Arnaud Montebourg sera-t-il le Jaurès de l’écologie ? Le candidat à la candidature Arnaud Montebourg suit attentivement l’évolution du mouvement écologiste. Sa contribution au Congrès socialiste du Mans en 2005 était remarquable : « La conjonction de l’explosion démographique et de l’épuisement prévisible des ressources de combustible fossile entraîne un choc énergétique qui met directement en cause le mode de développement industriel et son corollaire, la délocalisation systématique des facteurs de production. L’approvisionnement en pétrole de l’économie mondiale est menacé par deux phénomènes :
– à court terme une crise d’approvisionnement liée au sous investissement en capacité de production des années récentes et le risque d’une crise géopolitique ;
– à moyen terme, l’entrée de la production de pétrole en déclin continu. C’est le phénomène de « pic pétrolier ». Il est susceptible d’intervenir d’ici 2015 (la production journalière atteindre son maximum pour décroître ensuite). L’effet principal sera d’entretenir une pression constante sur les prix, et ce d’autant plus que les économies consommatrices sont fortement dépendantes. Suivra inéluctablement une baisse de la consommation du fait de la raréfaction de la ressource.
Nous avons le choix entre anticiper ce bouleversement de nos économies ou subir la crise annoncée et ses conséquences sur le plus grand nombre… »
Fin août 2010, Arnaud Montebourg était à Saint Ciers avec le pôle écologique. Son discours était percutant : « Une synthèse “rose-verte” est nécessaire à cause des enjeux qui pèsent sur l’avenir de notre société… le Parti Socialiste fait une analyse de classe et exonère des responsabilités individuelles un certain nombre de personnes qui sont dominées dans la société. L’écologie proclame au contraire la responsabilité de chaque individu quelle que soit sa place dans la société. C’est une des raisons pour lesquelles la question écologique dépasse les clivages gauche/droite. Si tout le monde est responsable de la situation qui est faite sur la nature, l’avenir, le futur, si même nos modes de vie les plus modestes engagent cette responsabilité, alors, cela dépasse en réalité la question politique… Le propre de la transition, de la mutation écologique de l’économie est finalement bien une forme de décroissance. La question politique porte sur le choix des secteurs… La politique va devoir revisiter la vie privée des gens, ce qui est explosif dans notre société individualiste. On aura peut-être besoin de redire aux gens comment mieux dépenser leur argent, de nous exprimer sur leurs achats d’écrans plats et d’Ipad fabriqués par des esclaves chinois, de mettre en place des péages urbains dans les grandes villes, même si aujourd’hui tout cela semble liberticide. »
Dans son dernier livre, Arnaud Montebourg parle même de démondialisation* de l’économie : « Le libre-échange est devenu l’ennemi de nombreux peuples. La démondialisation peut redonner aux peuples le droit de choisir leur mode de vie. » Pour l’équilibre de la biosphère, nous avons vraiment besoin d’un Jaurès de l’écologie. Arnaud Montebourg est bien parti pour le devenir !
* LeMonde du 16 décembre, la gauche va-t-elle succomber aux sirènes du protectionnisme ?
Bonjour Alphonsine
Le PS (Montebourg) découvre l’écologie, tant mieux ! Les problèmes environnementaux deviennent tels qu’un parti de gouvernement doit s’en charger. D’ailleurs au congrès de Reims (novembre 2008), il y avait à la fois la motion B (pour un Parti socialiste résolument écologique) et la motion F dite Utopia de Franck Pupunat (Socialistes, Altermondialistes, Ecologistes). Dommage, l’union aurait fait la force.
Maintenant ne parlons plus d’Utopia dont le leader, si cela n’a pas changé, s’est aligné sur Mélenchon après avoir occupé un strapontin au PS. Et remarquons que Mélenchon aussi « découvre l’écologie » !
Ce qui me dérange c’est que Montebourg découvre l’écologie, alors qu’au sein du PS (comme chez les verts et maintenant front de Gauche) une motion, celle d’Utopia, porte depuis longtemps ces valeurs d’écologie basée sur le socialisme (seule condition pour que l’écologie ne se fasse pas contre les hommes, ou pour une partie d’entre eux).C’est tres bien, mais que de temps perdu. Et surtout, du terrain laissé pendant ce temps à Terra Nova qui donne plus dans le capitalisme vert que dans l’écologie politique. mais à ce propos, Montebourg est il en phase avec Terra Nova? (pour ce qui est des primaires, il semble que oui)
Sur la démondialisation, une réponse d’Arnaud Montebourg au Monde (21 novembre 2010)
Dans votre livre, vous prônez la « démondialisation ». Cela ne cache-t-il pas une forme de repli sur soi, de protectionnisme ?
=> C’est un concept inventé par le sociologue philippin, et député, Walden Bello. Economiquement et écologiquement, la mondialisation est un désastre car elle survalorise l’exportation. Il faut donc assumer un certain protectionnisme comme un outil pour le développement, au Nord comme au Sud. Quand on peut rapprocher les lieux de production des lieux de consommation, tout le monde y gagne, à commencer par l’industrie locale.
c’est un article qui devrait faire la une de quotidiens libres , remarquable !
avec vous pour nous ! pour la nature ***
Pour en savoir plus sur le Jaurès de l’écologie et juger sur pièces, vous pouvez aller débattre de ses propositions sur le site http://www.desideesetdesreves.fr
La partie sur la démondialisation (qui est dans le bouquin) n’est pas encore en ligne mais le programme sur la mutation écologique est à débattre ici :
http://www.desideesetdesreves.fr/mutation-ecologique
@ JF Thomas
– Les propos de Montebourg lors du Congrès du Mans sont tirés des contributions générales distribués sur papier par le parti socialiste en 2005.
– Les propos de Montebourg dans le cadre du pôle écologique sont publiés dans « 2012 : comment changer le modèle de développement » présenté à la presse et qui retrace les débats de St Ciers.
– sur la démondialisation, c’est dans le livre de Montebourg « Des idées et des rêves », citation reprise par le quotidien Le Monde.
je n’arrive pas à comprendre si cet article est sérieux ou ironique envers Montebourg. J’opte pour la première hypothèse car j’adore ce politique. Si ce qui est rapporté est exactement le verbe de Montebourg alors c’est remarquable. J’ignorais ces propos.
Quand une liste des futurs candidats socialistes à la présidentielle est commentée dans la presse Arnaud Montebourg n’y figure pratiquement jamais. Un déficit d’image assez préjudiciable pour la suite de sa carrière.