LE sujet qui perturbe nos députés : la suppression des panneaux signalant la présence de radars fixes sur les routes. La démagogie de nos députés est sans égale, car rouler vite est criminel. Ce n’est pas simplement 4 000 morts chaque année en France suite à un accident de la route. Rouler vite est un crime contre la planète. En effet notre goût de la vitesse est en décalage complet avec la contrainte énergétique qui émerge : nous avons passé le pic pétrolier et le réchauffement climatique fait déjà ses effets. Comment diminuer d’un facteur 4 nos émissions de gaz à effet de serre sans modification lourde de nos habitudes ? Les députés ne représentent pas seulement des électeurs fous du volant, ils doivent agir au nom de l’intérêt général, celui des générations présentes comme celui des générations futures. « Se faire insulter » comme l’a été le député de Seine-et-Marne ou « en prendre plein la gueule » comme le député des Bouches-du-Rhône n’est pas une raison pour manquer à ses devoirs : ce ne sont pas les vociférations qui peuvent faire une politique. Le Premier ministre, de droite comme ses députés démagogues, leur rétorque à juste titre qu’il y a des « moments dans la vie politique où il faut assumer ses responsabilités ».
Nos responsabilités, nous les connaissons officiellement depuis 2005. L’Agence Internationale de l’Energie, cette officine chargée depuis 1974 de défendre les intérêts des pays consommateurs, avait changé de discours. Le mot d’ordre devenait dans son rapport annuel : « Economisez l’énergie, économisez le pétrole ! Et diversifiez-vous, s’il vous plaît. Sortez du pétrole ! » Le directeur des études économiques de l’AIE avait déclaré : « Le pétrole, c’est comme une petite amie, vous savez depuis le début de votre relation qu’elle vous quittera un jour. Pour qu’elle ne vous brise pas le cœur, mieux vaut la quitter avant qu’elle ne vous quitte. » L’AIE invitait donc les gouvernements à préparer une série de mesure, par exemple réduction à 90 km/h de la vitesse sur autoroutes…
En août 2005, le Premier ministre français avait réuni les dirigeants du secteur de l’énergie. Le ministre des transports avait fait valoir que si l’on réduisait la vitesse de 15 km/h sur autoroute, le prix du plein resterait le même qu’avant la hausse du pétrole ». Le ministre de l’industrie insiste : « Il faut donner quelques signaux forts pour que tout le monde comprenne qu’il est concerné et pour longtemps par la hausse des prix du pétrole. On peut imaginer par exemple une réduction de la vitesse sur les autoroutes à 115 km/h ». Nous sommes en 2011, rien n’a été fait parce que les députés, de droite comme de gauche, écoutent les vociférations des automobilistes.
Editorial du Monde (25 mai 2011) :
« Gouverner, c’est comme conduire : il faut choisir. En l’occurrence entre la responsabilité, quelle qu’en soit la rudesse, et un laxisme dont les motivations électoralistes ne sont pas glorieuses. »
Une démocratie, c’est le pouvoir confié aux électeurs. Or ces derniers sont parfois employés par une société commerciale qui a ses propres intérêts, préfèrent généralement recevoir sans payer que payer sans recevoir, et décident sur la base d’une information qui est toujours partielle. Dès lors, il n’est pas étonnant que les mandataires de ces mêmes électeurs, c’est-à-dire les élus, au surplus pas toujours mieux informés que leurs électeurs, aient des critères de choix qui ne sont pas l’expression de la rationalité la plus pure.
Jean-Marc Jancovici dans son dernier livre
Une démocratie, c’est le pouvoir confié aux électeurs. Or ces derniers sont parfois employés par une société commerciale qui a ses propres intérêts, préfèrent généralement recevoir sans payer que payer sans recevoir, et décident sur la base d’une information qui est toujours partielle. Dès lors, il n’est pas étonnant que les mandataires de ces mêmes électeurs, c’est-à-dire les élus, au surplus pas toujours mieux informés que leurs électeurs, aient des critères de choix qui ne sont pas l’expression de la rationalité la plus pure.
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