La France a choisi, il n’y aura pas de taxe carbone, la bagnole est chouchoutée et l’écologie, ça commence à bien faire. Cancun sera un échec, comme Copenhague, et les températures vont continuer à monter. Alors la ministre du développement durable, Nathalie Kosciusko-Morizet, a choisi l’adaptation au changement climatique*. Il est vrai que dans son livre, Tu viens ?, nous trouvions déjà NKM assez défaitiste : « Une société bien équilibrée devrait pouvoir partager des rêves qui disent à la fois le passé et l’avenir. Nous en sommes loin, nous ne parvenons qu’à échanger quelques cauchemars (…) Le prophète écologiste est un prophète à qui son public fait défaut ; on en oublie trop vite la folie de tous ceux aux oreilles desquels le tocsin sonne depuis des années sans qu’ils aient rien changé de leurs habitudes (…) Chaque fois que nous avons lâché nos lièvres dans l’Assemblée, nous nous sommes heurtés à un lobby. »
Le Plan national d’adaptation au changement climatique, sans moyens financiers suffisants, tient de l’incantation. De toute façon, à quoi sert d’élever quelques digues pour protéger quelques routes, la mer qui monte a toujours raison. NKM aurait mieux fait d’agir contre les émissions de gaz à effet de serre. NKM en définissait d’ailleurs la stratégie dans son livre : « La crise que nous traversons doit nous servir de leçon. Elle dit la faillite d’un modèle de développement : celui de l’augmentation indéfinie de la quantité produite et consommée (…) Nous avons un gros échec à digérer, celui de notre mode de vie. Nous devons nous résoudre à avaler la nécessité d’un changement profond de nos modes de production et de consommation (…) Je crois à la sobriété. C’est une vertu ancienne, dont le caractère peut paraître suranné, mais qui sera l’un des traits de notre avenir. C’est exactement cela que nous recherchons aujourd’hui lorsque nous privilégions le naturel, après des années de culte de l’artifice, lorsque nous voulons réduire les distances et permettre à nos vies comme à nos activités de fréquenter des échelles réduites, celles du local. »
Nous conseillons à Nathalie Kosciusko-Morizet de se relire, et à faire preuve de courage politique…
* LeMonde du 25 novembre 2010, la France face aux impact du réchauffement
Le véritable obstacle en matière environnementale ne repose pas sur la dichotomie droite/gauche. Elle repose sur une contradiction qui s’insère au cœur de chaque individu :
« Au sein des démocraties, la difficulté viendrait plutôt de la résistance farouche de la majorité des populations à la remise en cause de leur mode de vie, considéré comme un acquis dans le cadre d’un progrès à sens unique, perçu comme un droit. »
(Hubert Védrine, Le débat, Janvier-Février 2005, n °133)