Bilan des journées d’été des écologistes à Bordeaux

Les JDE d’Europe Ecologie Les Verts se sont tenues sur le campus de Pessac du 21 au 23 août dernier. Comme il n’y a pas eu de tapage, les médias ont occulté un événement qui rassemble deux milliers de personnes dans des ateliers de réflexion et des forums d’approfondissement. Seul a intéressé le livre de Cécile Duflot. Nous avons vu des journalistes se précipiter sur les militants qui faisaient la queue au moment de l’inscription en demandant ce qu’on pensait de la dernière petite phrase de Cécile sur François Hollande. On ne savait pas de quoi il s’agissait, ni même que Cécile venait de publier un livre ! A l’époque du tweet qui tient lieu de raisonnement en 140 mots maximum, la presse aime les raccourcis qui moussent mais qui ne signifient rien de durable. De ces universités d’été, elle n’a cherché et retenu que les dissensions, les personnalités « qui ne sont pas d’accord ». La problématique de fond, écologique, a été ignorée. …

 LE MONDE n’échappe pas à ce qu’on vient de décrire. Il veut montrer que le discours écolo ne peut que tomber à l’eau. Il ne s’intéresse pas à l’intelligence collective qu’essayait de mettre en place les militants sur le campus de Bordeaux-Montaigne, mais au choc Duflot/Placé. Selon LE MONDE, la recomposition en cours au sein d’EELV tournerait seulement autour de deux lignes, celle portée Cécile Duflot qui cherche à construire une alternative « de gauche » et celle de Jean-Vincent Placé qui défend l’idée d’une « majorité » qui pourrait aller jusqu’au centre et serait rassemblée autour du chef de l’Etat. Ces deux stratégies sont à notre avis vouées à l’échec. La notion de « gauche » a trop de sens pour rassembler et Mélenchon s’est déjà cassé les dents à vouloir constituer une gauche de la gauche. Une stratégie écolo inféodée au croissanciste François Hollande est encore plus aventureux. Le PS dorénavant va aller d’échec en échec électoral.

Mais il y a une autre voie possible, celle de « Restaurons l’écologie au sein d’EELV », bien présente aux journées d’été. C’est la seule ligne claire pour le public, une parole vraiment écolo représenté par un parti qu’on voudrait écolo. Les postes acquis par le mouvement écologiste lors d’élections n’est pas l’essentiel. Peu importe le nombre de ministres écolos si la politique gouvernementale n’est pas écolo. Ce qui prime, c’est la diffusion des idées dans la population. Le Front national n’avait quasiment aucun élu, et pourtant il commence à dépasser le PS dans les intentions de vote. Son message, simpliste, est en effet repris en boucle : la France aux Français et l’attirance du grand leader (maintenant féminin) qui résoudra tous vos problèmes. La droite et la gauche classique n’ont plus de discours audible contre cela ; c’est pourquoi Sarkozy hier et Valls aujourd’hui courent après le discours frontiste. Seule l’écologie apporte une réelle alternative, la responsabilité de chacun dans l’état de la planète et l’éloge de la sobriété partagée. EELV a d’abord une vocation de pédagogie, de formation de tous à l’écologie, et n’aura des élus crédibles qu’à cette condition. Les températures mondiales vont largement dépasser les 2°C, les ressources fossiles s’amenuisent. Les écolos qui disent qu’on court au désastre si on ne change pas sont des « cassandres » qui font peur. Pourtant Cassandre avait toujours raison,  même si elle ne paraissait pas crédible. Pourtant, et c’est un fait vérifié, l’avenir de la planète est très sombre si on n’y prête garde. C’est d’abord cela la tâche première de l’écologie politique, sonner le tocsin, et montrer qu’on peut vivre autrement. Il faut déconstruire l’imaginaire de nos sociétés de bien-être basées sur la croissance en montrant que « moins » peut vouloir dire « mieux ». L’objectif final d’EELV, c’est que tout le monde devienne écolo en pensée et en acte… Alors le président de la république française sera vraiment écolo sans avoir besoin pour être élu d’un parti politique qui se dise écolo.

 

3 réflexions sur “Bilan des journées d’été des écologistes à Bordeaux”

  1. @biosphere :
    je ne vois que Y. Cochet pour soutenir vos idées malthusiennes (que j’ approuve par ailleurs) chez EELV : la tâche de changer ce parti de l’ intérieur dans votre sens risque d’ être titanesque .
    Comment un parti qui a admis en son sein des Con Bandit , Eva Joly , Duflot , Mamère Bové et consorts peut – il être modifié ?

  2. bonjour
    Qu’attendez vous pour quitter EELV et fonder un parti réellement écologiste avec ce courant ?
    si on est pas d’accord avec la stratégie d’un mouvement ,on le quitte.
    EELV est oligarchique par ses statuts hérités de ceux du PS qui conduisent à une guerre des courants permanente.il faut innover ;par des structures tirées au sort par exemple,par la démocratie directe et non représentative etc…
    ce type de parti classique n’a aucun avenir .
    écologiquement

    1. Bonjour Charles
      Laissons à chacun le droit de choisir sa voie. Vous pouvez militer au MEI, mouvement des écologistes indépendants comme vous paraissez le souhaiter. Vous pouvez essayer de faire en sorte qu’EELV devienne vraiment écolo puisque c’est sa vocation initiale. Vous pouvez même faire de l’entrisme au PS, il y a même eu à un congrès de ce parti une motion d’orientation intitulée « pour un PS résolument écologique ». De toute façon chaque mouvement politique évolue grâce à la clairvoyance ou non de ses membres…

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