Il y a toujours quelque chose à glaner dans le mensuel « La Décroissance ». Nous vous en donnons quelques extraits pour vous mettre en appétit :
« … Il est clair que l’argument écologique va contribuer à promouvoir certains technologies comme le big data avec les déchets et la consommation d’énergie qui iront avec. Au nom de l’écologie, on s’apprête à accélérer l’artificialisation des sociétés et le saccage de la planète…
L’écologie politique officielle a glissé d’une écologie de la demande, où il s’agissait de questionner les besoins, de prendre les problèmes à la racine, à une écologie de l’offre, où on exige une énergie décarbonée, mais sans rien vouloir changer à notre mode de vie. Il faut alors s’enthousiasmer sur les smart grids et promettre d’isoler les logements sans toucher à la température de consigne…
Il nous faut questionner nos besoins, à réduire à la source chaque fois que c’est possible. Le grand programme de rénovation thermique du bâtiment pourrait se limiter pour l’essentiel à enfiler un pull. C’est certes moins agréable, mais tellement plus simple d’isoler les corps plutôt que les bâtiments…
Nous sommes trop dépendants de grands réseaux, distribution d’eau, d’énergie, télécommunications, transports, etc. Ils sont nécessaires car c’est notre capacité à vivre plus nombreux sur une surface donnée qui est en jeu. Nous sommes désormais bien trop urbanisés, agglutinés, faute de place, sur de petites surfaces. Les solutions low tech (toilettes sèches, lagunage, microhydraulique, etc.) sont impensables à l’échelle des agglomérations urbaines. Pour une société durable, il faudra indéniablement désurbaniser…
Surtout, je crois que c’est la question de l’emploi qui empêche toute radicalité du discours. La croissance c’est l’emploi est tellement martelé qu’il est encore difficile de parler de sobriété sans faire peur. Une fois acté le fait que la croissance ne reviendra pas, il faudra se convaincre que le plein emploi est parfaitement atteignable dans un monde économe en ressources, et que nous avons largement les moyens techniques, financiers et organisationnels pour y parvenir. »
Au nom de l’écologie, le massacre de la planète (Philippe Bihouix)
in La Décroissance n°115, décembre 2014
Quand un journal décroissant publie une phrase comme :
« Nous sommes trop dépendants de grands réseaux, distribution d’eau, d’énergie, télécommunications, transports, etc. Ils sont nécessaires car c’est notre capacité à vivre plus nombreux sur une surface donnée qui est en jeu ».
On se demande pourquoi les décroissants économiques ne sont ils pas tous décroissants démographiques, cela relèverait de la cohérence la plus élémentaire.
Si ensuite on lit qu’il faut désurbaniser mais qu’en même temps on entend dire à tout bout de champ (s’il en reste des champs) qu’il ne faut pas étaler l’habitat, je ne vois pas d’autre solution que de s’orienter vers des effectifs plus modestes.
Cela dit cette analyse d’une écologie officielle qui devient anti-écologique me semble hélas assez juste. Nombreuses sont les mesures proposées par des écologistes qui sont probablement totalement contre-productives au regard de leurs objectifs affichés. La plus grande contradiction étant bien sûr de favoriser des attitudes ou des modes de production qui ont pour objet de limiter notre impact dans le seul but d’être toujours plus nombreux sur la planète au détriment de tout le reste du monde vivant.