Le tout premier débat de l’élection présidentielle a eu lieu le 27 septembre entre les quatre candidats à la primaire écologiste, Yannick Jadot, Michèle Rivasi, Cécile Duflot et Karima Delli. Sur la légalisation du cannabis, c’est probablement le sujet sur lequel les quatre candidats se rejoignent le plus. Tous sont favorables à la légalisation du cannabis, à condition que celle-ci soit « encadrée ». Les écologistes sont donc le seul parti dont tous les candidats à l’élection présidentielle sont favorables à la légalisation et non à la seule dépénalisation du cannabis*.
Constatons d’abord qu’il ne s’agit pas d’une position d’écologistes, mais d’une revendication portée par une gauche libertaire. En tant que chef de parti Cécile Duflot avait déclaré publiquement en juin 2012 : « Il faut considérer que le cannabis, c’est comme l’alcool et le tabac, même régime ; une politique de santé publique et de prévention, notamment vis-à-vis des plus jeunes. » Nous savons combien il est difficile de résister à l’addiction à l’alcool ou au tabac, il n’est nullement besoin de favoriser une drogue supplémentaire. D’autant plus que le cannabis est un produit importé, un comble quand on prône la relocalisation. Quant au cannabis produit sous serre, bonjour la consommation d’énergie ! Aux surfaces cultivées pour produire de l’alcool, du tabac ou du cannabis, on ferait mieux de privilégier les cultures vivrières et de laisser le plus possible de surface non cultivées pour la biodiversité. Un peuple écolo est un peuple exemplaire, il ne fume ni tabac, ni cannabis. Simplicité volontaire oblige. Rappelons que le principe actif du cannabis, le THC tétrahydrocannabinol, est inscrit sur la liste des stupéfiants. Des doses fortes entraînent rapidement des difficultés à accomplir une tâche, perturbant la perception du temps, la perception visuelle et la mémoire immédiate, et provoquent une léthargie**. Est-ce cela qu’on attend d’un écolo, l’inconscience citoyenne ?
Les pro-légalisation ne développent pas une pensée écologiste mais une pensée libertaire, dont il faudra bien un jour apprécier la compatibilité avec l’écologie politique. La pensée libertaire, comme la pensée libérale, est fondée sur l’individualisme, elle tend à distendre les règles et les normes sociales : « Je fais ce dont j’ai envie. ». Si les sociétés humaines ne doivent pas prendre modèle sur les enfermements totalitaires, l’individu et la satisfaction de ses désirs ne peuvent toutefois pas être le principe ultime qui commande l’organisation sociale.
* LE MONDE du 28 septembre 2016, Qu’est-ce qui différencie les candidats à la primaire écologiste ?
** Drogues, savoir plus, risquer moins (www.drogues.gouv.fr)
Ho mon Dieu, vous confondez tellement de choses…
Prôner la régulation du cannabis par l’Etat, ce n’est ni une position écologiste, ni libertaire. C’est rapidement oublier qu’aujourd’hui le cannabis est vendu par des mafias, est frelaté et pose certains soucis de santé publique.
Ne pas le prendre en compte, c’est laisser la société se déliter.
Alors oui, la drogue c’est mal. Mais elle existe et existera toujours. Sa prévalence est la conséquence directe de la prohibition.
Ne pas voir les bienfaits potentiels de la légalisation, c’est en partie agir en faveur des mafias.
Etes-vous vraiment de ce côté ?
Dans ce débat, vous retombez tous dans le piège que connaissent bien les toxicomanes, celui d’attribuer une toute puissance au produit qu’ils utilisent. Une drogue, quelle qu’elle soit, n’a jamais fait à elle seule un toxicomane. Il n’y a addiction que s’il y a rencontre entre un produit, une circonstance, une personnalité. Tous les buveurs de vin ne sont pas alcooliques, tous les fumeurs de joins ne sont pas toxicomanes… Si l’un de ces trois éléments manque, il peut y avoir consommation festive, expérience passagère, manifestation d’une révolte…, mais pas dépendance. C’est pour cela que la prohibition seule n’a jamais fonctionné, pas plus que la seule répression, pas plus que la seule prévention.
En outre, le cannabis, comme l’alcool et le tabac, fonctionne comme un médicament (en grec, pharmacon désigne aussi bien le médicament que le poison) et pour certains, les dégâts sanitaires, psychologiques, sociaux d’une privation sont plus importants que les dégâts du THC. En vingt ans de travail auprès de toxicomanes, il m’est souvent arrivé de me réjouir que tel ou tel se soit drogué, faute de quoi il se serait suicidé, tant son parcours depuis la toute petite enfance avait été chaotique, anxiogène, mortifère.
Le problème n’est donc pas de savoir si le cannabis doit être dépénalisé ou légalisé, encore moins de savoir si nos positions relèvent de la pensée libertaire, néolibérale ou écologiste, mais de ne pas oublier les personnes au profit du produit. Si nos sociétés n’étaient pas outrageusement marchandes, le trafic de stupéfiants n’existerait pas ; si nos sociétés étaient plus égalitaires, il y aurait moins de frustrations et de drames à soulager avec un pharmacon ; si nos sociétés étaient moins concentrées dans des villes monstrueuses, dans des réseaux sans frontières, dans des multinationales sauvages, l’individu broyé par la masse trouverait plus aisément un interlocuteur que sa dose de produit ; si l’écologie sociale ne se perdait pas dans des combats d’arrière-garde mais proposait un projet global pour la biosphère capable de soulever l’enthousiasme, la question du cannabis, du tabacs, de l’alcool, des dépendances en tout genre, ne se poserait pas avec autant d’acuité. Je rappelle qu’il y a un risque sanitaire plus grand avec les anxiolytiques prescrits par les médecins et vantés par les laboratoires qu’avec le cannabis. Je rappelle aussi que la pollution par les voitures et les intrants agricoles, tue plus que le tabac…. JFA
Le THC est en effet un toxique neurologique redoutable pour 10 % des jeunes de moins de 25 ans, sans signes précurseurs, ni même de possibilité de le savoir a l’avance, si on est dans ces 10 %……
Consommer du cannabis pour les jeunes est a peu près de la roulette russe, notamment avec les « nouvelles » techniques de la chimie agricole appliquées ici AUSSI… avec des hybrides très riches en THC.
Je soutiens à 100 % votre point de vue, cette revendication des écologistes n’a rien d’écologiste elle relève effectivement de la gauche libertaire.
Des dizaines de milliers de gens meurent d’un cancer à cause du tabac, (et la vie de millions de non fumeurs est empoisonnée), les excès d’alcool tuent également en grand nombre, et certains n’ont qu’une idée en tête : rajouter des drogues supplémentaires au motif que la prohibition a des inconvénients.
Certes elle en a, mais la libéralisation ferait exploser la consommation en rendant l’accès plus facile aux plus jeunes notamment. C’est une responsabilité effroyable que prennent les candidats EELV. Tous ceux qui ont perdu un enfant à cause de la drogue mesureront l’ignominie de leur position.