Beaucoup trop d’immigrés, est-ce là un vrai problème ?

« Longtemps, le débat sur l’immigration a porté sur les aspects qualitatifs du phénomène : Faut-il privilégier la réunion des familles ou l’immigration choisie ? Les candidats diplômés ou la main-d’œuvre non qualifiée ? Choisir des quotas par profession ? Aujourd’hui, le curseur s’est déplacé : c’est la quantité d’immigrés qui est au centre du débat. Il y en a trop, tout simplement. » Ainsi s’exprime la journaliste Sylvie Kauffmann dans LE MONDE*. Peu importe l’impact, positif ou négatif, des immigrés sur l’emploi ou les aides sociale… car avec l’immigration  la densité de la population s’accroît notablement et c’est un inconvénient. Contre cette argumentation écologique, à savoir préserver en luttant contre le surnombre l’équilibre durable d’une population avec son territoire, Barack Obama veut permettre la régularisation de quelque 5 millions d’immigrés sans papiers : « Mes chers compatriotes, nous sommes et avons toujours été une nation d’immigrés. Nous aussi, nous avons, un jour, été étrangers. »

Sylvie Kauffmann conclut : « L’Europe, confrontée au plus large mouvement de population depuis la seconde guerre mondiale, doit aussi se forger une vision. Pas seulement quantitative. » Quels sont les arguments « qualitatifs » (donnés en début d’article par Sylvie), quelle réponse peut-on donner ?

En Suisse, le succès de l’industrie pharmaceutique ne serait pas ce qu’il est sans les cerveaux étrangers.

Commentaire : le brain drain ou transfert des cerveaux est un des mécanismes d’appauvrissement des pays pauvres qui subissent la captation de leurs élites intellectuelles sans parler des autres, la main d’œuvre non qualifié que pourra exploiter les entreprises du Nord, soit par l’appel aux immigrés, soit par la délocalisation.

En Suisse, les riches communes ne seraient pas aussi opulentes sans les impôts des milliardaires.

Commentaire : Prendre pour origine de la richesse les inégalités de revenus dans la société est un argument qui relève de l’idéologie libérale. La richesse des milliardaires n’est-elle pas souvent au contraire conséquence de l’exploitation des pauvres ?

L’Australie, et les Etats-Unis sont des nations et des économies bâties sur l’immigration.

Commentaire : Les Aborigènes d’Australie et les Indiens d’Amériques seraient certainement choqués par une telle phrase ; l’immigration anglo-saxonne a été un désastre pour les peuples autochtones. Barack Obama en régularisant massivement les sans papiers aujourd’hui fait un coup politique doublé sans doute d’un sentiment de compassion, mais il n’a pas encore compris que la fin des migrations est programmée sur un espace mondial clos et saturé d’humains.

C’est ce que veut démontrer un chapitre du livre « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie » : la fin des migrations sur une planète close et saturée. Comme l’écrivait René Monet : « Les écologistes devraient dire que l’immigration maintient ou accroît la pression humaine sur le milieu naturel dans des pays où, de par le recul de la natalité, cette pression pourrait s’y stabiliser sinon régresser. Ainsi il n’y aura pas de répit. L’homme va continuer à saturer l’espace planétaire à la fois par la croissance démographique et par les transferts de population. »

* LE MONDE du 30 novembre-1er décembre 2014, Immigration : la quantité au centre du débat

1 réflexion sur “Beaucoup trop d’immigrés, est-ce là un vrai problème ?”

  1. Dire que le problème de l’immigration doit être géré dans les pays sources – sans pour autant éluder notre part de responsabilité dans l’origine de leur problème démographique – n’est pas politiquement correct. Ne pas envisager sereinement le problème du point de vue de la démographie, c’est ouvrir la porte aux extrémismes. Et nous n’en sommes qu’au tout début, parce qu’en ce qui concerne l’Afrique aucune croissance économique plausible et environnementalement envisageable ne saurait résorber l’énorme problème qui l’attend dans le courant du siècle.
    Sinon, quelle solution en Europe? Une forteresse à la taille du continent? Ou de prévisibles pogroms?

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