Créée à la suite du choc pétrolier de 1973 par les pays riches de l’OCDE, l’Agence internationale de l’énergie était surtout destinée à faciliter la coordination des politiques énergétiques des pays membres afin de soutenir la croissance économique. De plus l’AIE avait toujours minimisé le danger d’une pénurie de pétrole afin de ne pas générer un mouvement de panique. Mais les temps changent, la contrainte climatique commence à faire ses effets. Fatih Birol, le directeur exécutif de l’AIE : « Il y a un énorme fossé entre la rhétorique et la réalité, constate. Cette année 2021devrait encore être l’une des pires en matière d’émissions de CO2. Nous avons réalisé un rapport pour montrer aux décideurs que le secteur de l’énergie doit réaliser une transformation totale d’ici à 2050. Car jusqu’ici, beaucoup d’entre eux l’ont mal compris. »
Pourtant l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans son rapport du 18 mai 2021 reste foncièrement optimiste. Dans le scénario « zéro émission nette », la demande globale en énergie d’ici à 2050 a diminué de 8 %, malgré les deux milliards de Terriens supplémentaires. La demande d’électricité a doublé et la part de renouvelables a été multipliée par huit, passant de 29 % de la production totale d’électricité en 2020 à 90 % trente ans plus tard. En 2030 60 % des voitures vendues seront des véhicules électriques, en 2040 la moitié des bâtiments auront été rénovés de façon efficiente, en 2050 des panneaux photovoltaïques sont installés sur 240 millions de toits. Le recours au charbon a chuté de 90 %, au pétrole de 75 %. La part du nucléaire a doublé, la demande en hydrogène a été multipliée par six, etc. L’AIE se met à rêver, mais on en reste toujours sur les bonnes intentions : « Au-delà des projets déjà approuvés, aucun investissement dans de nouvelles installations pétrolières ou gazières ni dans de nouvelles centrales à charbon sans solution de capture ou de stockage du carbone ne devrait être réalisé. » Les commentaires sur lemonde.fr ne sont pas dupes :
Dance Fly : Voir L’AIE tournait le dos aux hydrocarbures est une avancée considérable en soi. Bon, reste à convaincre Total, Exxon & Co qui n’ont évidemment pas l’intention de renoncer aux combustibles fossiles (tant qu’il y en aura à exploiter). Pour ce faire ces compagnies (dont on peut dire aujourd’hui qu’elles représentent à elles seules la principale force d’inertie à une accélération de la transition) sont prêtes à employer les pires méthodes de communication (à l’instar de l’agrobusiness ou de l’industrie du tabac): voir par exemple un papier passionnant qui vient de sortir dans One Earth: « Rhetoric and frame analysis of ExxonMobil’s climate change communications » .
Hilare : Convaincre » Total, Exxon & Co » n’est sans doute pas le plus difficile, il s’agit de convaincre des milliards de citoyens d’accepter changer de comportement et modifier leurs achats. Ne nous faisons aucune inquiétude » Total, Exxon & Co » suivront…
Ulysse : Il faut consommer moins d’énergie, interdire de vente les appareillages énergétivores, quel que soit le secteur, chauffage, voitures, climatisation ect… On attend toujours des mesures à la hauteur du problème.
Sarah Py : Voilà au moins une feuille de route qui fait prospective. Voilà enfin une base de discussion à partir de données et de chiffres. Sauf et encore une fois, la temporalité n’entre pas assez en ligne de compte. Le déploiement des énergies renouvelables qui sont très décentrées ( combien de temps pour un champ éolien) la mise en réalisation active d’innovations technologiques, des décennies, le changement des comportements humains trop volatiles et bien d’autres raisons, tout cela signifie que 8 ans, et près de trente ans sont des délais trop longs. En si peu de temps, changer radicalement ne peut se faire qu’avec plus de contraintes et de choix forcés par les États.
Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :
16 mai 2013, L’AIE, une officine des basses œuvres pétrolières
12 août 2010, la date du pic pétrolier (signalé par l’AIE en 2006)
16 décembre 2007, en panne d’énergie (Dans son rapport World Energy Outlook 2007, l’AIE commence enfin à s’affoler : « Une crise de l’offre, avant 2015, s’accompagnerait d’une envolée des cours pétroliers » et « Il sera extrêmement difficile d’assurer des approvisionnements fiables à des prix abordables »…)
Je reste sidéré que l’on parle si peu d’économies d’énergie : des énergies vertes, oui, mais pour quoi faire ? Pour rouler en trottinette électrique et en vélo électrique,poser des volets électriques et chauffer à l’électricité nos logements à 22° consulter des vidéos de chatons sur Youtube, jouer à des jeux vidéo en ligne, être connectés 24h/24 à Internet, … etc. ? Et comment peut-on encore tabler sur les voitures individuelles électrifiées…subventionnées par l’État, donc le contribuable ? Bref … où est l’intelligence collective dont on a besoin ?
Tout cela va toujours vers la même conclusion : la décroissance est inéluctable. C’est la seule solution. Nous savons bien qu’elle ne sera pas choisie, individus et sociétés dans leur ensemble en sont incapables, elle sera donc subie, ce qui la rendra plus dure.
Puisse-t-elle au moins ne pas conduire à des conflits militaires impliquant les plus grandes nations et leurs armes les plus puissantes. Puisse-t-elle ne pas s’accompagner de l’élimination définitive de tous les animaux sauvages (la poursuite de la croissance s’en serait chargé aussi de toute façon). Puisse-t-elle surtout nous faire comprendre qu’il n’existe pas de solution durable pour plusieurs milliards d’hommes sur la planète.
Je crois que l’intelligence collective est un concept qui n’a pas, l’intelligence c’est toujours individuel. Ce qui peut être collectif, c’est le pouvoir de l’homme et c’est ça justement qui pose problème.
Bonjour Didier
L’intelligence d’un individu est toujours une construction sociale, résultant de l’intériorisation d’une culture sociale, codes de la famille, codes de l’entreprise, etc. Mais la culture apportée par la société ne veut pas dire qu’on rend les individus intelligents. Il faut se frayer son propre chemin, par exemple vous paraissez très impliqué dans la question démographique. Vous avez donc mesuré les résistance sociales à votre pensée malthusienne. Cela ne suffit pas encore à élaborer une intelligence collective.
C’est à partir du moment où vous militez avec les autres, par exemple au sein de l’association démographie responsable, que vous pouvez contribuer à élaborer une intelligence collective. Dans un contexte français très nataliste, c’est pas du gâteau, n’est-ce pas ?
Quant à la question énergétique, les illusions collectives persistent… malgré l’association négawatts
L’énergie c’est ce qui fait fonctionner l’économie mondiale et les combustibles fossiles (pétrole, gaz, charbon) représentent ensemble toujours 84 % de l’énergie primaire disponible dans le monde. Qu’on cesse d’investir dans l’exploration/production et dans 3 à 5 ans le prix de l’énergie triple et l’économie mondiale s’effondre.
On ne remplacera pas plus de 80 % du mix énergétique mondial d’un coup de baguette magique, c’est un chantier de plus de mille ans.
Il aurait été utile de lister, pour rendre les choses plus concrète, la nature de certains obstacles. On aurait, à ce titre, pu rappeler un des principaux, qui a d’ailleurs été communiqué plus tôt par l’AIE, à savoir que tous les prévisions indiquent qu’à très court terme, on risque de manquer des matériaux de base pour concrétiser cet ambitieux projet. Sans métaux semi-précieux en suffisance (cuivre !!!!!) et de terres rares (quasi monopole chinois) utiles pour de fabrication de batteries, d’aimants, d’éoliennes, de moteurs électriques, de panneaux photo-voltaïques, de piles à combustible (hydrogène) etc…pas de transition vers une énergie décarbonnée.
Transitions et Énergie a publié un article très intéressant à ce sujet …
L’AIE au niveau international, comme l’ADEME au niveau national, ont été créées par le Système.
Ces agences sont donc à son service. Les missions de l’AIE sont des plus claires (Wikipedia) :
1) «Sécurité énergétique».
2) «Développement économique (par le soutien aux marchés libres, pour favoriser la croissance économique et éliminer la pauvreté énergétique)».
3) «Sensibilisation à l’environnement […] en particulier pour lutter contre le changement climatique et la pollution de l’air)»
4) «Engagement mondial […] pour trouver des solutions aux préoccupations énergétiques et environnementaux communes.»
On voit clairement que les 3) et 4) ne sont là que pour servir les 1) et 2).
En résumé : La finalité de l’AIE est d’assurer l’approvisionnement du Carburant (pétrole, électricité, H2 etc.) pour faire tourner la Machine (le Système). Comme tout système (vivant), la finalité de la Machine est de durer. Or, pour durer, celui-ci a besoin de se développer (Développement= Croissance).
Les marchands de Carburant (Total, Exxon & Co) savent très bien qu’ils ne pourront pas continuer longtemps à s’engraisser avec le pétrole. Alors tout naturellement nous les retrouvons promoteurs zélés et marchands d’«énergies renouvelables», «écologistes» et en même temps. Voilà donc la fumeuse Transition (piège à cons). Demain ils nous vendront de l’«énergie libre» ou du Cosmogol. Ou alors des bourrins si ce n’est des esclaves. Peu importe puisque Business as usual !
« Hilare : Convaincre » Total, Exxon & Co » n’est sans doute pas le plus difficile, il s’agit de convaincre des milliards de citoyens d’accepter changer de comportement et modifier leurs achats. Ne nous faisons aucune inquiétude » Total, Exxon & Co » suivront… »
Hilare se fait beaucoup d’illusions ! Modifier leurs achats ? Ben oui ce que font la plupart des gens, dès qu’ils ont de l’argent ils achètent une plus grande voiture, une plus grande maison, plus de meubles plus de robots dits électroménagers ajouter une piscine privé à la maison… Tant qu’ils ont de l’argent et que les prix permettent l’accès à tous les biens de consommation ils achètent et ils cumulent. Je me souviens d’une leçon d’un commercial qui me disait que pour me motiver je devais accrocher au mur des représentations de mes rêves que je voulais concrétiser comme si je n’avais pas assez de la pub pour me matraquer la tête.
Les gens cumulent toujours plus grands et toujours plus performants de tous les objets qu’ils affectionnent. Franchement qui peut avoir 1000 euros dans sa main et regarder la vitrine d’une boutique vendant des objets qui nous font envie en se disant que je dois me serrer la ceinture ? Quasiment personne ! Minimum 95% des gens vont craquer ! Tant que l’interrupteur permet d’allumer la lumière à la maison, alors aucune raison à ce que les gens se couchent plus tôt ou reviennent à la bougie, ils appuieront à l’interrupteur, et cette règle s’applique à absolument tout, tant que les biens matériels sont accessibles au porte-feuille les gens continueront d’acheter. Surtout que la doctrine libérale a colporter l’idée que chacun sait mieux que quiconque ce qui est bon pour lui ou chacun connaît ses propres besoins. Aussi pour le commerce la doctrine dit qu’il faut créer de nouveaux besoins.
Puisque c’est chaque individu qui estime ses propres besoins, alors il n’y a plus de limite ni même de garde-fou puisque chacun trouvera toujours de nouveaux besoins. Chacun étant son propre juge de ses propres besoins…
Déjà en instaurant des limites les individus cherchent à les contourner pour avoir plus de revenus et d’objets quand même ! Alors si en plus il n’existe plus aucune limite puisque chacun est son propre juge des besoins, alors ce n’est pas la peine qu’Hilare espère à ce que les individus modifient leurs achats pour avoir moins, plus petits, et moins performants… L’expansion de plaisirs est inscrit dans les gènes humains…