La science contre l’intelligence artificielle

Avec l’intelligence artificielle (IA) – dont l’un des derniers avatars, ChatGPT, continue de faire couler beaucoup d’encre –, « on a ouvert la boîte de Pandore », nous disait récemment Benoît Piédallu, membre de l’association La Quadrature du Net, qui « promeut et défend les libertés fondamentales dans l’environnement numérique ». En cause, selon lui ? D’un côté, les politiques, « subjugués par ces technologies issues de la Silicon Valley », qui « ont du mal à [en] percevoir les risques », notamment « en termes de manipulation de masse ». Et de l’autre, les concepteurs et les vendeurs de ces systèmes, qui doivent être « tenus comme pénalement responsables de leurs conséquences néfastes sur la société ».

Alors, doit-on interdire l’IA ? Oui, répond Benoît Piédallu, rejoint par Cédric Sauviat, président de l’Association française contre l’intelligence artificielle (AFCIA), à qui Sciences Critiques avait ouvert ses colonnes en 2018. « L’IA ne doit pas proliférer ! », avance ce dernier, qui fustige en passant les « usines à gaz » éthiques. « L’erreur fondamentale que commettent en permanence [les comités d’éthique], c’est de nier ce que représente et ce qu’est profondément la vie humaine », avance le président de l’AFCIA. Avant de conclure : « L’IA, c’est la négation même de l’homme. »

Deux nouvelles publications sur le site de Sciences Critiques :
> « Le système de soins actuel favorise une forme de maltraitance par défaut d’humanité ». Trois questions à Régis Aubry.
Dans un avis rendu public fin 2022 et remis au ministre de la Santé, François Braun, le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) tire les « 
leçons de la crise sanitaire et hospitalière ». Selon le CCNE, l’épidémie de Covid-19 a révélé une « crise morale » au sein de l’hôpital public et la souffrance des professionnels de santé. Parmi les maux qui touchent le système de santé français : la « technicisation » accrue de la pratique soignante, qui privilégie les actes techniques au détriment de la relation de soin. Trois questions à Régis Aubry, chef du service de soins palliatifs du centre hospitalier universitaire (CHU) de Besançon et rapporteur de l’avis du CCNE.

> Le forçage génétique, « un pouvoir de domestication de la totalité du vivant ». Un article de la rédaction.
La recherche en génie génétique explose ces dernières années. L’un de ses derniers avatars, encore largement méconnu – le forçage génétique –, passionne et inquiète par ses potentielles répercussions sociales, biologiques, militaires et commerciales. Dans le premier rapport international sur le forçage génétique, trois groupes de scientifiques dressent un état des lieux de cette technologie. « 
Le forçage génétique impose une attention urgente », note leur rapport, qui, en conclusion, ouvre des pistes pour s’opposer à son développement.

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Anthony LAURENT, Rédacteur en chef

3 réflexions sur “La science contre l’intelligence artificielle”

  1. – « on a ouvert la boîte de Pandore »
    C’est sûr. Et encore s’il n‘y avait qu’avec ça.

    – « D’un côté, les politiques, « subjugués [etc.] Et de l’autre, les concepteurs et les vendeurs de ces systèmes [etc.] » (Benoît Piédallu)
    Sans oublier le con-sot-mateur subjugué par toutes ces innovations à la con.

    – « Alors, doit-on interdire l’IA ? »
    Je serais moins radical que Benoît Piédallu et Cédric Sauviat. La juste mesure bordel !
    Qu’elle ne doive pas proliférer, OK. Mais d’abord de quoi parle t-on ? Laissons tomber l’intelligence tout court, la collective n’en parlons même pas, c’est quoi l’IA ? Une calculette est-ce de l’ lA ? Si oui, doit-on interdire les calculettes ? Des médecins nous disent que l’lA permet désormais d’accomplir certaines tâches bien mieux que ne peuvent le faire les humains. L’interprétation des radiographies par exemple. Doit-on interdire ce genre d’application ?
    ( à suivre )

    1. Là encore, je crois que le vulgum pecus ne sait plus trop où il en est. Pas spécialement parce qu’il est trop con, par nature ou par manque de culture, mais parce que le monde est devenu beaucoup trop complexe. Bien trop compliqué à comprendre. Notamment parce que nous avons perdu le sens de la juste mesure depuis maintenant trop longtemps.
      ( Le (sur)nombre ne saurait expliquer une telle complexité. )
      Quant aux gros cerveaux (nos élites), au mieux ils n’excellent que dans leur spécialité. Sauf que celle-ci (domaine de compétence) est très limitée. La biologie, par exemple, couvre des domaines aussi variés que la génétique, la physiologie, l’écologie, l’ethnobotanique etc. C’est pareil pour toutes les sciences. Il ne faut donc pas s‘étonner de voir tel ou tel grand spécialiste (avec ou sans « ») débiter d’énormes inepties.

      – « Alors, doit-on interdire l’IA ? »
      Ma réponse sur “L’intelligence artificielle, LA solution ?”

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