À lire, Discours de la servitude volontaire (1576)

Les textes toujours d’actualité des centaines d’années plus tard sont rares. Le texte d’Etienne de La Boétie (1530-1563) est un joyau qui détaille les bases de notre esclavage. Précurseur, La Boétie est à la fois analyste du mécanisme de l’aliénation et de la nécessité de la désobéissance civile. Un bon gouvernement, plutôt que fabriquer des soldats, devrait apprendre à son peuple les dangers de la soumission volontaire. Un collectif « les désobéissants » s’est créé en novembre 2006 pour apprendre lors de stages à se battre pour la défense de la vie et de la justice sociale (www.desobeir.net/).

« Comment il peut se faire que tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul, qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent, qui n’a de pouvoir de leur nuire sinon tant qu’ils ont vouloir de l’endurer, qui ne saurait leur faire mal aucun sinon lorsqu’ils aiment mieux le souffrir que le contredire (…) Plus ils pillent, plus ils exigent, plus ils ruinent et détruisent, plus on leur donne, plus on les sert, de tant plus ils se fortifient et deviennent toujours plus forts. Si on ne leur donne rien, si on ne leur obéit point, ils demeurent nus et défaits, et ne sont rien, sinon que, comme la racine n’ayant plus d’aliment, la branche devient sèche et morte (…) Celui qui vous maîtrise tant n’a que deux yeux, n’a que deux mains, n’a qu’un corps, sinon qu’il a plus que vous tous : c’est l’avantage que vous lui faites pour vous détruire. D’où a-t-il pris tant d’yeux dont il vous épie si vous ne lui donniez ? Combien a-t-il tant de mains pour vous frapper s’il ne les prend de vous ? Les pieds dont il foule vos cités, d’où les a-t-il s’ils ne sont les vôtres ? (…)

Qui voudra bien passer en revue les faits du temps passé, il s’en trouvera peu de ceux qui, voyant leur pays malmené et en mauvaises mains, aient entrepris, d’une intention bonne et entière, de le délivrer. Harmodios, Aristogiton, Thrasybule, Brutus le Vieux, Valérius et Dion, comme ils l’ont vertueusement pensé, l’exécutèrent heureusement (ndlr : tous ces personnages ont chassé ou tué le tyran qui oppressait la cité).  » (écrit vers 1548, publié à titre posthume en 1576, arléa 2007)

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« L’écologie à l’épreuve du pouvoir » (Michel Sourrouille aux éditions Sang de la Terre)