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Al Gore, Nobel de la paix

Le site biosphere répertorie un grand nombre de livres dans sa rubrique « Bibliothèque de la Biosphère ». La plupart sont résumés, on peut y accéder en cliquant sur le titre d’un livre dans http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=section&layout=blog&id=6&Itemid=54.

Voici par exemple la quintessence du livre d’Al Gore, Urgence planète Terre :

 

L’édifice de la civilisation occidentale a atteint un stupéfiant degré de complexité. Mais plus il devient complexe, plus nous avons l’impression de nous éloigner de nos racines originelles. Plus nous nous engageons dans un monde conçu par nous-mêmes, plus nous abandonnons notre ancrage dans la nature. Mais sommes-nous si uniques et si puissants que nous puissions nous tenir pour séparés de notre terre ? Beaucoup d’entre nous agissent, et pensent, comme si la réponse était OUI. Il n’est de nos jours que trop facile d’envisager la planète comme une collection de « ressources » dont la valeur intrinsèque ne dépasse pas leur utilité momentanée. Nous avons industrialisé le processus de transformation de l’oxygène en gaz carbonique grâce à des inventions telles que la machine à vapeur ou le moteur à explosion sans prendre en considération les limites d’absorption du CO2 par notre planète, nous avons industrialisé la production d’informations (presse à imprimer ou ordinateur) en oubliant de tenir compte de notre capacité limitée à assimiler les connaissances nouvelles. Il y a tellement d’informations nouvelles produites chaque jour que leur avalanche a étouffé le lent mécanisme de maturation qui change la connaissance en sagesse.

 

De plus, la crise de l’environnement illustre la confiance suprême en notre capacité à relever n’importe quel défi en rassemblant à son sujet des tonnes d’informations, en les divisant en éléments simples à étudier et en trouvant finalement la solution technique. Mais l’idée selon laquelle de nouvelles technologies peuvent résoudre tous nos problèmes constitue l’élément central d’un mode de pensée défaillant. Nous nous convainquons que nous n’avons plus à souffrir du froid ou de la chaleur. Nous pouvons guérir nos malades, voler dans les airs, illuminer la nuit. Et pendant que nous croyons que nos besoins et nos caprices sont satisfaits, en réalité nous sommes en train d’écraser le Jardin d’Eden au rouleau compresseur.

 

Se placer dans une perspective écologique implique au contraire d’adopter une vision globale, d’essayer de comprendre comment ces différentes composantes interagissent les unes avec les autres selon des modalités qui tendent à l’équilibre et perdurent à travers les années. Cette perspective ne peut envisager la planète comme un objet séparé de la civilisation humaine : nous appartenons, nous aussi, à l’ensemble. Mais cet ensemble ne fonctionne pas selon les lois simples des rapports de cause à effet auxquels nous sommes accoutumés.

 

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Hervé-René Martin

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Voici par exemple quelques citations  pour te donner envie de lire l’Eloge de la simplicité volontaire d’Hervé-René Martin :

 

Nul doute que ceux qui n’auront pas oublié que l’effort, la souffrance, la maladie et la mort font partie intégrante de l’existence au même titre que la joie de vivre déclinée sous toutes ses formes seront autrement mieux armés pour affronter les rigueurs nouvelles que ceux élevés aux modélisations informatiques (page 36).

 

« L’objectif affirmé de Porsche est de réduire au minimum les effets préjudiciables à l’environnement et de soutenir les efforts internationaux visant à réduire les problèmes écologiques globaux. » Ce n’est qu’une déclaration d’intention  (p.44) !

 

Laurence Summers, vice-président de la Banque mondiale : « J’ai toujours pensé que les pays sous-peuplés d’Afrique sont largement sous-pollués : la qualité de l’air y est d’un niveau inutilement élevé par rapport à Los Angeles ou Mexico (46). » 

 

Lorsque nous échangeons une heure de notre labeur contre un produit dont la fabrication en nécessite dix, nous en volons neuf à quelqu’un. C’est une estimation très loin du compte : il faut 300 ans à un producteur de café colombien pour gagner l’équivalent du revenu médian français (64).

 

La civilisation n’a rien changé aux fins, seulement aux moyens, on ne chasse plus l’autre à coups de gourdins, mais de billets de banque. Le résultat reste le même (72).

 

Nous avons beaucoup plus à apprendre de la germination d’une plante que d’un voyage sur la Lune (104).

 

Le développement industriel dopé par l’usage d’une énergie bon marché n’aura duré que peu de temps. Les mots retrouveront bientôt leur véritable valeur que la société du superflu leur a fait perdre (196).

 

Jadis je marchais vite, roulais vite, lisais vite, aimais vite, et mal. M’éloignant de la civilisation, j’apprends la lenteur (247).

 

La Terre rencontre une planète qu’elle n’avait pas vue depuis longtemps : « Tu as bien pâle mine, lui dit celle-ci. – Je suis malade, dit la Terre, j’ai attrapé l’humanité. – Oh ! Ne t’inquiète pas, la rassure l’autre, je l’ai eue moi aussi, ça passe tout seul (236). »

 

Hervé-René pense en conclusion que si nous n’avons pas la sagesse d’apprendre à nous passer de ce qui encombre l’existence, la nature (la Biosphère ?) se chargera avec rudesse de nous l’enseigner.

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tyrannie technologique

Résumé de L’emprise des écrans (La tyrannie technologique, éditions l’Echappée)

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Travailler, consommer, se faire des amis, draguer, écouter de la musique, voir des films, lire, s’informer, voter, jouer, etc., tout cela sur un ordinateur. Désormais rares sont les activités humaines qui ne nécessitent pas la  présence d’un écran. Depuis une décennie, les écrans ont envahi les espaces publics, les supports se multiplient et nous subissons un véritable déferlement technologique : ordinateur, téléphone mobile, GPS, iPod, Palm Pilot, appareil photo numérique, caméscope, console de jeux, etc. Les moments de la journée que l’on ne passe pas devant un écran deviennent exceptionnels. Même les chômeurs doivent utiliser Internet. Des individus connectés en permanence, surinformés, se croient omniscients et tout-puissants alors que leur impuissance politique et sociale n’a jamais été aussi grande. Ne pas posséder de télévision ne nous protège pas totalement de son emprise car une véritable culture s’est développée autour d’elle, avec sa presse, ses multiples objets dérivés,  ses codes langagiers et vestimentaires, ses références historiques, ses héros et ses mythes, sa manière d’appréhender le monde.

Quand on regarde la télé ou un ordinateur, on constate une baisse de l’activité cérébrale. L’appareil nous met dans un état réceptif passif. La source lumineuse attire en effet l’œil et déclenche une adhésion immédiate, alors que la lecture nécessite une démarche, voire un effort,  relevant de la volonté. Comme le montrent les expériences, regarder un écran met en sommeil l’intellect, ramollit physiquement et – contrairement à ce que l’on pense communément -, ne repose pas du tout.  De plus l’échange direct, de visu, et la véritable rencontre se raréfient. Nous vivons de moins en moins dans le monde et de plus en plus dans ses représentations, nous vivons dans cette culture de l’illusion où règne la confusion entre le signe et ce qui est signifié. Cette réduction du réel à l’image abolit toute distance nécessaire à la compréhension des choses. D’ailleurs le neurophysiologiste Manfred Spitzer explique qu’un cerveau ne s’imprègne correctement des choses que s’il les découvre par le biais de plusieurs sens. Et, de ce point de vue, l’écran est bien pauvre en comparaison avec le monde réel.

 L’écran lance même un super-concept : « La chaîne météo qui donne le temps 24 heures sur 24 ! » Mais pour la Biosphère cela existe déjà, ça s’appelle une fenêtre…

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P.A. Taguieff

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Voici par exemple la quintessence du livre La bioéthique ou le juste milieu de Pierre-André TAGUIEFF (Fayard)

 

Le sous-titre donne l’idée de fond : une quête de sens à l’âge du nihilisme technicien.  Pour clarifier le débat sur la bioéthique, Pierre-André Taguieff identifie trois courants de pensée : la religion, le prométhéen, et l’écologie profonde.

 

Taguieff conserve une attitude ambiguë par rapport à l’écologie profonde. Parfois il en envisage les potentialités : « Ce que nous ferons en matière d’écologie dépend de l’idée que nous nous faisons de la relation entre l’homme et la nature. Plus de science et plus de technologie ne nous sortirons pas de la crise écologique actuelle tant que nous n’aurons pas trouvé une nouvelle religion ou que nous n’aurons pas repensé l’ancienne » p.313.

Parfois il est assez critique : « Par l’admiration qu’on lui porte, la nature relie la perception esthétique et la disposition éthique, le sentiment du beau et la vertu du respect. Esquisse d’un humanisme élargi qui ne se définirait pas contre tout ce qui n’est pas strictement humain, mais qui, à l’inverse, n’opposerait plus absolument le naturel et l’artificiel, au contraire d’une vision fondamentaliste et globalement anti-moderne portée notamment par les partisans de l’écologie profonde, les écosophes p.349.

 

Malgré quelques réticences, la parenté entre bioéthique et écologie profonde est récurrente dans le livre de Pierre-André Taguieff : « Le camp des défenseurs de la sacralité n’est pas occupé par les seuls théologiens chrétiens ; la diffusion de la pensée écologique a fait surgir de nouveaux adeptes de la religion de l’intouchabilité, ceux qui s’affirment, avec de bonnes raisons de le faire, les « amis de la Terre » ou les admirateurs et protecteurs de la biodiversitép.144 ».

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Alan Weisman

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Voici par exemple la quintessence du livre Homo disparitus d’Alan Weisman :

 

Après les dinosaures, l’extinction de l’espèce humaine ! C’est alors que les réseaux péniblement entretenus par des myriades d’humains se briseraient rapidement, les canalisations d’eau exploseraient avec le gel, les métros souterrains seraient envahis par les eaux, les barrages et canaux engorgés de vase déborderaient, la végétation recouvrirait le bitume et le béton, tout ce qui fait les routes et les villes, les maisons et les usines disparaîtraient du regard. Ce processus ne prendrait que quelques centaines d’années. Mais les métaux lourds comme le plomb, le mercure ou le cadmium mettraient des millénaires à être recyclés et la concentration en gaz carbonique dans l’atmosphère ne retrouverait des niveaux pré-humains que dans au moins 100 000 ans. Il faudra même attendre que les processus géologiques refaçonnent la surface de la Terre pour que soit anéanti le plastique de la poupée Barbie.

 

La lecture du livre d’Alan Weisman incite parfois à penser que le pire aurait, pour la Biosphère, la couleur du meilleur… D’autant plus qu’Alan se situe clairement du côté de l’écologie profonde, les bons sont ceux qui viennent restaurer l’harmonie et hâter la régénération de la nature : «  Nous tous, humains, sommes redevables à d’innombrables espèces. Sans elles, nous n’existerions pas. C’est aussi simple que cela, et nous ne pouvons pas plus nous permettre de les ignorer que je ne peux me permettre de négliger ma précieuse femme – ou notre mère la Terre qui nous enfante et nous garde tous. Sans nous la Terre continuera malgré tout d’exister ; sans elle, nous, nous n’existerions même pas » (p.361)

 

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Alain Gras

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Voici par exemple la quintessence du livre d’Alain Gras, Le choix du feu (chez Fayard)

 

Voici un résumé de l’idée générale du livre Le choix du feu. Alain Gras démontre à la perfection que si la Biosphère va mal, c’est à cause de l’utilisation forcenée par l’espèce humaine de la puissance du feu : l’agriculture est devenue un chaudron, l’alimentation fournit des calories en trop, les voitures correspondent au feu dans le moteur, sans oublier la bouilloire nucléaire et l’eau esclave du  feu ; même la croissance démographique a un coût énergétique majeur.

 

L’humanité avait vécu jusqu’au XIXe siècle dans un usage relativement équilibré des sources naturelles d’énergie. A un moment donné, l’Occident est sorti de cet équilibre, certes un équilibre instable, mais qui jusque là avait fonctionné comme principe de précaution, un principe implicite dans toutes les civilisations. Nous avons ainsi rompu un pacte avec la nature, un pacte qui n’était pas du tout synonyme de technophobie, comme aiment à le dire les ennemis des écologistes, mais qui au contraire laissait ouverte de multiples voies au devenir mécanique. Le choix « vapeur-chaleur » qui a été fait il y a un siècle et demi à peine allait fermer toutes les ouvertures qu’offrait l’usage des énergies renouvelables. Pourquoi l’électricité n’aurait-elle pu être produite dès le début par le vent ou le soleil ? La réaction photovoltaïque n’a-t-elle pas été découverte dès 1839 par Antoine Becquerel ? Loin d’être la conséquence d’une évolution technique, la machine à vapeur, puis à explosion, n’est qu’un hasard du devenir. Mais c’est un évènement qui crée une trajectoire technologique, celle du feu mis à la planète. L’éventualité d’affrontements cataclysmiques justifie largement la recherche, même utopique, d’une localisation des sources d’énergie et l’abandon, dans la mesure du possible, de la puissance motrice du feu.

 

Les énergies naturelles imposent des limites, elles contraignent à la prise en compte d’éléments extérieurs à la volonté de l’homme : le vent parce qu’il est instable, le bois parce qu’il se reproduit lentement, l’eau parce qu’elle délivre sa force sur des lieux précis. Le  feu de l’énergie fossile débloque ce verrouillage. Alors que les autres éléments se perçoivent dans la durée et la continuité, le feu est discontinu, il doit être produit, entretenu. Alors que le vent pousse, l’eau entraîne, la terre fait croître la plante, le pouvoir du feu passe par sa capacité à réduire en cendres, c’est-à-dire à faire retourner au néant ce qui existait avant sous forme de substance. Mais la volonté de domination des forces de la nature est un fait historique, c’est-à-dire provisoire.  Il n’y a pas d’évolution programmée.

 

Le rôle de l’industrie textile dans la révolution industrielle est considéré comme décisif car le « factory system » a permis l’expérimentation de nouvelles formes de travail et diffusé un nouveau mode de consommation en faisant baisser fortement les prix. Mais à l’époque des grands progrès des métiers à tisser, à la fin du XVIIIe siècle, était-il plus efficace de multiplier la production de tissus de coton par dix en créant une société de miséreux, ou bien de laisser évoluer le tissage artisanal à petits cadres ? L’efficacité est une réponse purement idéologique qui correspond aux intérêts des puissants du moment. En termes contemporains, ce sont les lobbies qui définissent l’efficacité. Les inventeurs de l’amélioration de la productivité par la mécanisation, l’organisation « rationnelle » du travail (autrement dit la militarisation du processus productif) et l’utilisation de l’énergie thermique (Arkwrigth, Hargreaves, Crompton, Watt, etc.) sont tous des protestants puritains originaires des Midlands ou d’Ecosse. Ainsi, c’est un territoire minuscule par rapport à la surface de la planète qui va engendrer la bifurcation de l’histoire des techniques vers la machine à feu. En 1800, les 10 millions de tonnes de charbon consommés par le monde le sont presque entièrement en Grande-Bretagne. Au milieu du XIXe siècle, on consommera en Amérique du Nord moins de trois millions de tonnes par an.

 

Mais un événement majeur, extérieur à l’histoire des techniques, la Grande Guerre, va permettre l’essor de l’industrie américain qui, depuis 1859, avait découvert une nouvelle énergie fossile, le pétrole. L’industrie a introduit ce nouveau carburant dans les mœurs, d’abord très modestement avec la lampe à éclairage, puis brutalement avec le moteur à explosion. Ce moteur sortira grand vainqueur du premier conflit mondial grâce aux camions et aux avions. La chaleur de l’explosion remplacera ainsi, peu à peu, celle de la vapeur. Sans le concours de l’énergie fossile, le capitalisme aurait peut-être survécu, mais sous des traits différents de celui d’aujourd’hui ; la question écologique ne se poserait pas du tout avec la même acuité ! Même le socialisme utopique avait abandonné, après la victoire de la vapeur, la contestation de la machine et ouvert la voie à la conception de la « neutralité » de la technique, slogan que Lénine portera au plus haut point d’aveuglement : « Le communisme, c’est l’électricité plus les soviets. »

 

En conclusion, Alain Gras fait référence à Andreu Sole : « Avec des exemples autant ethnologiques que contemporains, cet auteur analyse la manière dont chaque société imagine ses limites et pense le changement comme impossible. » Une des principales tâches d’une pensée libre consiste donc à donner du sens aux événements. Alain Gras a essayé d’ajouter un élément-clé dans la compréhension du processus social, l’idolâtrie du feu. La société thermo-industrielle entretient une dynamique fondée sur l’idée de croissance et sur un dispositif technique centré sur l’usage immodéré de la chaleur comme source de puissance. Le réchauffement climatique se trouve évidemment en arrière-plan de ce récit. La maison brûle, c’est une réalité indéniable. Ce livre n’est qu’un avertisseur d’incendie. Une remise en cause des fondements de notre existence matérielle est inévitable, tout le confort contemporain étant fondé sur la puissance du feu. Il existe une solution que de plus en plus de penseurs critiques proposent : la décroissance. Il faut rechercher systématiquement les moyens de diminuer notre dépendance thermique ; la plus grande part de la responsabilité n’incombe pas directement à la machine, mais à l’organisation sociale qui l’accompagne.

 

Les problèmes posés par les réseaux qui ne cessent de s’étendre ne sont pas nouveaux. Non seulement l’empire romain avait épuisé les sols de sa périphérie, mais aussi ceux de l’Egypte, de la Tunisie et même de la Gaulle, pour nourrir sa population urbaine. L’effondrement de Rome fut d’abord un effondrement des villes, de l’approvisionnement, des transports, de la sécurité. La migration se fit très vite des villes vers les campagnes. Après la chute de Rome, au Ve siècle après Jésus-Christ, les paysans du nord de la France firent naître des petites communautés à la place des villas des nobles gallo-romains. Ils connurent un changement de mode de vie, sans doute pas désagréable. Ce n’était pas un retour en arrière mais simplement un aller-ailleurs, et cela dura jusqu’aux Carolingiens et l’invention du vassal et du suzerain.

 

Aujourd’hui un autre monde auparavant impossible se crée ; la décroissance est un des ces impossibles nécessaires.

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Ph. Saint Marc

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Voici par exemple la quintessence d’un livre de Philippe Saint Marc, publié en 1971, qui montre que les prophètes ne sont jamais écoutés !

« Voici maintenant rompue la vieille alliance de la Genèse entre l’homme et la création et surgit, toute proche, la menace de l’Apocalypse. La crise de civilisation est désormais ouverte par la dilapidation des richesses naturelles. C’est une étape nouvelle – et sans doute la dernière – dans les relations de l’Humanité avec la Nature. Nous sommes maintenant entrés dans l’âge de la Nature, nouvelle époque où la rareté et la fragilité de l’espace naturel deviennent un problème dramatique pour l’avenir de l’homme et sa survie. C’est un tournant historique dans les relations d’affrontement entre ces deux systèmes vivants : le monde de l’homme et celui de la Nature. Il ne s’agit plus aujourd’hui de protéger l’homme contre la Nature mais la Nature contre l’homme, contre le débordement de puissance et de vitalité de l’espèce humaine, afin qu’elle n’en vienne pas, en détruisant la Nature, à se détruire elle-même.

Ce serait une étrange erreur que penser conserver la Nature en maintenant inchangé le système économique qui la détruit. Matérialisme, libéralisme, urbanisation aggravent en effet considérablement la pénurie de Nature résultat de l’encombrement de l’espace par la croissance démographique et économique. Tant que notre civilisation matérialiste donnera au milieu naturel une grande valeur lorsqu’il est détruit, une valeur faible ou nulle lorsqu’il est sauvegardé, comment s’étonner qu’il disparaisse ? La seule réponse, la clef de voûte de cette construction nouvelle est la socialisation de la Nature. Ce serait reconnaître qu’elle est le bien commun universel, qu’elle doit être ouverte à tous et que son maintien est une mission de service public. D’où la nécessité d’affecter une forte part du Revenu National à un « budget de la Nature » et d’en faire supporter le poids principal aux responsables des nuisances : les pollueurs doivent être les payeurs. Cette civilisation nouvelle devra donner la primauté aux biens immatériels sur les biens matériels, au socialisme sur le libéralisme, à la ruralisation sur l’urbanisation. 

L’indépendance des Etats est bien souvent un masque derrière lequel s’abritent les compagnies industrielles, commerciales, financières qui les ont colonisés. Nous sommes citoyens du monde. L’espace est un, commune est notre Terre. Vents, courants marins, nappes phréatiques, bassins fluviaux ignorent les frontières et tissent une solidarité écologique des territoires nationaux. Au-delà des nationalismes qui traînent leur bric-à-brac de ferraille guerrière et de haines sanglantes, sauver l’homme en sauvant la Nature est une entreprise qui peut rassembler dans une communauté d’action les hommes de toutes les races et de toutes les idéologies. Rétablir l’amitié de l’homme avec la Nature et par là même ouvrir la voie à une amitié nouvelle entre les peuples, n’est-ce pas la source d’une fraternité universelle par un idéal commun ? Aussi noble que concret, ce but  rapproche les savants autant que les industriels, les artistes autant que les juristes. »

 La socialisation de la nature (éditions Stock)

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du GEO.4 au Grenelle

Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement vient de publier (Le Monde du 28-29 octobre) son 4ème rapport Global Environment Outlook. Selon cet organisme, notre société n’affronte pas des crises séparées, la « crise environnementale », la « crise du développement », et la « crise de l’énergie » ne font qu’une. Cette crise n’inclut pas uniquement le changement climatique, les taux d’extinction de la biodiversité et des ressources naturelles (selon l’EWG, la moitié des réserves pétrolières seraient déjà épuisées, le Monde du 27 octobre 2007), mais bien d’autres problèmes liés à la croissance de la population, à la hausse de la consommation des riches et au désespoir des pauvres.

            Le Grenelle de l’environnement n’est donc pas une fin en soi, mais le début d’une révolution qui va modifier tous nos modes de vie et de pensée. Les politiques qui n’ont pas compris cela ne doivent pas être élus, les économistes qui continuent de propager l’idéologie de la croissance doivent être condamnés. 

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Grenelle-citoyen

Comment mettre le citoyen au centre d’une politique environnementale ? Tel était l’enjeu en France du Grenelle de l’environnement. On propose d’institutionnaliser les associations écologiques en leur donnant des sièges au Conseil économique et social. Mais certains pensent à juste titre que la parole des experts est insuffisante, mieux vaudrait instaurer des conférences citoyenne dites « de consensus » comme cela se pratique dans les pays scandinaves. La France a  tenté une seule fois l’expérience en 1998, sur les organismes génétiquement modifiés, mais sans la mener à terme. Pour arriver à un consensus, il faut pendant des semaines prendre en charge (hôtel, revenu de substitution…) quelques citoyens afin qu’ils puissent formuler un avis en prenant en compte tous les paramètres possibles. Mais cela présuppose aussi que leur avis aura force de loi, que les politiques s’empresseront d’entériner une décision qui fasse la synthèse entre tous les arguments, que les lobbies agro-industriels ne tentent pas de dénaturer le processus de décision, que l’ensemble des citoyens acceptent la mise en application d’une politique définie par quelques-uns seulement…

 

La révolution écologique a encore un long chemin à parcourir, chemin jalonné par des catastrophes multiples dans une Biosphère qui a été trop dénaturée par notre société thermo-industrielle. 

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greenwashing 2

Lemonde du 20 novembre 2007 met en titre haut de page « Plus écologiques, ces voitures offriront de nombreux services ». Mais dans le beau schéma qui présente la future Peugeot Expert Tepee, point d’écologie ! On ne parle que d’écran 20 pouces, de télécommande de la Carbox et autre gadgets électroniques. L’article en dessous nous présente tous ces taxis à haute technologie qui permettront demain d’endurer des embouteillages « qui ne vont pas disparaître ». Il faut attendre la fin de l’article pour qu’on nous présente des motorisations hybrides dont la Peugeot Expert Tepee n’a pas l’air d’être dotée. C’est avec des imprécisions de ce type que Lemonde peut induire ses lecteurs en erreur : pourquoi se préoccuper du monde présent puisque demain tout deviendra écolo en diable, espace et confort en prime.

 La biosphère nous signale cependant que le pic pétrolier, c’est en ce moment, que le baril de pétrole sera un jour prochain inaccessible pour le transport individuel et que si embouteillages il y a, ils se feront en vélo. Il n’y a pas de moteurs « propres » (expression employée 4 fois dans la dernière colonne), il ne s’agit que de greenwashing entrepreneurial.

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Grenelle/entreprises

Lors du Grenelle de l’environnement, les représentants du monde de l’entreprise ont senti le vent du boulet et sont restés sur la défensive. Ainsi Marc-Antoine Troletti, président de la fédération régionale (Normandie) des travaux publics : « Ce débat suscite chez nous la crainte que le monde de l’entreprise soit marginalisé. »

 

La pensée dominante pense que l’entreprise permet d’économiser les coûts de transaction, mais presque personne ne considère vraiment les externalités négatives, celles qui ne sont pas supportés par l’entreprise. Alors l’entreprise entraîne ses travailleurs, ses clients et les réseaux de distribution dans une course folle vers nulle part, mais surtout elle met en péril l’équilibre de la Biosphère. Le niveau de pression des entreprises sur le biotope (épuisement des ressources, perte de la biodiversité, accumulation des déchets…) est à un tel niveau que plus rien n’est maîtrisé si ce n’est dans l’urgence et le court terme. Alors les risques ne se partagent plus, ils s’additionnent et la gestion devient trop complexe. L’Etat ne fait que retarder l’inéluctable, il réglemente la gestion des risques sociaux, élimine une part de l’imprévisible, essaye de réguler les marchés.

 

La solution essentielle consiste à témoigner de la non-pérennité de l’entreprise elle-même. L’entreprise écologiquement propre, c’est l’entreprise qui disparaît ou qui reste artisanale.

 

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greenwashing

La Biosphère décerne une médaille en or à Pierre Bacher qui,  dans le courrier des lecteur Lemonde du 20 novembre, montre que la BMW Hydrogen 7, c’est du pipeau (pardon à la petite flûte à six trous pour cette expression toute faite) en ce qui concerne sa performance écologique.

 La Biosphère donne une mention spéciale au journal Lemonde qui accepte que le même Pierre Bacher parle de la complicité du Monde avec cette firme BMW qui se peint en vert. Un délinquant qui accepte de reconnaître sa faute est déjà sur la voie du salut…

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David Korten

Un résumé de la pensée de David Korten, auteur de Quand les multinationales mènent le monde :

 

« Ceux qui dirigent des entreprises occupent souvent les avant-postes de la destruction de l’environnement. Mais les primes et la structure juridique des entreprises leur laisse peu de place pour appliquer des critères éthiques dans leur prise de décision.. Les patrons de sociétés sont pris au piège du marché qui les oblige, s’ils veulent récolter des fonds d’investissement suffisants, à assurer aux investisseurs des profits aussi importants que ceux engendrés par la spéculation boursière. En effet la valeur des titres dépend de l’évolution du cours de l’action, ce qui incite puissamment le président de l’entreprise à faire porter exclusivement ses efforts sur la maximisation à court terme des dividendes servis à ses actionnaires. Ceux qui occupent les sommets du système exploitent ce dernier à leur avantage. Et pourtant, à bien des égards, on peut aussi les considérer comme de simples employés, certes bien rémunérés, d’un système qui sert ses objectifs propres sans aucun égard pour les intérêts des êtres humains. Prenons un exemple. Pendant des années, la Pacific Lumber Company a fait office de pionnière en s’engageant, sur ses exploitations de vieux séquoias en Californie, dans le développement de pratiques d’abattage des arbres viables et durables. Mais elle est aussi devenue une cible de choix, car le système financier, qui privilégie les profits à court terme, a surtout estimé qu’il fallait mettre un terme à cette politique jugée inefficace. Le raider Charles Gurwitz en a pris le contrôle et a immédiatement doublé le taux d’abattage d’arbres millénaires, creusant en plein milieu de la forêt un corridor large de deux mille cinq cents mètres qu’il a cyniquement baptisé « piste d’études de la faune et de la flore ». Je nourris assez peu d’espoir sur l’avenir, les forces motrices du changement ne se trouveront pas dans les rangs de ceux qui détiennent le pouvoir au sein du système actuel. Le changement naîtra parmi les individus qui possèdent la liberté et la distance nécessaire pour réfléchir. »

 

La Biosphère en déduit que l’action des humains responsables ne sera efficace que si elle est sauvage, durable, menée avec l’énergie du désespoir, comme un combat où on sait qu’on perdra à court terme, mais dans lequel on est sûr que l’avenir nous donnera raison.

 

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Quel Monde voulons-nous ?

Pour l’éditorial du journal Lemonde du 18-19 novembre 2007, tout parait simple : « Informer sur les faits ne pose que des problèmes techniques : il faut confronter les sources , vérifier les chiffres, fournir les indications les plus récentes et les plus complètes possible. En revanche, donner à tous ceux qui sont concernés des possibilités égales d’exposer leurs arguments est délicat. » Mais les faits par eux-mêmes relèvent déjà d’un parti pris conscient ou inconscient qui structure l’opinion du lecteur. Prenons un exemple tiré du même numéro, l’Opep refuse d’être tenue responsable de la flambée du baril. Bien sût les faits sont incontestables, les chefs d’Etat de l’Opep se réunissent à Riyad pour le troisième sommet depuis la création du cartel pétrolier à Bagdad en 1960. Mais le choix des citations impose une vision des choses, un article de journaliste est toujours un commentaire personnel.

Selon le ministre algérien du pétrole, « Il y a assez de pétrole sur le marché, d’autant qu’on assiste à un fléchissement de la demande ». Cette assertion est reprise plus loin, « A quoi sert de pomper plus si personne n’est là pour acheter ».  Equilibre entre l’offre et la demande, il n’y aurait donc pour les producteurs aucune raison que le baril dépasse la barre symbolique de 100 dollars, si ce n’est la spéculation ou l’affaiblissement du dollar ! Cette vision à court terme est inféodée au jeu « libre » du marché, elle ne tient aucunement compte de l’épuisement des ressources fossiles et du prochain pic pétrolier, autant dire que le lecteur ne peut avoir clairement en vue toute la problématique conjoncturel/structurel ! Demain il est vrai nous serons tous morts, mais autant mourir en toute connaissance des choses…

Pour le journaliste, il s’agit d’une réunion hautement politique dont l’ordre du jour reprend aussi bien la défense des intérêts producteurs que l’aide aux pays pauvres. Mais de son côté le secrétaire général de l’Opep rappelle à ceux qui, comme Hugo Chavez, veulent en faire une arme à visée géopolitique que l’Opep est une organisation non politique… Alors que, selon le journaliste lui-même, la naissance du cartel fut certes politique, mais n’a pas été conçu comme une arme contre l’Occident. Alors, politique ou pas politique, comment s’y reconnaître ? Il faut découvrir par une lecture attentive dans l’article que l’Arabie Saoudite, maître des variations de l’offre, est inféodé aux intérêts occidentaux, et principalement ceux des Etats-Unis. Pauvre de nous, comme le lecteur moyen peut-il s’y reconnaître ?

De plus, un article particulier se lit toujours dans un contexte général. Sur la page de droite du journal Lemonde, toujours à la rubrique « Economie&Entreprises », un  panégyrique sur l’industrie automobile qui rivalise d’annonces environnementales à Shanghai, voitures, scooters et vélos électriques, pile à combustible, la prochaine Logan de Renault très propre à 97 grammes de CO2 par kilomètre. Et juste en dessous, un autre article sur la fabrication d’un 4×4 en Corée du Sud par la même ex régie-Renault, on ne nous donne pas de chiffres sur l’émission de CO! Ce n’est pas avec une telle avalanche d’informations contradictoires que le lecteur peut se rendre compte que le règne de la bagnole est bientôt terminé ; bientôt nous manquerons de pétrole et l’énergie de substitution performante n’a pas encore été trouvée !

Ajoutons pour clore ce chapitre sur les contradictions humaines que, six pages plus loin dans Lemonde, nos futurs (rubrique Futurs) s’annoncent radieux : l’énergie solaire produite dans le désert africain pourra (« pourrait » dans le texte) satisfaire 25 % des besoins européens en 2050. Nous savons tous que Lemonde n’est pas un journal écolo, mais on comprend aussi pourquoi les comportements vers un mode de vie plus sobre ne pourra se faire que dans la douleur : notre conscience des faits n’est pas du tout préparée à des futurs qui déchantent…

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Susan George

Résumé de la pensée de Susan George, une personnalité de l’association Attac-France :

 

« Les économistes voient dans l’économie un système total auquel tout est subordonné, y compris la nature. Or quiconque ayant des connaissances en matière d’analyse de systèmes sait que les règles d’un sous-système ne peuvent régir celles du système auquel il appartient. C’est sans doute pourquoi il est si difficile de convaincre la plupart des économistes qui ne peuvent admettre que la biosphère est le système total dont l’économie humaine n’est qu’un sous-système. Pour les économistes, l’espace naturel est réduit à une source de matières premières et à un site où l’on rejette les déchets. De plus le temps du marché est à l’opposé du temps naturel, on ne peut accélérer la nature. Dans le marché, le rapide dévore le lent, on fait agir plus vite la force de travail, on fait croître plus vite plantes et animaux. Les économistes ne croient pas aux limites naturelles. Leur solution serait davantage de croissance économique, mais plus nous devenons riches, plus nous devons consacrer de ressources à la remise en état du milieu et de son nettoyage. La croissance n’est donc pas la solution, elle est le problème.

 

L’écologie place la coopération entre les individus et la nature au centre de nos choix. L’approche selon laquelle l’économie globale se fonde sur la guerre de tous contre tous ne peut que conduire à un désastre collectif. Nous sommes échoués entre un passé vers lequel nous ne pouvons retourner et un avenir fondé sur les règles brutales et sinistres de l’accumulation maximale de marchandises. La réponse n’est pas de courir au plus vite vers cet avenir effrayant, mais de s’arrêter. Reste la question cruciale : comment mettre un terme à la destruction écologique et arrêter ceux qui, actuellement, en sont les principaux responsables ? Pour cela, il ne faudra pas moins que ce que les idéalistes naïfs et les utopistes ont toujours appelé une révolution. »

 

Les politiques qui ne comprennent pas cette analyse ne doivent pas être élus, les économistes qui continuent de propager l’idéologie de la croissance doivent être condamnés.

 

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L’après-Grenelle

Question à Roland Lehoucq, astrophysicien : Quelle avancée attendez-vous d’une nouvelle politique écologique de la France ?

 

Réponse : « La prise en compte systématique, dans chaque décision politique, d’un fait incontournable : la Terre est un système fini dont notre croissance exponentielle nous fait atteindre les limites beaucoup plus vite que nous l’imaginons. L’humanité est dans la situation d’une colonie de bactéries en culture dont la population et les besoins doublent régulièrement. Insouciante, elle s’imagine que tout va pour le mieux, au prétexte qu’elle n’occupe qu’une faible fraction de la surface de sa boîte. En réalité, dès que la colonie en occupe un huitième, seulement trois temps de doublement lui suffisent pour saturer son espace vital.

 

Aujourd’hui, l’humanité double sa consommation d’énergie tous les trente-cinq ans environ. Son activité rivalise même avec les forces de la nature. Mais le compte à rebours commencé au début de l’ère industrielle est en train de s’achever. Pour que l’expérience humaine perdure, il faut prendre conscience de notre situation et agir en conséquence. Nous n’aurons pas raison contre les lois de la nature. »

 

Pour cet astrophysicien, le Grenelle de l’environnement n’est donc pas allé assez loin. Puisse tous les citoyens, élus ou non, raisonner comme ce valeureux défenseur de la Biosphère !

 

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dette écologique

Au Sommet de la Terre qui s’est tenu à Rio en 1992, la plupart des pays pauvres de la planète ont signé la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique. Cette convention prenait l’année 1990 comme « année zéro », autrement dit cela signifiait que l’on ne ferait aucune reconstitution du patrimoine des réserves mondiales de combustibles fossiles pillées auparavant depuis des décennies. Donc, d’un trait de plume, on effaçait la dette écologique des pays riches. Les Etats-Unis se comportent comme un fils prodigue de famille aristocratique, dilapidant en égoïste le legs familial, sans se soucier des effets sur le reste de la collectivité. Pourtant, du point de vue de la logique et de l’équité, le fait de puiser davantage que sa part de ressources naturelles au sein d’un écosystème à l’équilibre délicat crée une dette écologique. Rien que pour donner la mesure des inégalités actuelles, rappelons qu’entre le repas du soir pour le Nouvel An et le 2 janvier, une famille américaine aura déjà consommé, par personne, l’équivalent en combustible fossiles des besoins d’une famille tanzanienne pour toute l’année !

 

Après avoir généreusement annulé, en 1992, leur créance en charbon et hydrocarbures, les pauvres ont été payé en retour par une décennie de promesses non tenues sur le plan de l’aide au développement. A moins que les riches ne s’acquittent de leur dette écologique, il ne s’écoulera guère de temps avant que les huissiers du climat ne frappent à toutes nos portes. (dixit Andrew Simms, un des directeurs de la New economics foundation de Londres)

 

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prémonition 2

Missive au courrier des lecteurs (Lemonde, 17 mars 2005) : Bientôt un baril hors de prix

             Pendant des années, les « spécialistes » du pétrole  nous ont répété que le pétrole devait rester en dessous de 30 dollars le baril. Il est vrai que l’entente tacite entre occidentaux et Emirats avaient fixé une fourchette de fluctuation entre 22 et 28 dollars (le Monde du 9 mars) dans l’intérêt bien compris des consommateurs et des producteurs. Il est vrai qu’on nous explique encore aujourd’hui que le marché est bien approvisionné et qu’un renchérissement des cours pénaliserait les pays en voie de développement.

Les « spécialistes » et même l’Agence internationale de l’énergie nous endorment ainsi de paroles illusoires depuis trop longtemps alors que les réserves de pétrole ne peuvent durer beaucoup plus de quarante années (2050, c’est demain) et que les pays émergents ont de plus en plus soif de pétrole. Or la rareté croissante, c’est obligatoirement la montée des prix. Mais le marché ne vit qu’à court terme et ses serviteurs zélés (et bien payés) nous ont empêché de mettre en place, dès hier et avant-hier, une augmentation progressive et constate du baril de façon concertée et équitable. Ils nous ont donc précipités dans une société structurée par des déplacements individuels toujours plus longs, ce qui rend extrêmement difficile tout changement d’orientation : plus nous attendons, plus les réveils seront terribles.

Ces faux analystes, qu’ils soient consultants, directeur exécutif de l’AIE ou président de l’OPEP sont des dangers publics : on ne peut plus rêver, il faut se réveiller.

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Sanctuarisez l’Arctique !

L’érosion touche déjà plus du quart du littoral français. Le réchauffement climatique devrait augmenter la violence et la fréquence des tempêtes, le niveau de la mer s’élèverait de 18 à 59 centimètres d’ici à 2100 ; les rivages plats et sableux seront les plus agressés. C’est ce qu’on apprend dans Le Monde du 12-13 août 2007. A la même page, on lit aussi que la banquise de l’arctique est à son plus bas niveau historique.

 

Mais on nous assène dans l’éditorial les bienfaits de cette situation : la partie canadienne de l’océan arctique pourrait être libre de glaces dans une trentaine d’années, ce qui faciliterait la circulation des navires. De plus les experts (Ah, les experts !!!) estiment qu’un quart des réserves naturelles non encore découvertes de gaz et de pétrole se situent au-delà du cercle polaire. Les appétits s’aiguisent. Déjà les Russes revendiquent un statut de propriétaire en mettant un petit drapeau sous les glaces du pôle nord. Le Canada prend de son côté des mesures de nature  militaire pour renforcer sa présence en Arctique. Les grandes manœuvres commencent pour s’approprier les ressources fossiles dont on sait pourtant que leur combustion provoque le renforcement de l’effet de serre, et donc le réchauffement climatique qui détériore le littoral français et bien d’autres régions du monde. Le bien ne peut résulter du mal.

 

Pour sauvegarder l’équilibre de la Biosphère, sanctuarisons l’Arctique à l’instar du traité international qui préserve l’Antarctique depuis 1961. Que ce soit clair, il faudra prochainement se passer complètement des ressources fossiles. Le plus tôt sera le mieux…

 

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prémonition 1

Prémonition 1 : Missive au courrier des lecteurs (Lemonde 9 septembre 2004) :

Bientôt un baril à plus de 100 dollars

 

            Un expert européen estime qu’un baril à 44 dollars ne peut casser la reprise (Le Monde du 24 août). Cela me fait penser à tous ces spécialistes qui, pendant les débuts du conflit en Irak, pensaient que le marché permettrait de rester durablement en dessous de 30 dollars. Je n’ai pas grand mérite à prévoir un baril à plus de 100 dollars dans les mois ou les années qui viennent puisque le pétrole est une ressource limitée : l’ère utile du pétrole en tant que combustible s’achèvera avant le milieu du XIXe siècle, autant dire demain.

 

Or toute rareté implique un prix élevé. Le prix du pétrole est artificiellement bas depuis le début de son exploitation puisqu’il a permis aux humains de gaspiller en moins de deux siècles un don de la nature accumulée pendant des millions d’année. Le problème essentiel n’est pas seulement l’effet de serre, mais un système de croissance basé sur l’éloignement entre domiciles et lieux de travail, entre localisation de la production et centres commerciaux, entre espaces de vie et destinations du tourisme.

 

Le changement structurel qui s’est opéré sur plus d’un siècle ne peut être modifié brutalement sauf à provoquer une crise économique et sociale sans précédents. La société thermo-industrielle est très fragile puisqu’elle est basée sur une facilité de déplacement et un confort de vie issue du bas prix de l’essence et du gaz oil, du fioul et du kérosène.

 Dès aujourd’hui il faut se préparer au plus vite à des changements structurels de nos modes de vie pour éviter la pétroapocalypse. Seule une augmentation du prix du pétrole constate et progressive, dont les royalties iraient à la promotion des économies d’énergie et non aux rentiers du pétrole, permettrait une prise de conscience mondiale.

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