Dans un texte paru en 1973 (no 52 de La Nef), Jacques Attali expliquait combien le rapport du Club de Rome, The Limits of Growth était un livre « prudent ». Il soulignait ensuite les principaux écueils de la notion de croissance. Les modèles de croissance sont « incapables d’analyser les relations entre la croissance et le bien-être ». M. Attali 1er attaquait ensuite l’indicateur de la croissance, le PNB : « Les grandeurs de la comptabilité nationale conduisent à mesurer la croissance par un indicateur unique, le PNB, dont il est devenu banal aujourd’hui de souligner l’inadéquation. » Troisième argument du jeune Attali, la croissance permet de masquer les inégalités de revenu. Si le gâteau augmente un peu pour ceux d’en bas, ils sont moins tentés de remettre en cause la part que s’allouent ceux d’en haut. « Il est un mythe savamment entretenu par les économistes libéraux, selon lequel la croissance réduit l’inégalité, écrivait M. Attali 1er. Cet argument permettant de reporter à « plus tard » toute revendication redistributive est une escroquerie intellectuelle sans fondement. »
Les différentes analyses et constats statistiques ont amplement confirmé depuis 1973 la validité de ces trois critiques : la croissance ne fait pas le bonheur, elle ne mesure pas la destruction de l’environnement, elle ne réduit pas les inégalités. Pourtant sur France Inter, le 16 octobre 2007, M. Attali II affirmait : « La meilleure façon de ne pas polluer est de revenir à l’âge de pierre. » Cette réponse caricaturale aux objecteurs de croissance ne fait pas honneur au débat. Il est vrai que J.Attali dirigeait une commission de « libération de la croissance » !!!
Le mouvement de la décroissance connaît déjà la réponse à donner à Attali : pour sauver l’homme, il faut sauver la Biosphère. Pour sauver la Biosphère il faut pratiquer une économie conviviale qui pèserait le moins possible sur les ressources naturelles. Tout au contraire d’une libération de la croissance, il s’agit de définir une économie qui stoppe la dégradation de l’environnement tout en permettant un bien-être équitablement partagé.