Pour soi-disant veiller au bien-être de l’animal, l’Assemblée nationale a voté le 28 mai le principe d’une expérimentation pour deux ans de la vidéosurveillance… dans des abattoirs volontaires… avec l’accord des représentants du personnel… et ces vidéos seront seulement consultables en interne, à des fins d’autocontrôle, et par les services vétérinaires*. Autant dire que cela ne sert absolument à rien, un « rideau de fumée grotesque » comme l’exprime un connaisseur. Le ministre de l’agriculture Stéphane Travert estime qu’il s’agit d’un signe de « sagesse positif », comme d’habitude il dit n’importe quoi. C’est un retour en arrière, Olivier Falorni était parvenu à faire voter par l’Assemblée en janvier 2017 l’obligation de caméras dans les abattoirs, via sa proposition de loi sur le « respect de l’animal en abattoir », mais celle-ci n’a jamais été adoptée définitivement. L’Assemblée nationale aujourd’hui « préserve l’opacité des abattoirs », a tweeté L214, ajoutant que « les animaux peuvent continuer à hurler de douleur, l’Assemblée nationale ne les entend pas ».
« Est-ce qu’on veut un Big Brother ? », s’interroge le député LRM Nicolas Démoulin, demandant s’il faudrait également des caméras dans les établissements pour personnes âgées. La question essentielle est posée, veut-on adopter une technique qui limite nos débordements ou laisser libre cours à nos techniques d’égorgements ? Les caméras de surveillance ont déjà envahi toutes nos ruelles, les radars routiers ne surveillent pas seulement les conducteurs volontaires, les vidéos fliquent les croupiers de casino ou les caissières de supermarché. La grosse différence, c’est que les animaux sont seuls face à la mort. Personne pour les représenter quand ils passent à l’abattage… exceptés les défenseurs de la condition animale (Brigitte Bardot, L214, One Voice,…)… et quelques parlementaires. Cette trop lente marche en avant vers plus de respect des animaux est significative de notre société : le poids du profit par l’exploitation industrielle des animaux y reste la clé de voûte. Le rétrograde Stéphane Travert ne semble être soumis par aucune contrainte éthique ou écologique.
Rappelons quelques paroles de Nicolas Hulot : « Partout dans le monde, l’humanité dans son expansion fait fi de la condition animale. L’homme fonde la conviction de sa supériorité sur l’animal, et a fortiori sur le végétal, par la distinction entre l’intelligence dont il se targue et l’instinct dont il affuble les bêtes et autres créatures. L’homme s’imagine au sommet d’une pyramide. Mais l’homme est aussi détenteur exclusif du brevet de l’absurde et de la vanité, inventeur de comportements où la raison et le sens n’ont pas de prise. Il faut reconnaître que l’homme sait aussi vous donner la nausée tant parfois il excelle dans l’indifférence, l’ignorance, la cupidité, la vanité, la lâcheté, la cruauté. Il est le seul a écrire les mots génocide et torture. Et cela modère l’appréciation de son intelligence, affirmant plutôt sa différence avec les animaux incapables de tels raffinements. Il importe de reconnaître que l’animal et le végétal sont doués, qu’il est merveilleux de savoir si bien se débrouiller dans le parcours de l’existence. A mesure que l’homme découvre et comprend, l’éveil de notre conscience grandit ; en même temps les frontières où l’on cloisonne séparément le monde animal, végétal, minéral et humain se troublent et s’estompent pour peut-être n’en faire qu’un. Janvier 2018, lors de mes vœux à la presse. : j‘ai décidé de réfléchir cette année à un sujet qu’on reporte régulièrement au prétexte qu’il est un peu « touchy », celui de la condition animale, qui est un sujet de civilisation. J’estime que l’animal a une conscience et je souhaite conduire bientôt une grande réflexion sur la condition animale avec le ministre de l’agriculture. » D’ores et déjà, il paraît impossible que Hulot l’écologiste et Travert le représentant de la FNSEA trouvent un chemin d’entente…
* Le Monde.fr avec AFP | 29 mai 2018, Les députés votent le principe d’une expérimentation de la vidéosurveillance dans les abattoirs
« Rassurons »-nous et n’en déplaise à notre BB nationale, il ne s’agit là que d’une simple expérimentation.
Sur ce coup là les débutés votent « pour ». Et pour cause, ça va pile-poil dans le « bon sens », ce n’est pas comme quand il s’agit de protéger nos enfants de la malbouffe. Au passage, va savoir ce que notre BB pense de la malbouffe, des lobbyes industriels etc. et du Système en général. Mais peu importe, le plus triste ou le plus rigolo, c’est selon le tempérament de chacun, c’est que ce sont de soit-disant citoyens qui sont demandeurs de ces caméras de surveillance. Pour dire déjà à quel point ils sont perdus. Demain ils se feront implanter « volontairement » une puce qui les fliquera 24H/24 où qu’ils soient, et ainsi ils se sentiront en parfaite en sécurité. Grâce à la sacro-sainte technique nous avions depuis longtemps le Soma (parce que nous le valons bien), la novlangue nous a fait « accepter » Big Brother, pas de doute nous sommes bien en 1984 ! Il ne reste plus qu’à enfoncer le clou, encore un petit effort et nous serons dans « le meilleur des mondes ». Tant qu’il nous reste quatre neurones, nous devrions peut-être faire l’effort d’imaginer ce que donnerait un cocktail inspiré de ce « meilleur des mondes », de « 1984 », de « Fahrenheit 451 », de « Soleil vert »… à condition bien sûr d’avoir lu ces bouquins.