Boulimie énergétique de l’IA et de ses chefs

Devant les besoins électriques exponentiels de l’intelligence artificielle (IA), Microsoft, Amazon et Oracle veulent relier des centres de données à des réacteurs. Le nucléaire apparaît aux yeux des dirigeants de la tech comme une porte de sortie face à l’impasse énergétique vers laquelle l’intelligence artificielle risque de les conduire. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), une requête sur un assistant comme ChatGPT consommerait dix fois plus d’électricité qu’une recherche classique sur Google. Dans un moment de forte électrification tous azimuts liée à la transition énergétique, cela fait craindre des pénuries, locales ou générales. Rappelons que depuis le rapport de 1972 sur les limites de la croissance, nous devrions savoir que toute évolution exponentielle dans un monde fini se heurte irrémédiablement un jour ou l’autre à un mur. Et quand on commence à voir le mur, il est déjà trop tard pour s’arrêter, on va trop vite.

Alexandre Piquard : Dès fin 2021, Elon Musk s’était déjà prononcé contre la fermeture des centrales nucléaires. Amazon avait frappé les esprits en annonçant le rachat du campus de data centers attenant à la centrale nucléaire de Susquehanna, la sixième plus grande des Etats-Unis. Microsoft a annoncé, vendredi 20 septembre 2024, la relance de l’unité 1 de la centrale de Three Mile Island, en Pennsylvanie, fermée depuis 2019. Le symbole est fort car c’est dans ce site, sur une unité voisine, qu’avait eu lieu en 1979 un accident nucléaire ayant mis un coup d’arrêt au développement de cette technologie aux Etats-Unis. le fondateur d’Oracle, Larry Ellison : « Laissez-moi vous dire quelque chose qui va vous paraître vraiment bizarre. Nous sommes en train de concevoir un centre de données qui aura plus d’un gigawatt de puissance électrique et il y a les autorisations pour y construire trois réacteurs nucléaires. Ce sont des petits réacteurs nucléaires modulaires qui vont alimenter le site. Voilà à quel point les choses deviennent folles. » Le patron d’OpenAI, le créateur de ChatGPT, Sam Altman, investit dans une technologie du nucléaire encore plus lointaine : la fusion.

Cette conversion au nucléaire s’apparente à une dangereuse fuite en avant. L’alternative serait de limiter la consommation électrique de l’IA et de s’interroger sur son déploiement massif.

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L’intelligence artificielle = perte de temps

extraits : L’IA arrivera à ce résultat final, réfléchir à notre place, nous faire travailler à son service, nous concocter des loisirs toujours plus artificiels, multiplier les tendances néfastes de notre temps. Pourtant certains sont déjà adeptes de l’IA, ce sont les nouveaux croyants ! Mais le jour proche où l’IA écrira les livres à la place des auteurs et fera la comptabilité à la place de l’expert-comptable, seul le travail manuel offrira encore quelques perspectives d’emploi….

La science contre l’intelligence artificielle

extraits : Doit-on interdire l’IA ? Oui, répond Benoît Piédallu. Avant de conclure : « L’IA, c’est la négation même de l’homme. »….

GPT, intelligence artificielle et/ou collective

extraits : Avec ChatGPT, tout se passe désormais comme si créer une œuvre consistait à assembler des extraits d’œuvres antérieures. De notre point de vue d’écologistes, c’est l’imaginaire social qui conditionne nos comportements. Nous sommes bercés par l’imaginaire des partisans des jolies centrales nucléaires tellement propres et de l’imaginaire extractiviste. Nous sommes victimes de la colonisation de notre imaginaire par le productivisme et le croissancisme….

L’intelligence artificielle, LA solution ?

extraits : Pour Hugues Bersini, l’intelligence artificielle est en mesure de résoudre des problèmes majeurs. Mais pas n’importe comment. Certainement pas en confiant l’affaire à des entreprises privées à but lucratif, fussent-elles créées par des petits génies de la technologie, car la recherche du profit ne peut conduire qu’à l’injuste répartition des malheurs et des bonheurs qu’apporte la société numérique. Ni à des États potentats, fussent-ils conseillés par les meilleurs « experts », car la technocratie gestionnaire ne parvient jamais à l’efficacité collective, mais à la manipulation des cerveaux et des opinions. L’auteur en appelle donc à un « codage citoyen »….

8 réflexions sur “Boulimie énergétique de l’IA et de ses chefs”

  1. Pour en revenir à la consommation d’électricité :
    – « Les data centers consomment entre 2 et 3 % de l’électricité mondiale[…] En 2023, ces infrastructures ont consommé environ 350 TWh » (Comprendre la consommation énergétique des data centers – socomec.fr)
    – « les centres de données associés à l’IA et aux cryptomonnaies ont consommé près de 460 TWh d’électricité en 2022, soit 2 % de la production mondiale» (IA générative : sa surconsommation énergétique par rapport à une simple requête internet a été chiffrée, et elle est considérable – sciencesetavenir.fr)

    En additionnant ces chiffres ça nous fait environ 810 TWh.
    Pour comparer, la consommation d’électricité en France en 2023 est de 445 TWh.
    Maintenant je ne sais pas s’il y a lieu ou pas de les additionner. Qui peut me le dire ?
    (à suivre)

    1. Quoi qu’il en soit, d’un côté ON nous dit que ça va continuer à augmenter (Business as usual), de l’autre ON se pose des questions. Comment produire autant d’électricité, comment refroidir tout ça, etc. Et bien sûr il n’y a pas 36 solutions.
      Mais seulement 2 et toujours les mêmes : le Nucléaire et les Innovations.

      Ah non j’en oublie une. Et donc ça nous en fait 3, des «solutions» :
      – « Selon sa dernière étude, créer une image en haute définition avec une IA consomme autant d’énergie que de recharger entièrement un téléphone portable. « L’idée n’est pas de s’opposer à l’IA, mais de l’utiliser de manière judicieuse », conclut-elle. »
      ( à la fin de l’article sciencesetavenir.fr )
      => L’IA doit donc être utilisée de manière judicieuse ! Autrement dit intelligemment.
      Pour moi le TOP serait que l’IA soit capable de trier, elle-même, entre ce qui est intelligent et ce qui est complètement con. ON peut rêver non ? 🙂

  2. BOULIMIE ! C’est bien de ça dont il s’agit, d’une maladie de la tête.
    – Boulimie alimentaire : voir le nombre d’obèses, le gaspillage…
    – Boulimie de déplacements : voir le nombre de kilomètres, de vols aériens…
    – Boulimie de performances et de records : toujours plus haut, plus vite et plus fort !
    – Boulimie de loisirs, d’activités et d’innovations de toutes sortes…
    => Boulimie de Consommation de conneries en tous genres !
    Et bien sûr derrière tout ça, la Boulimie Énergétique.

    Dans ce domaine, l’Énergie, je me réfère à Janco. Et garde à l’esprit les quelques 500 «esclaves énergétiques» dont dispose 24H/24 le Petit-Bourgeois-Occidental (PBO).
    C’est à dire Vous et Moi, autrement dit ON. (à suivre)

    1. (suite) Je me souviens qu’ON disait, il n’y a pas longtemps, qu’une recherche sur Google coûte autant d’énergie que pour chauffer une tasse de café. Comme je ne bois pas de café, ni de thé, je m’offre donc le luxe, parce que je le veau bien… de vous en offrir la Preuve. Parce que vous le valez bien vous aussi. 🙂
      – Une recherche Google a un coût… énergétique (Le MONDE 12 janvier 2009)

      Mais ça c’était AVANT. Le Covid, la guerre en Ukraine, les JO à Paris, l’IA et tout ça.
      Aujourd’hui Janco ferait bien de revoir ses calculs.
      ON nous dit que les innovations (à la con) permettent d’AVOIR et de FAIRE… TOUJOURS PLUS… tout en consommant TOUJOURS MOINS d’énergie (en émettant moins etc.)
      Sauf que ce qu’ON appelle «Découplage» est un mythe. Une connerie !
      Et donc pour moi 500 ce n’est pas assez ! (à suivre)

      1. (et fin) Un seul exemple (tout est lié), le papier. Qu’il faut économiser… pour sauver la planète et patati et patata. Du coup ON ne délivre plus les tickets de caisse. Désormais TOUT est sur le Smartphone (Internet) !
        Et en même ON emballe et sur-emballe les produits, ON remplit les boites à lettres de Pub, comme si ON n’en avait pas assez comme ça sur le Net et partout !
        Du grand n’importe quoi ! Mais jusqu’ou croit-ON aller comme ça ?
        Avec une telle exponentielle… imaginons que le PBO en soit arrivé au stade d’avoir «besoin» de 10.000 «esclaves énergétiques»… Où va-t-ON les trouver ?
        Sur une autre planète, probablement.
        Et là ON pleurnichera parce que 10 milliards ce n’est pas assez. 🙂

  3. Nous avons substitué des machines à nos muscles, nous substituons maintenant des ordinateurs à notre cerveau, oui c’est une évolution inquiétante.
    Nous abdiquons par paresse et laissons tomber notre capacité à réfléchir.
    Le GPS (que j’admire pour sa technicité mais déteste pour ce qu’il implique) nous a déjà déchargé de toute « compréhension » de la géographie (je reste fidèle aux cartes papier)
    Il est temps d’aller en sens inverse et de reconquérir le champ de l’intelligence. Que les élèves fassent leur rédaction avec leur cerveau plutôt que de les sous traiter à ChatGPT qui finira (il commence déjà) à nous dire quoi penser.

    1. Je vous donne entièrement raison. Nous sommes devenus des gros fainéants !
      Ou des petit-bourgeois, si vous préférez. Non ? Ah bon…
      En tous cas fainéants dans tous les domaines. Tout ce qui touche à l’Effort, bien évidemment. Et bien sûr celui de la Réflexion. Par contre pour déconner, là nous ne le sommes pas, fainéants. De tous les côtés nous sommes désormais assistés, et guidés… pour tout et n’importe quoi ! Pour ouvrir et fermer les volets de la maison, les vitres de la Bagnole, pour FAIRE nos achats, nos courriers, nos démarches, une simple petite addition, nos devoirs si ON est encore à l’école, etc. etc. Bref, dans ce genre de finalités et d’utilisations l’IA (dont ChatGPT) est une catastrophe !

    2. Quant au GPS… je serais moins sévère. Pour les ballades en montagne, moi aussi j’en suis resté aux bonnes vieilles cartes papier, la boussole et l’alti. Mais je dois être honnête… j’avoue en avoir de moins en moins besoin. En plus, je n’ai plus mes yeux d’antan. Et j’ai donc besoin d’une loupe pour lire les cartes. Bref, comme je ne pars plus à l’aventure, en terre inconnue, je n’ai plus besoin de tout ça.
      Par contre, depuis qu’un ami m’a filé son vieux machin d’«assistance à la conduite», Tomtom ou un truc comme ça, eh ben avec ma femme ON ne s‘engueule plus. Quand ON part un peu loin. Faut juste comprendre qu’en tant que copilote, pour lire les cartes papier elle est nulle ! Merci donc le GPS. Et enfin n’oublions pas qu’il faut économiser le papier. (À 11:30)

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