Les catastrophes environnementales entraînent toujours des effets en cascade sur tous les êtres vivants et notamment sur la manière dont les hommes pourront continuer à habiter cette Terre, s’y nourrir, y travailler, s’y loger, s’y déplacer. Ainsi le réchauffement climatique d’origine anthropique entraîne le déclin du phytoplancton, ce qui met en péril la chaîne alimentaire, humains compris (LeMonde du 31 juillet). Mais notre journal de référence nous offre aussi un approfondissement théorique avec le point de vue d’Anne Dalsuet (p.17), « Il faut édifier une morale de l’écologie, la nature est aussi un sujet éthique à respecter ». Nous ne pouvons que constater le retard de la pensée française dans la prise en charge du questionnement lié à la crise environnementale. Anne Dalsuet propose une morale non anthropocentrée, qui promeuve la nature au rang de sujet à respecter. Cela est possible en reconnaissant une valeur intrinsèque à la nature indépendante de l’intérêt (économique, médicinal ou esthétique) que les être vivants et les écosystèmes représentent pour l’homme. Anne Dalsuet retrouve ainsi l’enseignement de l’écologie profonde définie à la fin des années 1970 par Arne Naess dans le premier point de son manifeste : « L’épanouissement de la vie humaine et non humaine sur Terre a une valeur intrinsèque. La valeur des formes de vie non humaines est indépendante de l’utilité qu’elles peuvent avoir pour des fins humaines limitées. » Cette conception philosophique s’oppose à l’écologie superficielle, autrement dit à l’environnementaliste dominant, que nous retrouvons ainsi définie par Anne Dalsuet : « La régulation est pensée, notamment en France, sur le terrain de l’expertise scientifique, juridique ou politique. »
L’enjeu du débat entre shallow ecology et deep ecology est essentiel. Il s’agit de savoir si les problèmes soulevés par l’écologie ne sont finalement qu’une question technique que le capitalisme libéral pourra régler sans avoir à se remettre en question, ou s’ils impliquent à terme un autre choix de société. L’écologie profonde naît de cette conscience que le monde d’aujourd’hui est un monde « plein », qui porte de part en part la marque de l’homme : plus de frontières à repousser, plus d’ailleurs à conquérir. Toutes les cultures humaines interagissent avec l’écosystème terrestre, toutes sont à même de constater que l’expansion illimitée nuit aux capacités de régénération de notre écosystème. Le point de vue réductionniste de l’écologie superficielle ne représente qu’un aspect des choses qui cède aujourd’hui du terrain devant des schémas de type holiste, fondés sur les notions de complexité, de réciprocité et de causalité circulaire.
L’image du monde qui résulte de l’écologie profonde rompt à la fois avec la conception linéaire du temps et avec la séparation radicale du sujet et de l’objet. Une fois admis que l’homme et la nature sont pris dans un même rapport de co-appartenance, qui les rend inséparables sans pour autant les confondre, il n’y a plus à décider qui, de l’homme ou de la nature, est le sujet ou l’objet de l’autre. Nous sommes par exemple à la fois sujet et objet de la chaîne alimentaire qui commence par le phytoplancton et le zooplancton, « carburants » qui font tourner les écosystèmes marins et qui nous nourrissent comme notre corps nourrira un jour la terre.
Pour en savoir plus, Anne Dalsuet, Philosophie et écologie (Gallimard, 2010)
J’ai lu l’artice de mme Dalsuet: effectivement il ouvre des pistes intéressantes pour une réflexion. Mais très vite, trop vite, elle affirme, elle assure, elle certifie. Sans jamais rien démontrer. Il est vrai qu’un article, y compris dans le Monde, permet peu de grandes démonstrations. Pour autant, il lui aurait été facile de le faire avec une économie de mots, elle qui sait manier la sémantique. Elle ne l’a pas fait, se contentant d’énoncer quelques lieux communs en guise de démonstration: ainsi dans sa conclusion: « Que le débat concernant ce qui nous regarde tous ne puisse être conclu une bonne fois pour toutes, n’est ce pas le sens d’une véritable politique écologique et démocratique? »
Et puis, il gaut parfois oser quitter le langage universitaire pour être plus à la portée de tout un chacun.
J’ai lu l’artice de mme Dalsuet: effectivement il ouvre des pistes intéressantes pour une réflexion. Mais très vite, trop vite, elle affirme, elle assure, elle certifie. Sans jamais rien démontrer. Il est vrai qu’un article, y compris dans le Monde, permet peu de grandes démonstrations. Pour autant, il lui aurait été facile de le faire avec une économie de mots, elle qui sait manier la sémantique. Elle ne l’a pas fait, se contentant d’énoncer quelques lieux communs en guise de démonstration: ainsi dans sa conclusion: « Que le débat concernant ce qui nous regarde tous ne puisse être conclu une bonne fois pour toutes, n’est ce pas le sens d’une véritable politique écologique et démocratique? »
Et puis, il gaut parfois oser quitter le langage universitaire pour être plus à la portée de tout un chacun.