CHINE. 1,4 milliards et ça ne suffit pas !

La première fois, l’employée du comité de quartier voulait savoir si elle prévoyait d’avoir un enfant. La deuxième fois qu’on l’a appelée, on lui a tout de suite demandé quand elle avait eu ses dernières règles. Ensuite on voulait savoir si elle avait des animaux de compagnie : « Attention, il y a des risques de transmission de la toxoplasmose ».

De plus en plus de Chinoises en âge de procréer reçoivent ce type d’appel de l’administration locale. Devons-nous garder la liberté de procréer… ou non ?

Harold Thibaut  : Entre 1980 et 2016, la politique de l’enfant unique en Chine a interdit d’avoir plus d’un enfant. Mais l’indice de fécondité, le nombre d’enfants par femme, est tombé à 1,09 en 2022 alors que le niveau pour maintenir une population stable est de 2,1 enfants. Une étude prospective des Nations unies, le World Population Prospects, concluait en juillet 2024 que la population chinoise baissera de plus de 200 millions de personnes entre 2024 et 2054, puis que, à l’horizon 2100, elle pourrait avoir chuté de plus de moitié par rapport à son niveau actuel de 1,4 milliard.

Ce déclin démographique s’avérera lourd de conséquences. Le paiement des pensions de retraite dans une pyramide démographique inversée sera un défi, la baisse de main-d’œuvre mettra les revenus fiscaux à l’épreuve, tandis que l’économie sera affectée par la perte du « dividende démographique » qui veut qu’une population dynamique en âge de travailler bien plus nombreuse que le nombre de dépendants connaît la croissance économique. Sur les murs, les slogans du passé tels « Avoir juste un enfant est bien !  » ont été remplacés par d’autres : « Les frères et sœurs sont le plus beau cadeau que les parents peuvent faire à l’enfant !  » ou « Avoir un ou deux enfants est bien, pourquoi pas un troisième ! »

Le point de vue des écologistes malthusiens

Harold Thibaut aurait pu dire aussi que 1,4 milliards de Chinois, c’est beaucoup trop et donc le fait que les couples veulent moins d’enfants est une bonne nouvelle. Il aurait pu dire que le chiffre de 2,1 enfant pas femme ne veut pas dire que le renouvellement d’une population au même niveau est une bonne ou une mauvaise chose, tout dépend de l’avenir que les ressources limitées de la planète vont donner aux générations futures chinoises. Il écrit à juste titre qu’avoir un enfant est un luxe, mais il aurait du ajouter que ce n’est pas seulement au niveau des considérations financière, mais surtout au fait que faire un enfant supplémentaire sur une planète surpeuplée et consumériste ne peut que dégrader davantage une biosphère qui n’en a certes pas besoin. Enfin la démographie ne peut pas être une course entre l’Inde et la Chine pour savoir qui sera numéro un mondial : les deux sont des puissance nucléaires, on n’a plus besoin de chair à canon pour se faire la guerre.

Faire des enfants surnuméraires n’est pas un cadeau qu’on fait, ni aux générations  futures, ni à la biodiversité !

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

28/11/2005 Un passage obligé

Avec 6 milliards d’humains et bientôt 9 ou 10 en 2050 contre seulement 1,6 milliard il y a cent ans, la question de la population mondiale tient une place centrale. L’impact de l’emprise humaine accélère l’érosion des sols, épuise les nappes phréatiques, engendre des épandages de poisons, engloutit les dernières ressources non renouvelables. Aucune innovation, cultures hors sols, nouveaux modes d’irrigation ou même solution soft du type régime végétarien (qui économise les protéines animales) ne pourront véritablement inverser la tendance. Reste donc à agir sur la démographie. Certains s’excitent déjà et crient à la barbarie devant la norme de l’enfant unique en Chine. Mais il n’y a pas d’alternatives acceptables, le nombre d’enfant ne peut plus rester un choix régalien de couples plus ou moins conscients de leurs responsabilités familiales et collectives : quand tout le monde sait qu’on doit respecter la règle commune, tout devient normal, surtout la régulation des naissances.

En 1971 Paul Ehrlich écrivait la bombe P dont l’idée directrice était la suivante : pour désamorcer l’expansion de la population humaine, il faudrait une limitation stricte des naissances. C’était une actualisation des thèses malthusiennes de la fin du XVIIIe siècle, pour la biosphère cela reste toujours d’actualité au début du XXIe !

30/11/2005 Contre la liberté de procréer

La Chine compte aujourd’hui plus de 1,3 milliard d’individus alors qu’elle avait pris les devants en prônant le modèle de l’enfant unique. En vingt ans, cette politique a permis d’éviter 300 millions de naissances, mais malheureusement elle a aussi dressé beaucoup de gens contre l’Etat. Aussi en 2002 l’Assemblée nationale populaire a voté une loi assouplissant la régulation des naissance parce que les espaces de liberté gagnent du terrain dans un pays où la croissance économique s’accompagne désormais d’une libération de l’initiative individuelle. Les couples sont donc autorisés à avoir plusieurs enfants à condition de payer une « taxe sociale de compensation », soit 600 euros. Cette somme élimine du « libre » choix les paysans et autres catégories défavorisées qui sont incapables de débourser cette taxe puisqu’elle représente trois ou quatre fois leur revenu mensuel.

La biosphère pense que les 7000 chinoises dans l’est de la Chine qui ont été stérilisées de force par des agents du planning familial entre mars et juillet 2005 parce que les quotas démographiques avaient été dépassés représentent un meilleur exemple des politiques à suivre qu’une sélection démographique par l’argent qui laisse aux riches la possibilité de faire autant d’enfants qu’ils le désirent, et aux pauvres seulement la recherche désespérée d’une ascension sociale. En effet la capacité de charge de la planète est dépassée, les riches comme les pauvres doivent se rendre compte de gré ou de force que le droit de procréer n’est pas une liberté inaliénable… que ce soit en Chine ou ailleurs !

02/01/2007 : Démographie, la France ou bien la Chine ?

– En France, il est rare que nous puissions avoir un débat sérieux sur la régulation démographique. 

– En Chine, le malthusianisme est constitutionnalisé dans l’article 25 et justifié ainsi : « L’État encourage la planification familiale pour assurer l’harmonie entre la croissance démographique et les plans de développement économique et social ». N’est-ce pas là une attitude raisonnable ?

11/09/2023 : Surpopulation en Chine, une idée tabou ?

extraits : Entre 1950 et 1970, la population est passée de 540 millions à 800 millions pour dépasser le chiffre vertigineux de 1,4 milliards de personnes en 2020. La densité est élevée, de 150 hab./km² pour une moyenne mondiale de 60 hab./km². Ce pays dispose de 10 % de la superficie cultivable mondiale, mais doit nourrir 18 % de la population mondiale.

La croissance chinoise, à base de charbon et d’exportations, est extrêmement fragile, avec des conséquences déjà très négatives au niveau social et environnemental. Le chômage devient structurel. Le chômage des jeunes est tellement haut que les autorités ont arrêté d’en publier les chiffres en août 2023, après un record atteint en juin à 21,3 %. Les exportations ont aussi reculé de 14,5 % en juillet, tandis que la consommation stagne. L’immobilier ne cesse de chuter, avec une baisse des ventes de 34 % en août, et plusieurs grands promoteurs, comme Evergrande et Country Garden, sont au bord de la faillite, risquant d’emporter dans leur chute des institutions financières….

11 réflexions sur “CHINE. 1,4 milliards et ça ne suffit pas !”

  1. Tout cela illustre d’abord deux évidences et donne une leçon d’Histoire
    – d’abord la planète est de surface finie et par obligation elle doit avoir un nombre fini d’habitants.
    – la vie sur la planète s’est déroulée pendant des centaines de millions d’années ( 5 depuis qu’existent de grands animaux) sans que jamais une espèce ne soit aussi nombreuse et aussi dominante et que donc, la période que nous vivons est une exception non durable. Ce qui a tenu, ce sont toujours des effectifs beaucoup plus faibles.
    Enfin la leçon est que plus nous attendons pour promouvoir des inflexions douces en faveur de la baisse de la fécondité pour revenir à des effectifs durables, plus nous serons en prise avec des injonctions gouvernementales dures et intrusives.
    Le nombre excessif pousse à la contrainte et nuit à la liberté. Le droit au nombre est un droit contre tous les autres.

    1. Vous avez raison, deux évidences et une bonne leçon d’Histoire :
      – « 30/11/2005 Contre la liberté de procréer. […] le nombre d’enfant ne peut plus rester un choix régalien de couples plus ou moins conscients de leurs responsabilités familiales et collectives […] le droit de procréer n’est pas une liberté inaliénable… que ce soit en Chine ou ailleurs ! »

      20 ans plus tard ON voit bien que dans ce domaine la «liberté» comme la «régulation» s‘entendent toujours dans le même sens. C’est le propre des esprits bornés, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, misère misère !
      Toutefois… d’une «attitude raisonnable» et du «meilleur exemple des politiques à suivre»… voilà enfin qu’ON trouve la dictature dégueulasse.
      Que ce soit en Chine ou ailleurs … ON avance ON avance !

      1. Parti d’en rire

        Se faire stériliser de force passe encore. Mais se faire emmerder au téléphone ça non !
        Ça c’est pas durable, c’est inacceptable, ingérable et tout et tout !

  2. Parti d’en rire

    – « En France, il est rare que nous puissions avoir un débat sérieux sur la régulation démographique. En Chine, le malthusianisme est constitutionnalisé dans l’article 25 et justifié ainsi : « L’État encourage la planification familiale pour assurer l’harmonie entre la croissance démographique et les plans de développement économique et social ». N’est-ce pas là une attitude raisonnable ? » (Biosphère 02/01/2007 : Démographie, la France ou bien la Chine ?)

    Quasiment 18 ans plus tard… je me dis que Biosphère a eu largement le temps de cogiter sur sa question. Et même de trouver la réponse.
    En considérant bien sûr qu’il s’agissait (à l’époque) d’une véritable question. Et non pas une de celles qu’ON vous pose juste pour vous faire dire amen. Aujourd’hui il ne lui reste donc plus qu’aller en Chine pour tenter d’instaurer un débat sérieux, et raisonnable bien sûr… sur la régulation démographique.

    1. Ah Tiens, revoilà Michel C et le parti d’en rire… qui vont nous expliquer que le malthusianisme c’est le mal absolu et que l’islam c’est le bien véritable afin d’obliger les femmes à avoir 12 enfants minimum car soit disant la planète pourrait accueillir 100 milliards d’habitants juste en faisant un peu de permaculture…

      1. Parti d’en rire

        Ah Tiens, revoilà notre bougre de grand andouille (BGA)… qui vient encore nous raconter n’importe quoi. Sur les loups, les armes, l’agribashing, le revenu médian et j’en passe… force est de constater que notre grand «écologiste malthusien» n’a rien à nous raconter. Par contre sur l’islam, les bécasses, les lapins et la permaculture… alors là c’est autre chose ! Ne manquerait plus que les no-kids chinoises se con verdissent à l’islam.

  3. J’attends le jour où Macron décidera la création d’une police de proximité sur nos flux menstruels…. Après le réarmement militaire du SNU, il en est capable pour stimuler son réarmement démographique, un mot, natalité, qu’il n’ose même pas énoncer….

    1. Normal qu’il n’ose pas prononcer le mot, il n’en a jamais fait.
      Du moins à ce qu’ON en sait : « Marié depuis plus de 20 ans avec Brigitte, Emmanuel Macron n’a jamais eu d’enfants. En voici la raison. Et c’est adorable.»
      ( La raison pour laquelle Emmanuel Macron a refusé d’avoir des enfants avec Brigitte Macron – grazia.fr/people/)
      J’attends le jour où Gala ou le Canard révèlera que Manu a une fille cachée.
      Eh, ON ne sait jamais !

  4. En France c’est pour sauver le Climat qu’ON nous emmerde au téléphone. En fait c’est juste Business (as usual) qui nous pousse à acheter des panneaux solaires et de l’isolation. C’est de bonne guerre comme ON dit. En Chine c’est pareil, sauf que c’est pour les pousser à faire des gosses. Déjà, premier constat, le Téléphone c’est fait pour nous emmerder ! Et encore s‘il n’y avait que le Téléphone. Ensuite, pourquoi en Chine n’emmerde t-ON que les femmes ? Du moins pour ça. Déjà, pas besoin d’être malthusien pour dénoncer et condamner ce genre de méthodes. Pas plus que féministe. Parce que ce n’est là que la façon de faire des régimes autoritaires. Et dans ce genre de cas, soit ON est POUR, soit ON est CONTRE.
    Moi je suis CONTRE. Ce qui nous amène au second constat, la Chine est à la pointe dans ce domaine. 1,4 milliard d’habitants, et plus de 700 millions de caméras de surveillance !
    (à suivre)

    1. (suite) L’épisode Covid nous a fait voir le flicage généralisé, à la pointe du Progrès, les drones de surveillance etc. Et bien sûr tout ça a donné des idées au reste du monde.
      – Comment les méthodes de surveillance chinoises s’étendent à l’échelle mondiale (tuta.com)
      Surveiller et punir… et surveiller pour amener les citoyens à se comporter de la manière souhaitée par la classe dirigeante (sic).
      Hier la guerre contre le Covid, aujourd’hui la guerre contre ceci et cela (j’en parlais hier).
      Et il se trouve que de son côté la Chine est en guerre contre la baisse de sa natalité.
      La chinoise no-kid se doit donc de bien comprendre qu’elle n’est pas une bonne chinoise.
      Et que si elle ne se ressaisit pas, si elle ne se couche pas… elle sera alors vue comme une ennemie de la Chine. Et là pas besoin de lui faire un dessin. (à suivre)

      1. (et fin) Seulement quand je dis «la Chine»… c’est comme quand ON dit «la France», «la Russie», «l’Ukraine» etc. Voire «la Planète»….
        Parce qu’en fait il ne s’agit que d’une certaine… Chine. Comme ici d’une certaine France, celle de ceux qui s’autorisent à parler en son nom, et qui disent «La France, les Français, le Peuple [etc.]». Ceux qui idéalisent leur… machin… à leur façon. Et qui voudraient qu’il soit comme ci et non pas comme ça ! Grand et non pas tout petit, vaillant et non pas fainéant, de telle couleur et pas d’une autre etc. etc. Ceux qui, bien sûr, sont aux manettes de leur… machin. Mais aussi tous ceux qui ne rêvent que de sa grandeur, sa puissance, sa croissance etc. «Chez nous» LA France, ailleurs LA Chine, LA Russie, L’Amérique et j’en passe. Bon courage pour leur faire comprendre que leur guerre n’est pas une bonne guerre.

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