c’est l’objectif, à pérenniser année après année cultures identiques et herbicides idem, sélectionnant ainsi des adventices résistantes (dit Darwin), et accumulant les mêmes molécules polluantes dans les sols et les eaux. Si l’usage massif des herbicides était la seule réponse possible à la nécessité de produire notre alimentation, il faudrait toutefois s’y résigner, mais ce n’est pas le cas. L’INRA a démontré, en plein champ, sur plus de 15 ans, qu’il est possible de conduire des grandes cultures céréalières sans herbicides avec une baisse limitée des rendements à l’hectare. Une expérience expliquée en détail dans cet article. Et dont la principale conclusion est que si la maîtrise des mauvaises herbes est techniquement possible, elle réclame un changement agraire majeur avec notamment une diversification des productions (lire ici un résumé des résultats par l’INRA). C’est donc ce changement de modèle agraire qui constitue la véritable réponse au défi de la pollution des sols par les herbicides (ou d’autres pesticides). Il faut pousser la transformation progressive de l’économie agraire en visant plus de travail humain et le moins possible d’usage d’intrants (engrais, herbicides, insecticides, fongicides).

En fait il faut presque en revenir aux modes de production ancestraux, faire appel aux rotations, utiliser la force mécanique et n’utiliser un herbicide qu’en dernier recours. Cette transformation ne peut s’accommoder des politiques actuelles  dont le résultat sinon l’objectif demeure la diminution du travail vivant – comme disent les économistes d’inspiration marxiste – au profit du travail mort (mécanisation, chimie) dans des exploitations toujours plus grandes. Comme si on était encore en 1950. L’expérimentation de l’Inra invite à revenir au bon sens paysan et à Darwin : plus de diversification des productions sur un même territoire et dans le temps. Autrement dit, fouler au pied le dogme majeur de la théorie économique dominante qui repose sur les «avantages comparatifs» des régions. Ce qui aboutit à la concentration des porcs en Bretagne et donc aux marées vertes, tandis que les terroirs à grandes cultures céréalières abusent des engrais chimiques et des pesticides. Une telle transformation du système agraire est impossible si on se fie à la main invisible du marché. Mais permettrait un progrès durable dans la qualité de l’alimentation et de l’environnement tout en favorisant l’emploi à la campagne.

Pour lire l’article complet, le blog de Sylvestre Huet

2 réflexions sur “L’agriculture à l’ancienne pour éviter le glyphosate”

  1. Ne sous estimons pas toutefois la difficulté à revenir à un travail physique épuisant, n’oublions pas non plus que cela signifiera renchérir considérablement le coût de la nourriture comme il l’était avant d’ailleurs.
    Je pense qu’il faut le faire quand même, mais ce ne sera pas facile, nous sommes habitués à une autre vie, physiquement moins épuisante et où se nourrir ne consomme en moyenne que 13 % de note revenu, beaucoup moins qu’à toutes les époques

  2. Quant je pense à ces millions de paires de bras inactifs… et que j’ y rajoute tous ces autres millions de bras qui fabriquent des choses inutiles et néfastes… et tout ce temps passé à des conneries… je me dis finalement qu’il ne devrait pas être compliqué de se débarrasser de ces cochonneries d’herbicides et de pesticides.
    Hélas… je sais que ce n’est pas aussi simple. Hélas, je sais qu’on aime bien se compliquer la vie ! Toujours plus !

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