Le bac SES dans dix jours, un non événement ! Nos jeunes qui font la grève du climat en disant qu’aller au lycée ne sert plus à rien vu l’avenir qu’on leur réserve ont de bonnes raisons de manifester. Les « sciences » » économiques et sociales sont hors sol. Elles continuent en 2019 de se tourner vers les Trente Glorieuses : croissance et croissance, relance keynésienne ou flexibilité, rien ou presque sur la crise profonde qui ne fait que commencer. Aucune prise en compte d’une planète dévastée : réchauffement climatique, pic pétrolier, raréfaction des matières premières, stress hydrique, pénurie halieutique, etc. Les articles du « Monde » choisis par Claude Garcia pour décrocher une bonne note en sciences éco ne vont pas aider à résoudre nos multiples problèmes.
Rappelons qu’on ne peut pas être un bon économiste si on n’est pas d’abord un bon écologiste. Rappelons qu’après le premier choc pétrolier de 1974, le bac SES insistait sur les limites de la croissance : « On découvre seulement aujourd’hui que la prospérité de l’Occident était en partie fondée sur l’énergie à bon marché et sur la croyance aveugle que cette situation pourrait durer indéfiniment. Après avoir apprécié les conséquences de la « crise du pétrole » sur la croissance de ces économies, vous montrerez que le problème de l’énergie et des matières premières est de nature à transformer les rapports existants entre les économies développées occidentales et les pays « en voie de développement (Toulouse 1974) ».
Nous serons en juin 2019 très loin du sujet posé dans l’Académie de Lille en 1974, sujet qui incitait à réfléchir sérieusement sur la société de consommation : « Faire progresser une Nation, c’est faire courir les citoyens. Depuis vingt ans, les citoyens français ne courent pas mal, merci. (…) La course est harassante. Si vous l’accélérez, vous consommerez plus, mais vous aurez moins de temps pour réfléchir, pour penser, pour vire (…) Car la course à la consommation se conjugue nécessairement, même sur le plan de l’individu, avec la course à la production. Mais celle-ci déclenche à son tour de grandes perturbations dans la structure sociale. Transformer les techniques de production, renouveler matériels et méthodes, désorienter les gestes habitués, réorganiser sans cesse, détruire et reconstruire indéfiniment les programmes de travail, les réseaux hiérarchiques, les relations humaines ; modifier les circuits, les règlements ; concentrer les entreprises, en fonder de nouvelles, modifier leurs objectifs (…). La course est brutale, et plus elle est rapide, plus elle est brutale. Les forts affirment d’autant plus leur force que le train est rapide ; et dans la chaleur de l’action, le faible est souvent piétiné (J.Fourastié, Economie et Société, p.130). A la lumière de ce texte, vous vous attacherez à décrire et analyser les changements sociaux qui ont accompagné la croissance économique depuis 1945, que ces changements aient joué le rôle de moteur ou de frein à cette croissance. »
Les sciences économiques et sociales était lors de leur création au début des années 1970 un nouveauté incontestable : elle refusait la segmentation propre à l’université (sociologie d’un côté, psychologie de l’autre, histoire, économie…) pour aborder une analyse transversale de la société. Cependant les SES souffrent de trois défauts structurels. Le premier est de séparer trop ostensiblement enseignement économique et sociologique, ce qui recrée une spécialisation interne dommageable à l’apprentissage d’une perspective globale par les lycéens. Le deuxième est de ne considérer textuellement que l’économique et le social, oubliant l’importance de l’écologie dans un monde dont on a outrepassé les limites. Enfin, ces dernières années, l’orientation des SES était croissanciste, occultant le fait que l’activité économique est non seulement cyclique, mais proche d’un cataclysme civilisationnel. En l’absence de pétrole, on connaîtra une récession brutale par effondrement du PIB. En brûlant encore plus de pétrole, les perturbations climatiques deviendront insupportables. Rêvons à une profonde mutation des SES qui appliquerait les propos de Bertrand de Jouvenel (Arcadie, essai sur le mieux vivre, 1968) : « J.B. Say avait raison de noter qu’Adam Smith s’égare lorsqu’il attribue une influence gigantesque à la division du travail, ou plutôt à la séparation des occupations ; non que cette influence soit nulle, ni même médiocre, mais les plus grandes merveilles en ce genre ne sont pas dues à la nature du travail : on les doit à l’usage qu’on fait des forces de la nature (…) Une autre manière de penser, c’est de transformer l’économie politique en écologie politique ; je veux dire que les flux retracés et mesurés par l’économiste doivent être reconnus comme dérivations entées sur les circuits de la Nature (…) L’infrastructure construite de main d’homme est elle-même superstructure relativement à l’infrastructure par nous trouvée, celle des ressources et circuits de la Nature. »
Un scientifiques en biologie est un biologiste , alors pourquoi un scientifique en écologie ne serait pas un écologiste ?
D’ accord avec la dernière partie de votre commentaire mais on devrait parler de connaissances approfondies dans ces sciences (surtout la biologie / biochimie) , bases de l’ écologie et non de connaissances issues de la simple vulgarisation .
Un scientifique spécialisé en astrologie est un astrologue, si c’est en géologie c’est un géologue, un médecin spécialisé en cancers est un cancérologue, en gynécologie un gynécologue etc. etc; Et un type qui saute en parachute est un parachutiste. Que voulez-vous, c’est comme ça.
L’ écologie politique , ouais mais d’ abord l’ écologie scientifique , la vraie, celle qui étudie les relations d’ équilibre entre espèces et milieu .
Cela évitera de confier l’ écologie à des bobos gauchos genre Jadot , Mamère , Voynet , Joly ,
===> horresco referens : leurs connaissances en agit prop sont élevées mais leurs connaissances en biologie proches de zéro .
Comme je l’ ai dit , pont d’ écologie sans contrôle démographique humain qui est la base de tout !
Par définition l’écologie est une science. Ceux qui la pratiquent sont des écologues. L’écologisme est une doctrine, ou un courant de pensée, que partagent plus ou moins tous ceux qu’on nomme « écologistes », et familièrement « écolos » .
Or il se trouve qu’aujourd’hui on mélange tout, comme ici les écologues et les écolos. En plus, aujourd’hui on s’autorise à douter de tout et n’importe quoi, voire de nier certaines vérités scientifiques. Finalement, aujourd’hui chacun peut croire ce qui l’arrange. Faut croire que le Net été fait pour ça. Misère misère !
Pour moi un vrai écologiste se doit de connaître les bases de toutes ces sciences qui entrent dans l’écologie (physique, chimie, biologie…) D’autre part j’estime qu’il se doit d’avoir autant de compétences en sciences sociales (ou humaines). Et enfin qu’il se doit (du verbe devoir) de parfaire toujours plus toutes ces connaissances. Ainsi que son esprit critique. Hélas, tout ça représente du travail, des efforts, et dieu sait combien nous sommes fainéants.
Les SES sont réduites à l’économie (libérale), l’écologie est réduite au sacro-saint Développement Durable, qui s’inscrit évidemment dans l’économie (libérale). Rien que là, la boucle est déjà bouclée.
La philosophie est à peine abordée en classe de terminale, les disciplines littéraires et artistiques et tout ce qui rentre dans ce qu’on appelait « les humanités » sont jugées peu rentables, superflues, obsolètes, voire ringardes. Et pour enfoncer le clou, le formatage à la pensée libérale s’est déguisé en enseignement de l’esprit critique. Misère misère !
Partant de là, comment pourrait-il en être autrement ?