Nucléaire/climat : que disent les modèles scientifiques ?
Il existe une controverse concernant le rôle de l’énergie nucléaire, ou d’autres énergies dangereuses comme la capture et la séquestration du carbone (CCS en anglais), pour satisfaire l’objectif de maintenir le réchauffement climatique (RC) mondial en deçà de 2 °C. Il est difficile pour les citoyens et les élus de se faire une idée sur ce sujet, car il faut pour cela maîtriser les subtilités des coefficients de conversion entre énergie thermique et électrique, les quantité de gaz à effet de serre produite par source, les mécanismes physiques du réchauffement climatique, etc. Souvent, les calculs trop simples conduisent à des résultats contradictoires. Ainsi des opposants à l’énergie nucléaire, à partir de sa part en énergie primaire thermique, ‘démontreront’ que le nucléaire ne peut avoir qu’un rôle négligeable dans la lutte contre le RC, tandis que d’autres arrivent à un résultat inverse en comparant les émissions de CO2 de pays fortement nucléarisés comme la France ou la Suède, avec celles de pays, comme l’Allemagne.
Pour y voir plus clair face à ces contradictions, la meilleure solution est de regarder les calculs publiés par les spécialistes du climat et de l’énergie, dans des revues scientifiques à comité de lecture (donc vérifiés par des pairs), et la recherche de consensus sur cette base dans des institutions telles que le GIEC. Comme pour d’autres aspects de la crise climatique, cette approche scientifique est celle qui devrait le mieux se prêter à l’information et à l’action politique.
Pour l’analyse détaillée, voir
http://decroissance.blog.lemonde.fr/2015/09/05/nucleaire-et-climat-modeles-des-scientifiques/
Conclusion
Plusieurs équipes de recherches réalisent des modèles et des simulations qui sont reprises dans les rapports techniques puis, de manière très circonstanciée, dans un résumé pour décideur. Notons toutefois qu’une décroissance économique n’est pas envisagée. Nous avons extrait de cet important travail d’étude et de vérification quelques paragraphes et tableaux, qui nous semblent bien résumer l’approche et les résultats des scientifiques concernant l’usage de l’énergie nucléaire pour stabiliser le réchauffement climatique à +2°C. Il s’avère qu’elle est nécessaire, sauf à utiliser massivement la séquestration carbone et en particulier les hypothétiques bioénergies avec capture et séquestration, et ce quelles que soient les options relatives à l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. On retrouve ses conclusions dans d’autres travaux, et notamment le ‘Global Apollo Programme to combat climate change’, écrit par des personnalités telles que Nicolas Stern ou David King, qui propose un investissement coordonné de 100 milliards de dollars en R&D sur les énergies renouvelables, le stockage et l’efficacité énergétique, tout en gardant le nucléaire et développant le CCS, en attendant de pouvoir se passer définitivement des énergies fossiles.
On peut bien sûr discuter telle ou telle hypothèse d’entrée des modèles, mais celles choisies sont argumentées par ailleurs, et ça ne nous semble pas pouvoir changer fondamentalement les conclusions, au vu de l’étendue des scénarios étudiés. Notez qu’un point particulièrement sensible, l’évolution de l’efficacité énergétique de l’économie grâce au progrès technique et son impact sur le PIB, est abordée dans d’autres articles de ce blog.
Au delà des modèles, ces travaux scientifiques illustrent l’immense défi que représente la stabilisation du réchauffement climatique à un niveau limitant le risque d’un emballement catastrophique. La prise de conscience qu’il n’y a pas de solution sans profonds changements sociétaux, ni risques, est une condition nécessaire à une sortie démocratique de la procrastination actuelle
Thierry Caminel
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