Confronté à la taxe carbone, Istvan Felkaï suppose dans la page Débats du Monde (9 septembre) que « changer de comportement, donc orienter les consommateurs vers un autre choix de consommation, suppose une alternative ». Le citoyen devrait pouvoir choisir entre véhicules à carburants fossiles et véhicules propres (électriques, hydrogène…). Or il n’y a pas d’alternative possible. L’électricité n’est pas une source primaire d’énergie, le bilan énergétique de l’hydrogène n’est pas très favorable, nous n’avons rien dans les cartons pour remplacer le travail de la biosphère pendant des millions d’années passées à accumuler les ressources fossiles. Il faut reconnaître que notre civilisation thermo-industrielle s’est trompée de chemin en choisissant de piller la planète pour adopter la voie de la facilité. Il n’aurait jamais fallu remplacer les diligences et éloigner lieu de travail et lieu d’habitat, la division du travail n’aurait jamais du être poussée à l’extrême et nous rendre complètement dépendant d’un système totalitaire dans lequel nous ne sommes plus qu’un simple rouage, il n’aurait jamais fallu commercialiser la Fort T.
Il n’y a pas d’alternative technologique aux carburants fossiles permettant de garder le niveau de vie de la classe globale, celle qui a cru qu’on pouvait posséder personnellement un véhicule. Les usagers ne sont captifs de leurs modes actuels de locomotion et de chauffage polluants que parce que le système capitaliste libéral ne nous permet pas de voir plus loin que la logique commerciale à court terme et le dernier modèle de comportement vanté par la publicité. Nous sommes tous à la fois victime et complice ; il est temps de nous réveiller.
Maintenant il nous faut savoir que construire la civilisation de l’après-pétrole, ce n’est pas un chemin bordé de roses. Cela va être difficile d’échapper à la pression du confort, mais il n’y a pas d’autres alternatives que la sobriété volontaire ou forcée. Parfois même, il n’y a d’autres alternatives que la guerre, la famine et la mort. Ne soyons pas marchand d’illusions comme Istvan Felkaï.
Concernant l’hydrogène, je crois qu’il faut être plus précis.
La ressource en hydrogène « propre » la plus proche c’est Jupiter, l’aller retour à la station service coutera donc chère.
On peut en fabriquer sur terre, mais alors on n’utilise plus une voiture à hydrogène mais une voiture au charbon, au nucléaire, au pétrole ou au gaz et pas autre chose.
Actuellement l’hydrogène est fabriqué par craquage catalytique du gaz naturelle. C’est à dire qu’on casse la molécule de CH (en consommant de l’énergie). Ensuite, on se débarrasse de l’atome de carbone en le combinant avec de l’oxygène et en jetant la molécule de CO2 ainsi créé dans l’atmosphère. Enfin on met l’hydrogène tout beau, tout propre, dans un réservoir.
L’hydrogène produit ainsi est donc un produit pétrolier libérant des gaz à effet de serre.
Comme ressource renouvelable non polluante on fait mieux.