effet de serre

Nucléaire/climat : que disent les modèles scientifiques ?

Il existe une controverse concernant le rôle de l’énergie nucléaire, ou d’autres énergies dangereuses comme la capture et la séquestration du carbone (CCS en anglais), pour satisfaire l’objectif de maintenir le réchauffement climatique (RC) mondial en deçà de 2 °C. Il est difficile pour les citoyens et les élus de se faire une idée sur ce sujet, car il faut pour cela maîtriser les subtilités des coefficients de conversion entre énergie thermique et électrique, les quantité de gaz à effet de serre produite par source, les mécanismes physiques du réchauffement climatique, etc. Souvent, les calculs trop simples conduisent à des résultats contradictoires. Ainsi des opposants à l’énergie nucléaire, à partir de sa part en énergie primaire thermique, ‘démontreront’ que le nucléaire ne peut avoir qu’un rôle négligeable dans la lutte contre le RC, tandis que d’autres arrivent à un résultat inverse en comparant les émissions de CO2 de pays fortement nucléarisés comme la France ou la Suède, avec celles de pays, comme l’Allemagne.
Pour y voir plus clair face à ces contradictions, la meilleure solution est de regarder les calculs publiés par les spécialistes du climat et de l’énergie, dans des revues scientifiques à comité de lecture (donc vérifiés par des pairs), et la recherche de consensus sur cette base dans des institutions telles que le GIEC. Comme pour d’autres aspects de la crise climatique, cette approche scientifique est celle qui devrait le mieux se prêter à l’information et à l’action politique.

Pour l’analyse détaillée, voir
http://decroissance.blog.lemonde.fr/2015/09/05/nucleaire-et-climat-modeles-des-scientifiques/

Conclusion
Plusieurs équipes de recherches réalisent des modèles et des simulations qui sont reprises dans les rapports techniques puis, de manière très circonstanciée, dans un résumé pour décideur. Notons toutefois qu’une décroissance économique n’est pas envisagée. Nous avons extrait de cet important travail d’étude et de vérification quelques paragraphes et tableaux, qui nous semblent bien résumer l’approche et les résultats des scientifiques concernant l’usage de l’énergie nucléaire pour stabiliser le réchauffement climatique à +2°C. Il s’avère qu’elle est nécessaire, sauf à utiliser massivement la séquestration carbone et en particulier les hypothétiques bioénergies avec capture et séquestration, et ce quelles que soient les options relatives à l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. On retrouve ses conclusions dans d’autres travaux, et notamment le ‘Global Apollo Programme to combat climate change’, écrit par des personnalités telles que Nicolas Stern ou David King, qui propose un investissement coordonné de 100 milliards de dollars en R&D sur les énergies renouvelables, le stockage et l’efficacité énergétique, tout en gardant le nucléaire et développant le CCS, en attendant de pouvoir se passer définitivement des énergies fossiles.
On peut bien sûr discuter telle ou telle hypothèse d’entrée des modèles, mais celles choisies sont argumentées par ailleurs, et ça ne nous semble pas pouvoir changer fondamentalement les conclusions, au vu de l’étendue des scénarios étudiés. Notez qu’un point particulièrement sensible, l’évolution de l’efficacité énergétique de l’économie grâce au progrès technique et son impact sur le PIB, est abordée dans d’autres articles de ce blog.
Au delà des modèles, ces travaux scientifiques illustrent l’immense défi que représente la stabilisation du réchauffement climatique à un niveau limitant le risque d’un emballement catastrophique. La prise de conscience qu’il n’y a pas de solution sans profonds changements sociétaux, ni risques, est une condition nécessaire à une sortie démocratique de la procrastination actuelle

Thierry Caminel

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COP21 : accord préparatoire de Bonn, le fiasco

Le texte préparatoire à la conférence mondiale sur le climat de Paris (COP21) a été adopté à Bonn le 23 octobre. « Manque de lisibilité, version amputée de propositions clés, mise à l’écart de certains pays, peu d’avancées sur le financement des pays du sud par les pays du nord… », LE MONDE* n’est pas tendre avec ce texte bancal.

Maxime Combes en rajoute sur mediapart** : « La dernière possibilité d’arriver à un texte de négociations compréhensible s’est envolée. La semaine s’est ouverte sur un énorme coup de gueule des pays du G77, qui regroupe près de 135 pays du Sud : il n’était pas question pour eux d’accepter le très mauvais texte de négociations, rapidement renommé « US text » (texte américain) tant il était déséquilibré au profit des intérêts défendus par les Etats-Unis et les pays du Nord. Cette semaine de négociation restera marquée par le refus du Japon – et d’autres Etats du Nord – d’accepter la présence d’observateurs (ONG, associations, syndicats, etc.) dans les réunions où se déroulent les négociations. Cette semaine à Bonn a aussi permis de mettre en lumière le décalage abyssal existant entre l’urgence climatique et la réalité des engagements des Etats. Les contributions volontaires des Etats (INDC dans la novlangue onusienne) sont inacceptables car elles préparent un réchauffement climatique supérieur à 3°C et elles ne sont absolument pas équitables. Aucun pays n’a réintroduit le terme « énergies fossiles » – ne serait-ce que pour réduire les subventions publiques que le secteur reçoit – pas plus que le terme « énergies renouvelables ».

Le (mauvais) texte présenté lundi, de vingt pages, a finalement grossi pour atteindre 55 pages vendredi. Ce texte ne comporte que des options et des bouts de phrase entre crochets, c’est-à-dire non tranchées. A lire ce texte, on se demande si les négociations ont véritablement commencé. Les pays riches refusent de s’engager sur des objectifs de long terme à ce sujet. Pire. Certains d’entre eux voudraient que le dispositif « Loss and damages », qui permettrait aux pays victimes des conséquences des désastres climatiques de faire appel à un dispositif dédié, ne voit pas le jour.  Faudra-t-il un ouragan citoyen à Paris pour changer la donne et renverser la table des négociations ? » (texte résumé)

* Le Monde.fr avec AFP | 23.10.2015, Avant la COP21, les négociateurs adoptent un projet d’accord sur le climat

** Maxime Combes, économiste et membre d’Attac France.

http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-combes/231015/climat-urgent-besoin-dun-ouragan-citoyen-pour-renverser-la-table-des-negociations

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La peur écologique renforcera la peur « des autres »

D’un côté les mouvements extrémistes comme le Front national surfent sur la peur. « Submersion migratoire », villes « assiégées »… Depuis la rentrée, le Front national a mis l’immigration au cœur de son discours à quelques semaines des élections régionales.* De l’autre s’annoncent des guerres du climat : « Comme les ressources vitales s’épuisent, il y aura de plus en plus d’hommes qui disposeront de moins en moins de bases pour assurer leur survie. Il est évident que cela entraînera des conflits violents entre ceux qui prétendent boire à la même source en train de se tarir, et il est non moins évident que, dans un proche avenir, on ne pourra plus faire de distinction pertinente entre les réfugiés fuyant la guerre et ceux qui fuient leur environnement. »**

Le vocabulaire de Marine Le Pen s’appuie sur la peur des migrants venus de Syrie, d’Irak ou d’Erythrée (thématique du grand remplacement, théorie selon laquelle la population blanche et chrétienne serait remplacée par une population musulmane d’origine principalement africaine). L’intériorisation par la population de ce discours nous prépare au génocide écologique*** selon Timothy Snyder. La « solution finale » nazie reposait sur l’idée d’espace vital. Le Lebensraum est ce qui relie guerre d’extermination et amélioration du niveau de vie. Les contraintes environnementales contemporaines pourraient à nouveau faire naître des boucs émissaires, en particulier dans les pays soucieux de leur prospérité. Si les Hutu ont tué en 1994 au moins 500 000 Tutsi au Rwanda, cela faisait suite à une chute continue de la production agricole pendant plusieurs années. Sous prétexte d’une haine ethnique, il s’agissait de s’emparer de la terre des Tutsi. Pendant la sécheresse de 2010, les achats paniques des Chinois ont contribué à l’apparition des émeutes de la faim et des révolutions au Proche-Orient. Le risque est qu’un pays développé capable de faire parler sa puissance militaire cède, comme l’Allemagne d’Hitler, à la panique écologique et prenne des mesures drastiques pour garantir le niveau de vie de sa population. Les populistes européens en appellent au renforcement des frontières nationales. On envisage déjà l’intervention de l’armée contre l’afflux actuel des réfugiés en provenance de l’Afrique du nord.

Harald Welzer** est pessimiste : « Le XXIe siècle verra non seulement des migrations massives, mais des solutions violentes aux problèmes de réfugiés. Les problèmes liés à l’environnement, combinés avec un accroissement exorbitant de la population, créent les conditions-cadre de conflits violents qui éclatent le long de frontières ethniques. C’est-à-dire que des conflits qui ont des causes écologiques sont perçus comme ethniques. Le déclin social est déclenché par un effondrement écologique, mais la plupart des acteurs ne le voient pas. Ce qu’ils voient, ce sont des attaques, des pillages, bref l’hostilité d’un groupe « eux » contre leur groupe « nous ». Une fois un conflit défini comme opposant des groupes « nous » et « eux » comme des catégories différentes, les solutions de conciliation deviennent impensables, et cela a pour effet que ces conflits sont partis pour durer, en tout cas jusqu’à ce qu’un côté ait vaincu l’autre. »
* LE MONDE du 6 octobre 2015, « L’extrême droite fonde son succès sur la peur »
** Harald Welzer, Les guerres du climat (Gallimard, 2009)
*** LE MONDE du 5 octobre 2015, Le prochain génocide sera écologique

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Le pape François s’occupe aussi du climat, bravo

Dans son encyclique Loué sois-tu (Laudato Si, sur la sauvegarde de la maison commune)*, le pape écrit un chapitre sur le climat comme bien commun :

« L’humanité est appelée à prendre conscience de la nécessité de réaliser des changements de style de vie, de production et de consommation, pour combattre ce réchauffement ou, tout au moins, les causes humaines qui la provoquent ou l’accentuent. En effet de nombreuses études scientifiques signalent que la plus grande partie du réchauffement global des dernières décennies est due à la grande concentration de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, oxyde de nitrogène et autres) émis surtout à cause de l’activité humaine. Si la tendance actuelle continuait, ce siècle pourrait être témoin de changements climatiques inédits et d’une destruction sans précédent des écosystèmes, avec de graves conséquences pour nous tous. Les pires conséquences retomberont probablement sur les pays en développement. L’augmentation du nombre de migrants fuyant la misère, accrue par la dégradation envionnementale, est tragique : ces migrants ne sont pas reconnus comme réfugiés par les conventions internationales. (page 24 et suivantes) »

« Beaucoup de ceux qui détiennent plus de pouvoir économique ou politique semblent surtout s’évertuer à masquer les problèmes ou à occulter les symptômes. Les sommets mondiaux de ces dernières années sur l’environnement n’ont pas répondu aux attentes parce que, par manque de décision politique, ils ne sont pas parvenus à des accords généraux. La réduction des gaz à effet de serre exige honnêteté, courage et responsabilité, surtout de la part des pays les plus puissants et les plus polluants. La conférence des Nations Unies sur le développement durable, dénommée RIO+20 (Rio de Janeiro 2012), a émis un long et inefficace Document final. Les négociations climatiques ne peuvent pas avancer de manière significative en raison de la position de pays qui mettent leurs intérêts nationaux au-dessus du bien commun général. La même intelligence que l’on déploie pour un impressionnant développement technologique ne parvient pas à trouver des formes efficaces de gestion internationale pour résoudre les graves difficultés environnementales et sociales. (page 129 et suivantes) »

Notons que l’ensemble de ces phrases, que nous approuvons, ne font aucune référence à une quelconque religion. Il s’agit de faits scientifiquement démontrés ou politiquement constatés. Mais il est bon qu’un pape se positionne contre l’inertie politique actuelle et le climatoscepticisme encore en vogue parmi les républicains américains. De plus l’essentiel se trouve page 154 : « Quand les personnes deviennent autoréférentielles et s’isolent dans leur propre conscience, elles accroissent leur voracité. En effet, plus le coeur de la personne est vide, plus elle a besoin d’objets à acheter, à posséder et à consommer. Dans ce contexte, il n’est plus possible qu’une personne accepte que la réalité lui fixe des limites. A cet horizon, un vrai bien commun n’existe pas. Nous ne pensons pas seulement à l’éventualité de terribles phénomènes climatiques ou à de grands désastres naturels, mais aussi bien aux catastrophes dérivant de crises sociales, parce que l’obsession d’un style de vie consumériste ne pourra que provoquer violence et destruction. »

* Laudato Si, lettre encyclique du souverain pontife

éditions Salvator, 194 pages pour 3,90 euros

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Rappel : prix Nobel de la paix aux gaz à effet de serre !

Osons le dire : il nous faut une armée aux buts inversés : de destructeur du milieu naturel au rôle de protecteur. En effet la transition dite « écologique », qui constituera probablement un changement radical de civilisation, sera nécessairement l’occasion d’une intervention de l’armée. Car la brutalité de la récession qui s’annonce, provoquée à moyen terme par la raréfaction des ressources fossiles plus que par le réchauffement climatique, va entraîner un tel désordre social que seule l’armée sera en mesure de maintenir la paix. L’armée pourrait cependant devenir, par la force des choses, la « spécialiste du chaos ». L’armée pourrait jouer un rôle complètement différent de ce qu’elle a été historiquement. Au lieu de soutenir la volonté de puissance de nos dirigeants au prix d’une détérioration accrue de l’environnement, elle pourrait jouer un rôle de protection de la nature et des humains. Qui voudrait faire la guerre s’il vivait en équilibre avec son écosystème ? Cela impliquerait bien entendu la disparition de l’armée comme entité exclusivement nationale.

Les conflits se localisent dans un monde contemporain où le dialogue international s’impose à tous, même s’il ne fait pas taire les armes. Il n’y a pas que la montée des extrémismes qui offre de nouvelles perspectives aux militaires. Il y a dorénavant une conscience croissante que sécurité nationale et conservation écologique sont étroitement liés. Le GIEC avait été chargé en 1988 par l’ONU et l’Organisation météorologique mondiale de répondre à cette question : « La transformation de l’atmosphère par les hommes risque-t-elle de se retourner contre eux ? » Un rapport « secret » du Pentagone sur le changement climatique avait été réalisé en octobre 2003 : « Notre intention est de rendre parlants les effets que le réchauffement climatique pourrait avoir sur la société si nous n’y sommes pas préparés. » Il est symptomatique que le prix Nobel de la paix ait été décerné le 12 octobre 2007 au groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et à l’ex-futur président des USA, Al Gore. Le comité cherchait ainsi à « attirer l’attention sur les processus et les décisions qui paraissent nécessaires pour protéger le futur climat du monde, et ainsi réduire la menace qui pèse sur la sécurité de l’humanité ». Il est vrai que des régions entières vont devenir inhospitalières et que leurs populations seront contraintes de se déplacer. Cette redistribution géographique va entraîner de nouvelles tensions, donc des conflits et des guerres. Ce sont les pays les plus pauvres qui souffriront le plus des transformations du climat alors qu’ils n’en sont pas responsables. Il y aura en conséquence un fort ressentiment envers les pays industrialisés et, pourquoi pas, une explosion de divers terrorismes.

Le lien opéré par le comité Nobel en 2007 entre les notions de sécurité et de réchauffement climatique était si réaliste que la Biosphère en avait pleuré de joie.

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Les centrales à charbon, un terrorisme contre le climat

Empêcher d’une manière ou d’une autre une centrale thermique à charbon de fonctionner peut être considéré comme une oeuvre de salut public. On sait en effet que le charbon doit rester sous terre, sinon nous allons droit vers un chaos climatique qui multipliera les réfugiés climatiques, endommagera le rendement des récoltes, produira la famine, détériorera l’ensemble de la trame du vivant, exacerbera les violences, produira des guerres, etc. Mais si je dis maintenant aujourd’hui clairement que je trouve tout-à-fait juste et légitime de saboter une centrale à charbon, c’est moi qui sera poursuivi devant les tribunaux pour incitation au sabotage. Personne n’accusera les promoteurs des centrales à charbon. Beaucoup parleront même à mon égard de terrorisme vert alors que le véritable responsable de la détérioration écologique et socio-économique est la centrale à charbon. Il est plus que temps de définir juridiquement la notion du crime écologique et de traiter l’action de sabotage à sa juste valeur ! Quand pendant la seconde guerre mondiale des cheminots sabotaient les lignes de chemin de fer pour agir contre le nazisme, ils risquaient la mort mais ils avaient raison.

C’est pourquoi la relaxe de l’écrivain Erri De Luca nous paraît un bon signe*. Erri avait réaffirmé lors d’un entretien au site italien du Huffington Post en 2013 son soutien au mouvement « No Tav » (No al Treno ad Alta Velocità) qui conteste la construction de la ligne de TGV entre Turin et Lyon : « Les sabotages sont nécessaires pour faire comprendre que le TGV est une œuvre nuisible et inutile. » Sabotage ? « Un mot noble et démocratique », a expliqué à la barre Erri du Luca prenant en exemple Ghandi et Mandela. Avant que les juges ne se retirent pour délibérer, l’écrivain a redit sa conviction : « La ligne prétendument à grande vitesse en val de Suse doit être freinée, entravée, donc sabotée pour la défense de la santé, du sol, de l’air, de l’eau d’une communauté menacée. »

Nous pouvons conclure avec un commentaire posté sur lemonde.fr : « Combien d’intellectuels engagés comme celui-ci en France ? Combien prêts à aller en prison pour défendre leurs convictions contre le big business et les projets idiots, élitistes et ruineux ? Pas des masses… »

* LE MONDE du 21 octobre 2015,L’écrivain Erri De Luca relaxé dans l’affaire de la ligne de TGV Lyon-Turin

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gaz à effet de serre : jouez pour sauver le climat !

Jusqu’au 31 octobre, et à quelques semaines de la conférence internationale sur le climat, EELV organise un grand quizz « Je sauve le climat »
Vous pouvez gagner de nombreux lots (Lot n° 1 : Un déjeuner avec Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV)

Pour juger de la difficulté de ce quizz, voici quelques exemples de question :

Qu’est-ce que le GIEC ?
– Le Garant de l’Immobilisme Environnemental et Climatique
– Le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat
– Le Gisement Industriel spécialisé dans l’Extraction de Charbon

Qu’est-ce la «COP 21» qui se déroulera du 30 novembre au 11 décembre 2015 à Paris-Le Bourget ?
– La 21ème conférence de l’ONU sur le climat qui réunira des chefs d’Etats et des négociateurs de 196 pays pour aboutir au premier accord international et contraignant de réduction des gaz à effet de serre
– Un festival de musique underground qui se déroule 21 mètres sous terre.
– Un salon du livre dédié à la littérature du 21ème siècle

La mobilisation sera décisive pour faire pression sur les négociateurs. Que se passera-t-il dans les rues de Paris le 29 novembre prochain ?
– Ce sera un dimanche comme les autres
– La plus grande marche mondiale pour le climat réunissant des centaines de milliers de citoyens à la veille de l’ouverture de la COP21
– La date anniversaire de Claude Allègre

Quel est le parti politique le plus en avance sur la cause écologique ?
– Les Républicains, parce que l’environnement, ça commence à bien faire
– Le FN, puisque le réchauffement climatique n’existe pas
– Europe-Ecologie Les Verts, comme son nom l’indique

Notre point de vue d’écologiste sur ce quizz : sans commentaire !

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Réfugiés climatiques, un accueil qui reste inabouti

Mardi 13 octobre, 110 Etats, réunis à Genève, ont adopté un « agenda pour la protection des personnes déplacées au-delà des frontières en contexte de catastrophes et du changement climatique ». L’adoption de ce texte est l’aboutissement de l’initiative Nansen, lancée en octobre 2012 par la Norvège et la Suisse, pour combler le vide juridique autour du statut de ces migrants victimes des dérèglements climatiques. Une initiative qui doit son nom au norvégien Fridtjof Nansen qui fut le premier haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés. Or les réfugiés environnementaux ne bénéficient d’aucune protection juridique internationale. Elles ne sont en effet pas protégées par la convention de Genève de 1951. La convention de Genève garantit seulement une protection aux personnes « craignant avec raison d’être persécutées du fait de leur race, de leur religion, de leur nationalité, de leur appartenance à un certain groupe social ou de leurs opinions politiques ». Ainsi les autorités néo-zélandaises ont estimé que Ioane Teitiota et sa famille, originaire d’un archipel menacé par la montée des eaux, ne répondaient pas au statut de réfugiés. Ils ont été expulsés. Entre 2008 et 2014, les catastrophes naturelles ont déplacé 166 millions de personnes, soit en moyenne chaque année 27,5 millions.
Le texte adopté mardi à Genève ne définit pas de nouveaux standards légaux. Il s’agit de renforcer les mesures préventives en établissant à l’échelle d’une région à risque des scénarios d’urgence pour les cas de catastrophe et en planifiant la relocalisation des populations qui seraient affectées ; à accorder des visas de circulation des personnes venant des pays touchés par une catastrophe ; à octroyer des permis de séjour temporaire voire ensuite permanent lorsque le retour dans le pays d’origine est impossible ; enfin, à élaborer des mesures pour maintenir les liens familiaux et culturels. Mais cet agenda n’est pas un traité, il n’a aucune valeur contraignante.
Dans un contexte de crispation sur les migrations, tout le monde se fiche déjà de la Convention de Genève sur les réfugiés « ordinaires ». Alors des mesures « non contraignantes », vous pouvez imaginer la suite.
(Le Monde.fr | 13.10.2015, 110 Etats adoptent un « agenda pour la protection » des déplacés environnementaux)

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L’ennemi principal n’est pas le diesel, c’est le pétrole

La ministre de l’écologie Ségolène Royal avait estimé le 4 octobre dans l’émission « C politique » sur France 5, « qu’un jour ou l’autre, il faudra en terminer avec le diesel ». Elle se trompe de cible, ce qu’il faut supprimer c’est l’utilisation de tous les carburants d’origine fossile.

Actuellement, le différentiel sur la fiscalité du diesel et de l’essence est de 15 centimes d’euro. Pour l’alignement entre diesel et essence, Mme Royal évoque l’échéance de 2020. Mais comme elle n’a aucune vision globale du problème du réchauffement climatique, elle propose de baisser celle sur l’essence pour éviter une augmentation des charges fiscales pesant sur les Français : « Je veux que cela soit neutre, que la fiscalité écologique ne se traduise pas par des impôts en plus ».* Toujours le refus d’une soi-disant écologie « punitive ». Pour l’intérêt de la biosphère et de nous tous, l’écologie n’est ni « positive » ou « punitive », elle se doit tout simplement d’être réaliste. Le dernier résumé à l’usage des décideurs du GIEC est clair : la stabilité et la sécurité dans le monde sont menacés à moyenne échéance. Dans ce contexte, il faudrait que Ségolène explique qu’il faudra émettre moins d’émissions de gaz à effet de serre. Cela veut dire aussi instituer une taxe carbone sur tout ce qui nous permet aujourd’hui de gaspiller l’énergie fossile.

Le 23 septembre, dans son premier meeting de campagne, la tête de liste EELV en Ile-de-France Emmanuelle Cosse était beaucoup plus percutante que la ministre de l’écologie : « Plus aucune subvention au diesel en cinq ans ! ; suppression de la niche fiscale pour le diesel ; Une interdiction du diesel dans l’ensemble du pays d’ici 2025 ». C’est encore trop mou. Aucune ambition dans ces propositions « vertes » alors qu’à l’heure du réchauffement climatique c’est toutes les utilisations du pétrole qui doivent être remises en question : les dénominations différentes du diesel (gasoil des poids lourds et des poids légers, fuel du chauffage domestique), mais aussi l’essence et tous ses taux d’octane. L’écologie politique ne peut pas se contenter de mesures partielles, mais voudrait un complet chambardement des modes de déplacement.

Nous avons déjà perdu plus de 40 ans. Dans son programme pour les présidentielles 1974, l’écologiste René Dumont écrivait déjà : « Le type de société que je propose est une société à basse consommation d’énergie. Cela veut dire que nous luttons par exemple contre la voiture individuelle. Nous demandons l’arrêt de la construction des autoroutes, l’arrêt de la fabrication des automobiles dépassant 4 CV… »

* LE MONDE du 6 octobre 2015, Le rattrapage de la fiscalité du diesel sur l’essence pourrait intervenir d’ici à 2020

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La chasse aux climatosceptiques est enfin ouverte

Le « M. Météo » de France 2, Philippe Verdier, auteur d’un livre* qui conteste l’idée d’un consensus scientifique sur le climat, a été mis à pied par France Télévisions. Il mettait en cause la probité des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui regroupe des spécialistes du monde entier et fait référence. Il évoquait des « scientifiques manipulés », « des médias aveuglés », « des ONG mercantiles » et « des religions en quête de nouveaux credo »**. Il voulait salir les autres, et c’est lui qui se dit aujourd’hui « sali » et « attaqué dans [son] métier » ! Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l’écologie de Nicolas Sarkozy, avait bien réagi en s’en prenant de manière virulente aux climatosceptiques, sur Canal+. La numéro deux du parti Les Républicains avait dressé un parallèle entre « ceux qui disent “en fait le changement climatique n’existe pas ou c’est pas grave, c’est formidable, on ira plus souvent à la plage” » et « ces gens » de l’industrie du tabac ou de l’industrie de l’amiante qui « pendant des décennies » ont nié le danger.

M. Verdier se réclame de la « liberté d’expression » alors qu’il participe ouvertement de la promotion des crimes climatiques. Si la liberté d’expression inclut le droit de proférer des sottises, on n’a pas le droit de débiter publiquement des mensonges qui empêchent de faire ce qu’on devrait faire. Au moment où les citoyens sont incités au civisme écolo en prenant moins leurs voitures, en mangeant moins de viandes…, M. Verdier suggère que tout cela est vain, tant le réchauffement aura des effets bénéfiques. C’est un peu comme si un médecin disait à ses patients qu’ils peuvent fumer autant qu’ils veulent puisque la fumée leur fait du bien. De plus ce gars était en situation de responsabilité, il était le chef du service météo de France 2. Aurait-il été publié sur la question climatique s’il n’avait pas eu ce statut ? Non. On peut comprendre que France 2 ne souhaite pas lui servir de tremplin. Réciproquement on connaît beaucoup d’autres cas où des personnes disaient la vérité, devenaient lanceurs l’alerte et se faisaient licencier par leurs entreprises tout en subissant souvent une campagne de dénigrement. Il est heureux que la chasse aux climatosceptiques soit enfin ouverte, la vérité est bien entendu préférable aux mensonges.

Pour décoder toutes les erreurs de Philippe Verdier, allez lire « Les erreurs sur le climat de Philippe Verdier, le M. Météo de France 2 » (Le Monde.fr | 12.10.2015)***.

* Climat Investigation (Ring éditions)
** Le Monde.fr | 15.10.2015, France 2 met à pied son « M. Météo », Philippe Verdier
***http://lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/10/12/climat-les-mises-en-cause-erronees-de-philippe-verdier_4787865_4355770.html

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Faut-il être végétarien pour sauver le climat ?

Il ne s’agit pas de te convertir immédiatement au végétarisme intégral, mais de réfléchir au poids que fait peser ton mode de digestion sur la Biosphère.

Les pays développés représentent aujourd’hui 15 % de la population mondiale, mais 38 % de la consommation mondiale de viandes bovines. Selon une étude publiée par The Lancet (13 septembre 2007), on consomme dans le monde 100 grammes de viande par jour et par personne, le taux moyen atteignant 200 à 250g dans les pays développés alors qu’il plafonne entre 20 et 25g dans les pays pauvres. Mais presque partout dans le monde, au fur et à mesure que le niveau de vie augmente, la consommation de produits animaux, viande et produits laitiers, augmente au détriment des produits végétaux. Par exemple en Chine, la consommation de viande a été multipliée par quatre en vingt ans. Pourtant en Afrique la consommation de viande a diminué drastiquement au cours des trente dernière années.

Malgré ce sacrifice involontaire de certaines populations, la FAO a publié à l’automne 2006 un rapport titré La grande ombre de l’élevage. En effet à l’échelle de la planète l’élevage représente 18 % de l’effet de serre, davantage que la totalité des transports, et occupe 26 % des terres émergées. Les causes du réchauffement de la planète par l’élevage sont dues à 35 % par la déforestation qu’implique l’augmentation des superficies transformées en pâturages, 31 % par le fumier et le lisier, 25 % par la fermentation entérique des ruminants, 7 % par la production d’aliments de bétail et le reste résulte de la transformation et du transport. Ces émissions de gaz à effet de serre par l’élevage sont dans le monde de 7,1 milliard de tonnes d’équivalent CO2, soit près de 13 fois les émissions de la France, toutes sources confondues. Donc à toi de limiter la taille de ton steak !

Pour aller plus loin, cf. L’élevage, une menace pour l’environnement (L’écologiste n° 23 juillet-septembre 2007)et l’ouvrage de l’agronome Cl.Aubert et du médecins N.Le Berre : Faut-il être végétarien ?  (sous-titré Pour la santé de la planète, éditions Terre vivante, 2007, réédition 2013)

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Enfin un journal contre la COP des malfaisants

Le numéro d’octobre du mensuel « La décroissance » décanille en quelques articles la conférence internationale sur le climat (COP21). Bravo. Quelques extraits :

L’écologie, bouée de sauvetage du système (Vincent Cheynet)
… La COP21 est la digne héritière des Grenelles de Sarkozy : une nouvelle opération pour retourner l’écologie contre elle-même et la transformer en « moteur de la croissance »… Au palais de l’Elysée le 10 septembre 2015, Manuel Valls est monté au pupitre pour dire rapidement que « la transition mise sur la croissance verte. » Tout le monde a applaudi… Laurent Fabius et ses multinationales « amies du climat » veilleront à ce que rien ne vienne à remettre en cause une écologie « opportunité de croissance » » (dixit François Hollande)…

L’écotartufe du mois, Laurence Tubiana (Pierre Thiesset)
… Nommée « représentante spéciale pour la conférence Paris climat 2015 », Laurence Tubiana jour un rôle de premier plan pour réciter toutes les balivernes du développement durable… Sa mission ? « Mobiliser tous les acteurs pour porter un agenda positif, destiné à monter que non seulement la lutte contre le dérèglement climatique est indispensable, mais qu’elle peut aussi apporter des bénéfices majeurs en termes de croissance, d’emploi et de qualité de vie. »… Vous lui mettez un micro, vous insérez une pièce, vous appuyez sur on, et toutes les banalités du capitalisme vert se déverseront aussitôt comme sorti d’un juke-box à lieux communs… L’écologie tubianesque, c’est un levier de compétitivité. C’est un moyen d’ouvrir de nouveaux marchés, déverser de nouvelles technologies. Non la transition énergétique n’est pas punitive…

Coalition Climat21 : arrête ton char ! (Thierry Brulavoine)
… Samedi 19 septembre, la Technoparade s’est mise au vert en sensibilisant les « teufeurs » à l’écologie… Pour clore la série des partenaires officiels de la Technoparade, « Deezer ». Découvrez son slogan incompatible avec la décroissance : « Ecoutez votre musique sans limites, partout, tout le temps. » Nous avons (avec la technoparade) une opération de greenwashing couplée à du storytelling, cet art consommé d raconter des bobards. En quoi ces innovations technologiques vont-elles permettre un changement de cap suffisamment radical pour parer aux conséquences écologiques et sociales du changement climatique… Allons-nous pouvoir continuer d’utiliser nos machines permettant de jouer nos musiques électroniques sans mettre en péril nos conditions de vie sur terre ?

Enfin un journal contre la COP des malfaisants Lire la suite »

Climat : les responsables politiques à côté de la plaque

Stéphane Foucart écrit noir sur blanc ce que nous martelons sur ce blog : la conférence internationale qui aura lieu à Paris en décembre prochain ne débouchera que sur des illusions. En résumé :

« Les responsables politiques ne semblent pas vraiment au fait de la nature de l’effort qu’ils s’engagent à imposer à leurs économies. Ils semblent tout ignorer des mécanismes physiques à l’œuvre dans cette histoire, le plus simple d’entre eux étant que lorsque vous brûlez du pétrole, du charbon ou du gaz, cela produit du CO2… Les derniers mois ont ainsi montré qu’il était possible de s’émouvoir publiquement des risques graves que le réchauffement en cours fait peser sur les conditions de vie de l’espèce humaine, tout en apportant son soutien à la construction d’un nouvel aéroport (Manuel Valls) ou en autorisant la prospection de nouveaux hydrocarbures dans l’Arctique (Barack Obama) ou en France (Ségolène Royal)… L’exécutif européen n’est pas très différent, les pressions des lobbys du gaz et du pétrole ont été couronnées de succès à Bruxelles, avec l’affaiblissement du soutien aux énergies renouvelables en Europe…Si l’on prenait au sérieux la volonté politique affichée de demeurer sous le seuil des 2 °C de réchauffement, alors il serait inévitable qu’une vaste part des combustibles fossiles récupérables ne soient pas extraits. Qu’ils soient laissés dans le sous-sol. Mais s’ils doivent y rester, ce sont autant d’actifs et une grande part de la capitalisation boursière des géants des fossiles qui disparaissent dans le même temps… Ce sont des dizaines, des centaines de milliards de dollars d’actifs qui s’évaporeraient ainsi. Ainsi, en dépit de la campagne pour le « désinvestissement » lancée par la société civile et son relatif succès, nous demeurons collectivement convaincus que tout ce qui peut être sorti du sol et brûlé le sera. »*

Quant à la conclusion désabusée de l’article, captage et séquestration du CO2 comme seule issue de secours, c’est une forme d’écoblanchiment dérisoire : pour 2 collines explosées aux explosifs dans les Appalaches pour en extraire le charbon, j’en explose une troisième pour pouvoir pousser le CO2 sous le tapis… Pour conclure, reprenons cet échange entre deux commentateurs sur lemonde.fr :

– Tignous84 : Vous avez deux forces en opposition. D’un côté, des gens de bon sens qui pensent à l’avenir de leurs enfants et du monde. De l’autre le monde des affaires sans scrupules prêt à brûler le reste des combustibles fossiles de la planète. Les jeux sont faits d’avance.

Ce n’est pas si simple Tignous84, car les « gens de bon sens » mettent de l’essence dans leur voiture ou du fioul dans leur chaudière : s’il n’y avait pas de clients pour acheter il n’y aurait pas de multinationales. S’il vient, le changement viendra d’en bas, lorsque les « gens de bon sens » commenceront à réduire leur consommation de pétrole, de viande, etc.

* COP21, trois raisons de douter que les promesses seront tenues (LE MONDE du 12-13 octobre 2015)

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Climat, nous sommes tous responsables et coupables

Chaque fois qu’on fait démarrer sa voiture ou qu’on mange un steak, on est responsable de la détérioration climatique. La plupart des dysfonctionnements de la Biosphère résultent d’une multitude d’actes individuels apparemment anodins et infimes, mais qui sont répétés des millions de fois à l’échelle de la planète. Ce n’est donc pas une discussion globale comme la conférence sur le climat à Paris en décembre prochain qui pourra régler ce problème.

La première conférence des signataires du protocole de Kyoto avait débuté le 28 novembre 2005, il y a vingt ans. Il s’agissait de la première décision de décroissance économique dans l’histoire des sociétés industrielles, il fallait en effet diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. Or diviser les GES par 4 en moyenne mondiale, c’est diviser par deux notre consommation d’énergie, donc notre niveau de vie. Or ce protocole a donné lieu à des stratégies de déni ou d’évitement qui reportent les décisions véritables aux calendes grecques. Après vingt conférences de l’ONU sur le changement climatique, les émissions de gaz à effet de serre sont passées de 38 gigatonnes d’équivalent CO2 en 1990 à près de 50 Gt. Au lieu de corriger cette absence de logique, la COP21 de Paris va l’aggraver et la faire durer jusqu’en 2030. Il n’apparaîtra nulle part qu’il faut arrêter d’extraire les combustibles fossiles présent dans le sous-sol pour réduire les émissions de carbone. Pourtant les études sont très claires : pour limiter le réchauffement en deçà de 2°C, il faut laisser sous terre 80 % des réserves connues de combustibles fossiles d’ici à 2050. Le texte de négociation de l’accord de Paris n’aborde pas du tout cette question. Les négociateurs cherchent seulement à traiter les effets du problèmes, pas à en résoudre les causes.

En fait ces négociations internationales rendent le chaos climatique inévitable. La planète, coincée entre la protection des avantages acquis par les pays développés et les besoins des pays émergents, reste au service de l’appétit inextinguible de croissance économique et donc de dilapidation des ressources fossiles. La butée climatique, combinée avec l’amenuisement des ressources énergétiques, devrait déterminer au cours de ce siècle une civilisation de la sobriété obligée pour des milliards d’humains, et/ou des destructions de vie humaine par millions. La Biosphère se fera l’arbitre impassible des suffisances et insuffisances humaines.

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Climat : il ne suffit pas de constater, faudrait agir !

Les scientifiques du GIEC sont arrivés début 2007 à un accord sur l’origine anthropique des émissions de gaz à effet de serre et sur les conséquences probables. Mais début avril, la deuxième partie de leur « rapport pour les décideurs » achoppe sur des considérations politiques qui tiennent principalement à la volonté des représentations américaines, saoudiennes ou chinoises de minorer les conséquences du réchauffement, et donc d’amoindrir l’urgence de l’action.

Les pays riches ne se sentent qu’épisodiquement concernés par les conséquences du réchauffement (canicule de l’été 2003 en Europe ou cyclone Katrina aux Etats-Unis),. La Chine continue de douter que les écosystèmes soient affectés par le changement climatique alors qu’on s’attend à une érosion de la biodiversité : 20 à 30 % des espèces animales et végétales sont susceptibles de disparaître d’ici à la fin du siècle. Certaines délégations ont même bataillé pour que les références aux effets du changement climatique à très long terme (au-delà de la fin du siècle) soient réduites à la portion congrue, parce que jugées trop anxiogènes ! On est même allé jusqu’à refuser que soit mentionnée la réduction des émissions de gaz à effet de serre comme recours pour diminuer les effets du réchauffement. On devrait cependant s’entendre pour mentionner la perte de production agricole dans les pays pauvres. On se contente de constater !

Quant aux solutions, le « Résumé pour les décideurs» est un peu court : le GIEC en appelle à un développement durable vide de sens, il paraît croire au miracle d’une recherche scientifique salvatrice, il voudrait une adaptation de l’agriculture et « la réorientation économique des régions touristiques qui perdront leur attrait » ! La Biosphère prévoit donc une vague de mortalité humaine due aux vagues de chaleur, aux inondations, aux tempêtes, aux incendies et aux sécheresses… et beaucoup de réfugiés climatiques que les pays riches ne voudront pas accueillir. (article écrit par Michel Sourrouille en mai… 2007)

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Scandale climatique, un économiste à la tête du GIEC

Science climatique : un économiste à la tête du GIEC !! On voit bien que le climat ne tourne pas rond, mais alors pas rond du tout… Le sud-coréen Hoesung Lee a été élu président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Il sera la voix de la science climatique, ou plutôt le porte-parole des entreprises. Hoesung est en effet l’exact contraire d’un avocat de la cause climatique, il suffit de parcourir les trois axes de son projet* :

« identifier localement les centres de recherche d’excellence travaillant sur le développement économique ».
– « incorporer des contributions du monde des affaires, de l’industrie et de la finance ».
– « promouvoir l’étude des questions liées à la création d’emploi, l’innovation et le développement technologique ».

Rien, absolument rien pour faire face à l’urgence écologique. Ce n’est pas ainsi qu’on améliore la neutralité et la pertinence du travail d’expertise du GIEC. D’ailleurs son prédécesseur, l’Indien Rajendra Pachauri, ingénieur de formation, avait déjà été choisi car plus susceptible de porter un discours favorable aux industriels. Nous avons connu mieux inspiré et plus critique le journaliste auteur de l’article*, Stéphane Foucart, qui dénonce souvent par ailleurs les dérives d’un système techno-scientifique soumis aux lobbies de l’industrie. Plus grave, ce journaliste scientifique clôt son article sur une banale erreur dans un des nombreux rapports du GIEC. Ce faux événement est détaillé longuement pour se terminer par cette simple phrase : « Les différents audits ont conclu à la qualité incontestable des travaux du GIEC ».

Nous préférons Stéphane Foucart écrivant en 2010 le livre « Le populisme climatique, Claude Allègre et Cie (enquête sur les ennemis de la science) ». Contre les miasmes propagés par les sceptiques du climat, pas besoin d’agressivité. Stéphane Foucart nous offrait un exercice maîtrisé de critique constructive : les bêtises colportées par Claude Allègre ; les tribulations tout aussi fallacieuses de Vincent Courtillot ; les campagnes contre le GIEC dans les médias anglais et américains ; le scepticisme mercenaire des pétroliers ; les menaces contre la science lancées par les élus extrémistes aux Etats-Unis ; la veulerie des institutions scientifiques françaises (CNRS, Académie des Sciences) face aux dignitaires de la science devenus sceptiques du climat. Nous attendons maintenant le livre de Stéphane sur le climat otage de la finance…

* LE MONDE du 8 octobre 2015, un économiste sud-coréen élu à la tête du GIEC

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N. Hulot fait ce qu’il peut, et nous que faisons-nous ?

Depuis 2002, Nicolas Hulot nous annonce la catastrophe :
« Le titre que nous avons choisi pour ce livre est amplement justifié : Combien de catastrophes avant d’agir ?). C’est-à-dire avant que les politiques prennent leurs responsabilités et donnent enfin à la politique de l’environnement la place qui doit lui revenir. Et avant que nous-mêmes, citoyens, électeurs et consommateurs, sortions de notre insouciance pour conjurer les périls qui sont déjà en la demeure et qui préparent immanquablement, à nous et à nos descendants, une forte dégradation de nos conditions de vie. (Seuil 2002, 14 euros) »

Depuis Nicolas ne s’est pas découragé malgré l’inertie des politiques, conseillant les présidents de la république ou faisant pression sur eux, candidat aux primaires des écolos, parcourant le monde pour que nous puissions enfin faire face à la catastrophe en marche. Treize ans après son dernier opuscule*, il en appelle encore à la responsabilité des politiques alors que les négociations internationales sur le climat patinent (depuis vingt ans maintenant !). En voici quelques extraits :

« Nous assistons en spectateurs informés à la marche vers la catastrophe globale. L’humanité doit se ressaisir, sortir de son indifférence. “Ne soyez pas trop alarmiste, ne cesse-t-on de me sermonner, vous allez effrayer.” Mais si le diagnostic est faux, le traitement le sera tout autant. Si l’on vous promet à l’horizon un lac plutôt qu’un océan agité, vous armerez le bateau différemment. Aucun territoire, même le plus reculé, n’échappe à la blessure de l’homme. Au plus profond des abysses, notre empreinte est visible. Or notre survie dépend d’une petite couche d’humus sous nos pieds et d’une infime pellicule délicate, l’atmosphère, au-dessus de nos têtes. L’une comme l’autre, nous les saccageons.
– Osons affirmer que la planète peut se passer de nous, mais que nous ne pouvons pas nous passer d’elle.
– Osons dire que le fatalisme des uns provoque le fanatisme des autres.
– Osons dire que la violence capitaliste a colonisé tous les cercles de pouvoir.
– Osons l’action plutôt que les déclarations, l’ambition plutôt que la résignation.
– Osons dire que l’écologie n’est un sujet ni de gauche, ni de droite, ni du centre, c’est un sujet supérieur. C’est simplement l’avenir et la sauvegarde de la famille humaine et de son écosystème, la planète. Penser écologique, c’est penser intégral. L’écologie, c’est accepter les limites de notre planète et en tirer les leçons.
– Osons dire que toutes nos crises n’en sont qu’une : une crise de l’excès. Fixons-nous des limites, car la limite n’est pas une entrave à la liberté, mais sa condition. La liberté, c’est la loi qu’on se fixe à soi-même. Sans limites, l’homme s’enivre, divague et se perd.
– Osons honorer l’océan, l’humus, l’eau et l’air. Osons nous affranchir d’un anthropocentrisme ravageur.  »

* Osons, plaidoyer d’un homme libre, Nicolas Hulot, Les liens qui libèrent, octobre 2015, 96 pages, 4,90 €.

Pour en lire plus, LE MONDE du 8 octobre 2015, Hulot : « Nous sommes obligés de changer pour ne pas disparaître »

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Il n’y a aucune technique valable pour sauver le climat

Le crime climatique est à la portée de chacun d’entre nous. Il suffit d’avoir un logement très grand et trop chauffé, une voiture trop lourde et sophistiquée, des tas de gadgets de dernière génération et une boulimie de déplacements en tous genres, le plus vite et le plus loin de préférence. Diminuons nos besoins et nos consommations, le climat se portera mieux. Car il n’y a aucun technique à notre disposition pour véritablement diminuer nos émissions de gaz à effet de serre.

Philippe Bihouix* le démontre : « Une lutte technologique contre le changement climatique serait désespérée. Ainsi dans les bâtiments, où le niveau de confort toujours plus exigeant nécessite l’emploi de matériaux rares (verres faiblement émissifs) et une électronicisation généralisée pour optimiser la consommation (gestion technique du bâtiment, capteurs, moteurs et automatismes, ventilation mécanique contrôlée). Ainsi dans les voitures, où le besoin de maintenir le confort, la performance et la sécurité nécessite des aciers alliés toujours plus précis pour gagner un peu de poids et réduire les émissions de CO2. Ce qui nous attend à court terme, c’est une accélération dévastatrice et mortifère, de la ponction de ressources, de la consommation électrique, de la production de déchets ingérables, avec le déploiement généralisé des nanotechnologies, des big data, des objets connectés. Le saccage de la planète ne fait que commencer. Il n’y aura pas de sortie par le haut à base d’innovation technologique – en tout cas si improbable qu’il serait périlleux de tout miser dessus. On ne peut se contenter des business models émergents, à base d’économie de partage ou de la fonctionnalité, peut-être formidables mais ni généralisables, ni suffisants. Nous devrons décroître, en valeur absolue, la quantité d’énergie et de matières consommées. Il faut travailler sur la baisse de la demande, non sur le remplacement de l’offre.

Il y a toute une gamme d’actions imaginables. Certaines devraient logiquement faire consensus, suppression de certains objets jetables, des supports publicitaires, de l’eau en bouteille… D’autres seront plus difficiles à faire passer, mais franchement nous n’y perdrions quasiment pas de « confort » (retour de la consigne, réutilisation des objets, compostage des déchets, limite de vitesse des véhicules…). D’autres enfin promettent quelques débats houleux (réduction drastique de la voiture au profit du vélo, adaptation des températures dans les bâtiments, urbanisme revisité pour inverser la tendance à l’hypermobilité…). Qui est liberticide ? Nos sociétés sont déjà liberticides. Il existe bien une limite, de puissance, de poids, fixée par la puissance publique, pour l’immatriculation des véhicules. Qui est liberticide ? Le conducteur de 4×4, l’utilisateur de jet privé, le propriétaire de yacht, ou celui qui propose d’interdire ces engins de mort différée ? »

* Philippe Bihouix dans le livre collectif « Crime climatique STOP !  »

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L’écologie scientifique, précurseur de l’écologie politique

Traditionnellement les politiques et les industriels imposent aux scientifiques leurs désirs de puissance ou de profit. Pour la première fois le GIEC (groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) risque de mettre les politiques et les industriels à l’écoute des scientifiques. Une inquiétude est en effet née de l’observation du réchauffement climatique. Pourtant, ce n’est que dans les années 1970 que la relation théorique entre teneur de l’atmosphère en CO2 et augmentation des températures est démontrée. Mais l’inquiétude grandit quand les carottages de glace en Antarctique révèlent, en 1985, que CO2 et réchauffement ont été corrélés dans le passé de la Terre. La politisation du débat se fait alors très rapidement : une conférence réunit en octobre 1985 à Villach (Autriche) des scientifiques et des fonctionnaires internationaux. Cela débouche sur la création du GIEC en 1988. Son premier rapport est publié en 1990 et conduit à l’adoption, en 1992, de la Convention sur le changement climatique. Tout cela se transforme en processus impliquant tous les Etats au sein d’une négociation internationale qui commence à peser sur les débats politiques nationaux. Les Etats sont amenés à adopter le protocole de Kyoto en 1997. Une interaction féconde unit de plus en plus solidement communauté scientifique et gouvernements. Les groupes de travail tiennent compte des compétences, mais aussi de l’équilibre géographique pour que les pays en développement soient aussi bien représentés que les pays riches.

Le problème, c’est que les réactions de la Biosphère commencent à accélérer le réchauffement et que 2°C de plus en moyenne sur la planète, c’est un changement très brutal dont personne ne sait calculer exactement les conséquences physiques, encore moins déterminer ce qu’il adviendra de la stabilité des sociétés humaines. Or la négociation politique avance à une allure d’escargot… (écrit le 17.02.2007 par Michel Sourrouille)

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Les forages pétroliers, incompatibles avec la COP21

La France accorde trois permis exclusifs de recherches d’hydrocarbures liquides ou gazeux et en prolongent deux autres*. C’est inadmissible, même si on nous assure qu’il ne s’agira pas de gaz de schiste. Le président François Hollande l’avait lui-même rappelé dans son allocution d’ouverture du Sommet des consciences pour le climat : « Un accord pour le climat signifie renoncer à utiliser 80 % des ressources d’énergie fossiles facilement accessibles dont nous disposons encore. » Cherchez la contradiction !

« Que valent les promesses de François Hollande et des négociateurs d’obtenir un “accord historique” à Paris et de “tout faire” pour rester en deçà des 2 °C [de réchauffement], si c’est pour entretenir cette fuite en avant extractiviste ?« , questionnent aujourd’hui les associations environnementales . Il ne s’agit plus de forer, il faut obligatoirement laisser sous terre une grande partie de ce qu’on sait déjà extraire. Selon les études, pour avoir 50 % de chances de maintenir le réchauffement climatique en dessous de deux degrés, le monde doit laisser 66 % des réserves connues de charbon, de pétrole et de gaz dans le sous-sol. Pour que cette probabilité soit de 80 %, nous devons nous abstenir de toucher à 80 % de ces réserves. (page 122 du livre** Crime climatique STOP !)

Nous sommes à la croisée des chemins. Nous ne voulons pas nous retrouver contraint.e.s à survivre dans un monde devenu à peine vivable. Par l’acidification des océans, par la submersion des îles du Pacifique Sud, par le déracinement de réfugiés climatiques en Afrique et dans le sous-continent indien, par la recrudescence des tempêtes et ouragans, l’écocide en cours violente l’ensemble des êtres vivants, des écosystèmes et des sociétés, menaçant les droits des générations futures. Concrètement, les gouvernements doivent mettre un terme aux subventions qu’ils versent à l’industrie fossile, et geler leur extraction en renonçant à exploiter 80% de toutes les réserves de combustibles fossiles.

Pour signer cet appel :
http://crimesclimatiquesstop.org/
ou http://350.org/climate-crimes-fr/

* Le Monde.fr | 02.10.2015, En prélude à la COP21, la France autorise… de nouveaux forages pétroliers
** Crime climatique STOP ! L’appel de la société civile
livre coordonné par Attac France et 350.org, publié aux éditions du Seuil.
éditions Anthropocène Seuil, 316 pages, 15 euros

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