D’un côté il y a les 35 habitants de Mimina Place, au cœur de la mégalopole de Los Angeles. Vélo et sobriété énergétique pour 35 personnes sur une ville de 20 millions d’habitants. Ce sont des purs écolos par rapport au mode de vie de l’Américain moyen, surtout à Los Angeles où il n’y a pas de transports en commun et des autoroutes larges comme des pistes d’aéroport.. Un américain moyen consomme 20 tonnes de CO2 par an, avec grande maison, deux voitures, deux chiens, une vie centrée sur les biens matériels avec longues distances à parcourir dans les embouteillages, de vastes pièces à climatiser et une pelouse à arroser. Tu es coincé dans ta banlieue, puis coincé dans ta voiture, puis coincé dans ton bureau. LeMonde du 26.04.2008 nous présente donc un écovillage, un des seuls lieux qui se veut écologique au beau milieu d’une ville tentaculaire.
D’un autre côté, dans le même numéro de mon quotidien préféré, il y a une dizaine d’adolescents qui enfilent des cagoules ou se dissimulent sous leurs capuches, se munissent de pierres et de cocktails Molotov et se lancent à l’assaut des policiers en patrouille. C’est en France, dans le quartier de la Grande-Borne à Grigny, un des quartiers les plus difficiles d’Ile-de-France. A l’origine, on avait créé une cité des enfants, des immeubles pas très élevés, des ruelles piétonnes, des places où les anciens prenaient le soleil et où les enfants pouvaient jouer. Cette utopie s’est transformée en cauchemar sécuritaire, des médecins refusent les visites à domicile, des enseignants font grève après plusieurs agressions. Abandonnée de la société marchande, la zone est en effet devenue une plaque tournante du trafic de stupéfiants, au bord de l’autoroute qui apporte le cannabis.
Aucun avenir de part et d’autres, aucun avenir pour des américains intégrés mais énergivoraces qui vont affronter la crise ultime de la forte progression du prix de l’énergie fossile, aucun avenir pour les jeunes exclus du système de l’intégration thermo-industrielle. Seuls 35 personnes et quelques autres poussières humaines montrent la voie de la simplicité volontaire. Ce n’est pas assez pour que la planète ne connaissent pas les convulsions humaines qui vont s’amplifier un peu partout, des révoltes incessantes, une police omniprésente et de plus en plus débordée… Il ne faut pas voir dans ce constat du catastrophisme, mais la simple description de la catastrophe en marche