Sur Le Monde ou son appendice Internet, les articles s’enchaînent. « Achetez français », le slogan communiste aux lendemains du second choc pétrolier de 1979 :
– Le « made in France », nouveau cheval de bataille des politiques ;
– Un nouveau label « origine France garantie » pour l’artisanat et l’industrie ;
– Sarkozy vante le « produire français » dans une usine de skis Rossignol ;
– « Produire français » un refrain entonné par tous les candidats à la présidentielle.
Pourtant, pendant des années, les gouvernements de gauche comme de droite n’ont rien fait pour empêcher les délocalisations. Ils n’avaient d’yeux que pour le libre-échange et la mondialisation. Rappelons que lors des primaires socialistes il y a peu, le concept de démondialisation a été brocardé par tout l’éventail politique. D’ailleurs, on ne peut sérieusement « acheter français » que si on change les règles du jeu international, que si l’OMC (organisation mondiale du commerce) est remise en cause, que si nos militaires s’habillent français sans succomber aux pièges des appels d’offre, etc. Si nos politiques étaient sincères, il s’agirait là d’une révolution, d’un virage à 180°, du passage du libéralisme échevelé à un protectionnisme non tempéré.
Mais les politiques n’irons pas à l’encontre de nos comportements de consommateurs insatiables. Nous avons été habitués par le matraquage publicitaire à acheter moins cher, donc des produits importés de pays à bas salaires. Nous avons été habitués au choix sans limite entre produits identiques. Nous avons été habitués aux gigantesques étalages des grandes surfaces scintillants de tous leurs feux. Nous sommes aliénés, nos achetons n’importe quoi pourvu que ce soit à la mode. C’est toute une éducation qu’il faut reprendre à 180° ! Donc nos candidats à la présidentielle nous mentent, ils ont toujours été au service de la mondialisation libérale et de nos envies, rien ne changera s’ils sont élus.
De toute façon « acheter français » est un mauvais slogan. Il nous faut « acheter local », acheter les produits fabriqués à proximité, soutenir les maraîchers locaux avec les AMAP par exemple, faire réparer auprès de l’artisanat local plutôt que jeter, mettre en place un système d’échange local, pourquoi pas fabriquer soi-même… La relocalisation ne consiste pas à obéir aux slogans d’extrême droite vantant la préférence nationale, il s’agit de mettre en place des communautés de transition à l’échelle de la ville ou de la commune pour faire face à la descente énergétique qui s’annonce. Car n’oublions pas qu’il n’y a pas que l’emploi comme contrainte, il y a aussi le pic pétrolier et le réchauffement climatique. Bientôt les yaourts ne pourront plus faire des centaines de kilomètres pour arriver jusqu’à nous. Mais cela, nos politiques ne nous l’expliquent pas…
« Il va falloir rapidement réduire les besoins et capter la chaleur profonde, le soleil, le vent, les marées et la houle ». Certes. On a envie tout de suite de préciser que l’urgence est de réduire les besoins des pays les plus riches… mais on pourrait aussi s’interroger sur cet impératif et se demander dans quel cadre politico-économique il doit intervenir… et si c’est dans le cadre que nous connaissons actuellement c’est tout simplement l’échec assuré.
Un bouleversement de notre vision du monde, de notre vision de la nature et de notre place au sein de celle-ci, de notre rapport à autrui et à nous-même me semblent seuls capables de prolonger l’aventure d’homo sapiens…
Les énergies fossiles se sont formées en sous-sol au cours de 355 millions d’années des ères paléozoïque, secondaire et tertiaire.
Pétrole et charbon sont brûlés depuis l’antiquité mais ça a pris une tournure industrielle en 1800 pour le charbon et en 1850 pour le pétrole qui aura été consommé en 2 siècles, y compris son gaz naturel associé que l’on torche à l’air libre comme des malpropres car son stockage n’est pas assez rentable pour les actionnaires. Il reste moins de 2 siècles de charbon à brûler donc il aura tenu 4 siècles au final.
Faisons une moyenne approximative pour rester dans un ordre de grandeur simple et il en découle qu’Homo sapiens sapiens aura réussi à brûler en 355 années le produit de 355 millions d’années de fossilisation carbonée plus ou moins réussie selon les époques et lieux, ce qui fait qu’en moyenne la biomasse fossile produite en 1 million d’années est brûlée chaque année, un gigantesque décalage qui se passe de commentaire !
Avec une telle boulimie, on ne se tirera pas d’affaire en brûlant la biomasse produite sous nos yeux en live ! Il va falloir rapidement réduire les besoins ++++ et capter la chaleur profonde, le soleil, le vent, les marées et la houle.