Barry Commoner, introduction à l’écologie politique

Je connaissais son nom, sans plus, on ne nous en dit rien à l’école. Il vient de mourir, nous savons enfin qu’il méritait d’être connu. Hervé Kempf fait la nécrologie de Barry Commoner. Voici l’essentiel de son article* :

« Né en 1917, Barry Commoner a grandi durant la Grande Dépression économique. Bon élève, il a obtenu un PhD (doctorat) de biologie cellulaire. En 1947, Commoner rejoint l’université Washington où il va notamment étudier l’empoisonnement par le plomb dans les bidonvilles, l’économie comparée de l’agriculture industrielle et de l’agriculture biologique, la pollution des rivières par les engrais. Commoner poursuit des recherches sur les effets des radiations sur les tissus vivants. Il étudie ainsi les retombées radioactives des essais nucléaires, à partir de 1953, documentant notamment les concentrations de strontium 90 dans les dents de milliers d’enfants.

 » La Commission de l’énergie atomique a fait de moi un environnementaliste « , dira-t-il plus tard.

En 1964, le biologiste publie dans Nature un article critiquant le réductionnisme de la biologie moléculaire, alors en pleine expansion. Dans son premier livre Science and Survival (1966), il s’attache à démontrer, à partir des problèmes de pollution chimique et radioactive, que la science n’est plus  » pure « , mais soumise aux intérêts économiques et militaires. Il affirme que la société civile a le droit de demander des comptes aux scientifiques. Dans L’encerclement (The Closing Circle, 1971), Commoner propose d’analyser la dégradation de l’environnement comme l’effet des technologies mises en oeuvre par le système capitaliste. En 1981, il développe un modèle informatique de traçage des dioxines et autres polluants le long de la chaîne alimentaire.

Barry Commoner pose clairement la question écologique comme celle de la façon dont les sociétés s’organisent, c’est-à-dire comme une question politique. »

* LE MONDE du 17 octobre 2012, Barry Commoner, scientifique américain, précurseur de l’écologie politique