L’APD (aide publique au développement) bat de l’aile. Selon LeMonde du 5.04.2008, les 22 principaux donateurs mondiaux ont en 2007, pour la deuxième année consécutive, réduit le montant de leurs aides. Alors on devrait en 2009 faire payer par « ceux qui le souhaitent » deux dollars en plus lors de l’achat d’un billet d’avion pour financer l’accès des plus pauvres aux médicaments. Charité publique ou charité privée ? En fait le problème de l’aide au développement est mal posé.
C’est seulement en 1949 qu’un discours du président américain Truman invente la notion de sous-développement : « Nous devons nous engager dans un nouveau programme audacieux et utiliser notre avancée scientifique et notre savoir-faire industriel pour favoriser l’amélioration des conditions de vie et la croissance économique dans les régions sous-développées ». La société thermo-industrielle devenait ainsi une référence universelle, il fallait passer obligatoirement par les cinq étapes de la croissance économique, c’est-à-dire dépasser l’état de société traditionnelle, faire son décollage économique pour aboutir à l’ère de la consommation de masse. Cette théorie du parcours obligé a merveilleusement servi les intérêts des grandes puissances dans un monde de libre-échange et d’accumulation du capital privé. Pourtant les multinationales déséquilibrent les marchés locaux et dans un monde déjà occupé par la classe globale, les nouveaux arrivants ne trouvent plus de place, si ce n’est dans les bidonvilles.
Aux trois manières historiquement éprouvées pour régler la question de la pauvreté, action caritative, répression ou obligation pour les pauvres de se rendre utile, les organisations internationales en ont rajouté une quatrième : l’obligation de s’enrichir. Cela n’a fait qu’accentuer les inégalités sociales et complètement perturber les sociétés vernaculaires. Laissons chaque région régler ses problèmes à sa façon : dans l’Afrique traditionnelle, on considère comme pauvre non pas celui qui manque de moyens matériels, mais celui qui n’a personne vers qui se tourner, devenant ainsi un orphelin social, un pauvre en relations. Cela n’exonère pas les riches de faire ce qu’il faut pour aider les pauvres, devenir eux-mêmes beaucoup moins riches, pratiquer la sobriété énergétique et la simplicité du mode de vie, moins peser sur la planète pour laisser un peu plus de place pour tous, ne pas prendre l’avion…