Une tribune de Brice Lalonde dans LE MONDE est en fait un panégyrique de l’énergie nucléaire sous prétexte des émissions de gaz à effet de serre économisées par les centrales françaises. Rappelons qu’en France nous n’arrivons pas à construire une seule centrale EPR, rappelons que l’uranium n’est pas une source d’énergie renouvelable, rappelons que dans le monde l’énergie nucléaire est marginale et le restera. Du point de vue des écologistes, l’énergie la plus durable est celle qu’on ne consomme pas. Les Inuits passent l’hiver boréal dans un igloo, à zéro degré Celsius au ras du sol. Dans la France des années 1960 et dans la plupart des foyers, on ne chauffait pas le logement, on vivait couvert en hiver, dehors et au dedans, la nuit on se blottissait sous les duvets en plume d’oie. Demain avec la descente énergétique il faudra principalement compter sur l’énergie endosomatique, celle de notre propre corps ; c’est tellement plus écolo d’isoler des corps qui fonctionnent naturellement à 37 degrés plutôt que de se chauffer au bois, au gaz ou au nucléaire. La maison passive, c’est la maison qu’on ne chauffe pas.
Voici un résumé de l’argumentation de cet ancien ministre de l’environnement (1988-1992), adepte d’une écologie superficielle : « La performance énergétique (DPE) d’un bâtiment est déterminée par deux seuils : l’un pour l’émission de CO2, l’autre pour la consommation d’énergie. La contrainte CO2 n’existe pas, le DPE nouveau la « desserre » de 30 % par rapport à l’échelle précédente, qui était déjà bien clémente. Calée sur les émissions des logements chauffés au gaz, elle fait du gaz la référence comme si l’État considérait cette énergie fossile comme le compagnon de route préféré du climat. C’est donc la performance énergétique qui continuera à déterminer le classement, et non la performance climatique. Or les deux ne se recouvrent pas. L’économie d’énergie est bien entendu un moyen au service de la réduction des émissions quand il s’agit des énergies fossiles responsables du dérèglement climatique. Mais lorsque l’énergie est décarbonée, elle n’affecte pas le climat. Centrer l’action climatique sur l’économie d’énergie au lieu de la réduction des émissions de CO2, c’est taper sur le mauvais clou. C’est bien l’électricité décarbonée et qu’il faut favoriser. Dès lors, paradoxe ultime, nos propriétaires de logements mal classés dans le DPE parce que chauffés à l’électricité ont un moyen simple d’améliorer leur classement : c’est de passer au gaz ! Voilà comment les émissions de CO2 augmenteront, en dépit des engagements solennels, en dépit de la volonté du Parlement. L’aversion pour le nucléaire est demeurée le dogme fondateur du parti Vert, entraînant sa volonté absurde d’interdire le chauffage électrique…. »
Pour en savoir plus sur Brice Lalonde grâce à notre blog biosphere :
13 août 2018, L’écologie superficielle et irréaliste de Brice Lalonde
6 novembre 2015, Le ciel nous tombe sur la tête, Brice Lalonde aussi !
Le raisonnement de Brice Lalonde : « L’étiquette de performance énergétique du DPE est faussée en faveur des énergies fossiles parce qu’elle est mesurée selon la règle de l’énergie « primaire », une astuce bien connue pour pénaliser l’électricité. En effet, la performance énergétique d’un logement chauffé à l’électricité est mesurée en ajoutant à sa consommation réelle, mesurée et facturée, une estimation arbitraire de l’énergie nécessaire pour produire cette électricité.
Alors qu’il est légitime pour l’occupant d’un logement de réguler sa consommation en se fondant sur ce qu’il a réellement consommé et payé, qu’on appelle l’énergie « finale », une règle discrétionnaire lui imposera au contraire la source d’énergie préférée d’un clan politique. Mais si cette règle de l’énergie primaire était utilisée dans les transports, elle bannirait les véhicules électriques.
Brice Lalonde (suite) : Alors qu’il est légitime pour l’occupant d’un logement de réguler sa consommation en se fondant sur ce qu’il a réellement consommé et payé, qu’on appelle l’énergie « finale », une règle discrétionnaire lui imposera au contraire la source d’énergie préférée d’un clan politique. Mais si cette règle de l’énergie primaire était utilisée dans les transports, elle bannirait les véhicules électriques. Pourtant, c’est bien l’électricité qui est décarbonée et qu’il faut favoriser. Dès lors, paradoxe ultime, nos propriétaires de logements mal classés dans le DPE parce que chauffés à l’électricité ont un moyen simple d’améliorer leur classement : c’est de passer au gaz ! Voilà comment les émissions de CO2 augmenteront, en dépit des engagements solennels, en dépit de la volonté du Parlement.
– « L’économie d’énergie est bien entendu un moyen au service de la réduction des émissions quand il s’agit des énergies fossiles responsables du dérèglement climatique. Mais lorsque l’énergie est décarbonée, elle n’affecte pas le climat. » (Brice Lalonde)
Puisque l’économie d’énergie n’est pas sa priorité, on peut se demander si Brice Lalonde ne rêverait pas, des fois, d’une énergie abondante voire illimitée, et qui bien sûr n’affecterait pas le climat. Ce qui serait alors, à tous points de vue, une catastrophe. 😉
Le 14 avril dernier Biosphère nous apprenait que le président Macron était VENDU à l’agro-industrie.
Aujourd’hui nous apprenons que Brice Lalonde est lui aussi un VENDU. Qu’il s‘est donc fait acheter non pas par l’agro-industrie, mais cette fois par le le lobby nucléaire. Jancovici et tant d’autres seraient-ils eux aussi des VENDUS ?
J’ai déjà dit que nous devrions faire attention aux mots que nous utilisons. D’un côté Biosphère nous invite à peser nos mots, à faire preuve de modération, déplore le fait qu’il n’y a plus de langage commun, nous appelle à développer «l’intelligence collective» etc. Et de l’autre il colle l’étiquette «VENDU» comme ça… avec la même légèreté que lorsqu’on catalogue Pierre, Paul ou Jacques, de POUR ou CONTRE, de GAUCHE ou de DROITE etc. etc.
Le Pognon n’ayant pas d’odeur, après tout peu importe d’où il vient, un euro reste un euro et un vendu reste un vendu. Tout le monde a certainement entendu parler des conflits d’intérêts, toutefois je pense que beaucoup devraient approfondir la question. Nul besoin de percevoir de l’argent de tel ou tel lobby, de tel ou tel parti etc. pour être soumis à un conflit d’intérêt, et encore moins être un VENDU.
Brice Lalonde a longtemps été ANTi-nucléaire et maintenant il est plutôt PRO. D’abord il n’est ni le premier ni le dernier à retourner sa veste, que ce soit dans un sens ou dans un autre. Parmi ceux qui votent à droite, voire extrême droite, combien ont-ils durant des années voté à gauche ? Peut-être même que l’inverse existe, eh va savoir. Ne dit-on pas qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais d’avis ?
Le fait d’être PRO ou ANTi ne doit pas nous empêcher d’écouter les arguments d’en face. Ni même de les trouver parfois justes. Lorsque j’entends lors de débats, certains politiques ou militants dire «je ne comprends pas qu’on puisse être POUR (ou CONTRE, ceci ou cela )» ça me désole. J’ai alors envie de leur dire «Mais qu’est-ce que vous foutez là si vous ne voulez pas faire l’effort d’essayer de comprendre ?»
– « Centrer l’action climatique sur l’économie d’énergie au lieu de la réduction des émissions de CO2, c’est taper sur le mauvais clou » (Brice Lalonde)
C’est là un point de vue qui mérite d’être écouté et analysé. Pour Lalonde les économies d’énergie ne seraient pas la Priorité. Toutefois il précise :
– « L’économie d’énergie est bien entendu un moyen au service de la réduction des émissions quand il s’agit des énergies fossiles responsables du dérèglement climatique. Mais lorsque l’énergie est décarbonée, elle n’affecte pas le climat. »
La réduction des émissions et le Climat sont donc pour lui la Priorité. Reconnaissons déjà qu’il n’est pas le seul à le penser et à le dire. Et que cette position suffit déjà à vous classer dans la famille ÉCOLO.
– « L’aversion pour le nucléaire est demeurée le dogme fondateur du parti Vert, entraînant sa volonté absurde d’interdire le chauffage électrique…. » (Brice Lalonde)
Peu m’importe ici «le dogme fondateur du parti Vert», s‘il y a quelque chose qu’on peut qualifier d’ABSURDE c’est bien le chauffage électrique. Une véritable aberration !
Rappelons qu’en même temps qu’elle lançait le programme nucléaire dans les années 1970, la France a lancé la notion de «tout électrique», notamment pour le chauffage.
Résumons le processus : On chauffe de l’eau pour produire de la vapeur, pour faire tourner des générateurs, pour produire de l’électricité. Tellement que ça chauffe on réchauffe l’eau du fleuve qui sert à refroidir la marmite. Cette électricité circule ensuite dans des câbles, une partie est perdue en chaleur, et enfin elle arrive à une résistance électrique. Les Shadoks n’auraient pas pu faire mieux.
Les autres pays ont essentiellement recours au gaz fossile et au fioul pour chauffer les logements. D’un point de vue climatique, c’est pire. Donc Brice Lalonde a raison, et pour reprendre des mots de Biosphere, on peut dire que les opposants au nucléaire sont des VENDUS aux multinationales pétrolières et gazières.
Notez qu’on peut faire du chauffage électrique plus malin, avec des pompes à chaleur.
Allons allons Thierry C, cela vous ferait-il plaisir qu’on dise comme pour Brice Lalonde que vous êtes un VENDU au lobby nucléaire ? Je vous laisse alors imaginer ce que nous pourrions attendre de tous ces vendus de tous les côtés, de leurs «débats», de leur intégrité, de leur loyauté, de leur lucidité etc.
Personnellement je préfère vous voir comme un PRO-nucléaire particulièrement convaincu (en un seul mot). Et de mon côté, même si je me situe dans le camp des opposants au nucléaire, je ne suis pas pour autant un VENDU aux multinationales pétrolières et gazières. NON, le monde n’est pas binaire, avec d’un côté des salauds ou des vendus etc. et de l’autre des gens biens voire parfaits.
Pour en revenir au chauffage, pour moi le plus important reste l’isolation des bâtiments. Justement pour économiser l’énergie.
Je maintiens que le chauffage électrique est une aberration (égarement de l’esprit). Lorsqu’on transforme l’électricité en chaleur (effet Joule) on la gaspille. Une pompe à chaleur c’est certes bien plus malin qu’un radiateur électrique, mais beaucoup moins qu’un gros pull et un caleçon. N’oublions pas que les centrales électriques (nucléaires ou conventionnelles) n’échappent pas au principe de Carnot. Leur rendement est de l’ordre de 35%. Tout le reste est perdu en chaleur. En comparaison le rendement d’une chaudière de chauffage est d’au moins 85 ou 90%.