Ce que veut dire « autonomie contractuelle » pour EELV

« Autonomie contractuelle » se comporte comme un oxymore, le rapprochement des contraires, tel « développement durable » ou « voiture propre ». s’il y a complète autonomie des partenaires, il n’y a plus de contrat possible, et s’il y a contrat bien constitué, il n’y a plus d’autonomie. Voici quelques indications historiques qui permettent une première approche de cette expression complexe.

– En 1993, la direction Waecher-Lalonde du « pôle écologiste » Verts-GE se refuse à franchir le pas d’un accord préalable. Gauche et écologistes perdent ensemble les élections… Ce traumatisme permet à la gauche des Verts, désormais incarnée par Dominique Voynet, de lancer l’offensive au nom de « l’autonomie contractuelle », réponse articulée aux impasses du « ni-ni ». Il s’agit, en toute autonomie, de proposer des objectifs et de négocier un contrat sur cette base avec un parti qui devra ou les accepter ou risquer de perdre les élections, en l’occurrence le PS. Accord conclu, qui offre la victoire à « l’alliance de la gauche et des écologistes » dès les législatives de 1997.
– Lors de l’assemblée fédérale des Verts, à Nantes en décembre 2002. La direction regroupée autour de Voynet et Mamère est mise en minorité par une alliance des écologistes « fondamentalistes » ! Au cœur de ce renversement de majorité, la mise en accusation par les militants des « renoncements » du gouvernement Jospin, de la « dérive vers une politique d’accompagnement social du libéralisme ». La nouvelle majorité des Verts inscrit ses perspectives dans le cadre d’une « stratégie d’autonomie contractuelle » qui consiste à « rechercher des accords de gestion avec les partis de gauche sur la base d’une double exigence : un accord programmatique et une répartition proportionnelle des responsabilités ».
– C’est du Groupe Vert au Parlement européen qu’en 2009 s’esquisse une contre-offensive de l’autonomie. Daniel Cohn-Bendit suggère une liste fondée sur un rassemblement des écologistes au sens large, c’est-à-dire des mouvements sociaux pouvant se reconnaître dans le paradigme écologiste. La stratégie de « pollinisation » est explicitement mise en avant. L’expérience est un énorme succès. Non seulement le rassemblement Europe Écologie fait jeu égal avec le Parti socialiste, mais il devance le Front de Gauche jusque dans les quartiers populaires et chez les ouvriers
– En avril 2011, projet de motion d’orientation EELV : De l’accord avec la gauche : l’autonomie contractuelle
Les spécificités de l’écologie politique nous conduisent à porter de façon autonome notre projet à l’occasion des différents scrutins électoraux. Cette « autonomie de premier tour », systématique pour les scrutins proportionnels, sélective pour les scrutins majoritaires, doit être assumée avec la volonté de construire des accords de second tour avec nos partenaires potentiels. Ces accords ne peuvent pas se conclure avec la Droite, mais ils ne sont pas automatiques avec la Gauche. Ils sont conditionnés à un contrat de majorité. Notre programme à venir déclinera les mesures que nous souhaitons mettre en oeuvre, mais, entre autres exemples, nous ne pourrons passer un accord avec la Gauche si ne figure pas la sortie du nucléaire.
– en juin 2013 sur le site d’Avenir Ecolo : Nos accords programmatiques ne doivent pas entrer en contradiction avec notre refus de la « croissance » et notre vision du monde qui en découle. Le congrès devra redéfinir le contenu et les modalités de notre démarche dite « d’autonomie contractuelle ». Pour l’heure, ce ne sont que mots vides de sens. Nous n’avons rien créé qui serve de guide à nos élus, rien qui ne permette à la « base » de les contraindre. Il va falloir apprendre à hiérarchiser les priorités que nous inscrivons dans un contrat et à claquer la porte en cas d’engagements non tenus, ou en cas d’une politique nous associant alors qu’elle bafoue les plus élémentaires de nos principes.
– En février 2015 dans le Gard, les écologistes ont opté pour l’autonomie contractuelle, c’est-à-dire l’union avec les autres partenaires de gauche selon les cantons, sans qu’aucun accord départemental n’ait été ratifié.