Climat et pénuries, la démocratie en danger

Un éditorial du MONDE met les pieds dans le plat du catastrophisme : « Faut-il renoncer à la démocratie pour endiguer le réchauffement climatique, ou attendre que celui-ci ait raison de la démocratie, voire de notre civilisation ? Le spectre de la dictature écologique, mis en évidence dès 1979 par le philosophe Hans Jonas ressurgit. Réduire notre consommation (et donc abandonner une partie de notre confort), organiser le contrôle de la démographie humaine et peut-être celui de la pénurie. Un régime autocratique lui semblait plus à même de « réaliser nos buts inconfortables » que nos démocraties… On risque fort d’aborder au contraire une période où riches et puissants profiteront des ultimes ressources qui nous restent, au prix de l’aggravation des injustices planétaires et de la disparition d’une part notable des sept milliards d’êtres humains. Les mêmes, après avoir géré la croissance et l’abondance, géreraient la pénurie… » Quelques réactions parmi plus de 200 sur lemonde.fr :

César Bistruk : Bon édito. C’est une vraie question. Comme le décrit en détail J. Diamond, la déforestation du Japon lors de la période Edo n’a été stoppée que par la politique autoritaire et hégémonique de préservation des shogun Tokugawa. Le Japon a ainsi pu préserver de manière durable la ressource indispensable à l’économie qu’était le bois. Notre démocratie va devoir faire la preuve qu’elle est capable d’affronter une crise écologique. J’espère qu’elle l’est.

CYNIQUE DU BON SENS ET RAISON : Entre choisir la mort ou la dictature, de préférence verte, on verra ce que choisissent nos contemporains !

Obéron : S’il est une chose à laquelle il est difficile de croire, c’est à cette figure du dictateur éclairé qui prendra les mesures drastiques mais nécessaires à la survie du plus grand nombre. Ne serait-ce que parce qu’il y en aura alors un peu partout, chacun portant les intérêts supposés de son peuple et non ceux de l’humanité.

NousVerrons : Quand seul les puissants pourront disposer des ressources de la planète, ceux si seront si peu nombreux que les ressources pourront se régénérer. CQFD

PELAYO DECOVADONGA : Il n’y a aucune raison de penser qu’un régime autoritaire serait durablement green-minded. Par contre on peut faire confiance à la Nature pour régler le pb. Quand les X milliards d’humains n’auront plus assez de ressources le problème se résoudra par la violence et l’élimination du surplus, pour repartir sur des bases saines. Le pb c’est les européens gras et assistés ne sont pas du tout armés pour survivre à ce cataclysme au contraire du tiers-monde habitué à se débrouiller dans le chaos.

Phil69 : Du fait de la répulsion des hommes pour la régression (effet cliquet), le plus probable est que la crise climatique se traduira par une guerre pour les ressources devenues rares. Le plus rationnel est donc de se préparer à cette guerre et de s’organiser pour la survie. C’est bien le sens de la politique de Trump: fermeture des frontières, organisation de l’indépendance du pays et désintérêt pour le reste de la planète. C’est un survivaliste qui pense struggle for life. C’est immoral, et alors?

No Future : Faudrait se grouiller pour voir si, vers 61 du Cygne, il n’y aurait pas une autre planète à zigouiller.

Olivier Martineau : Mesures contraignantes ne veut pas pour autant dire dictature. Nous vivons déjà de fait dans une société très contraignante et nous nous en accommodons très bien.

Tartuffisme : Le Monde nous explique combien il faut sauver la planète et combien nous sommes coupable de ne pas y penser mais, lorsque des excités se lèvent, rudoyant leurs concitoyens, cassant et brûlant au prétexte d’avoir à payer 3 euros de plus sur un plein de gasoil, et surtout dépités par les résultats des dernières élections, on a toute la rédaction du même journal qui les soutient à fond.

Victor : La pénurie alimentaire provoquera des famines, puis des épidémies, mais il y aura toujours des survivants, les dictatures que le Monde appelle de ses vœux organiseront les guerres nécessaires à l’obtention d’une population raisonnable. Et quand usines et voitures auront cessé de tourner faute d’ouvriers et d’ingénieurs, le CO2 baissera et le climat se rafraîchira.

Jul @ Victor : Le délai entre la stabilisation des émissions et celui de la température est de l’ordre de 200 ans (inertie thermique). Donc si on compte sur le début de l’effondrement pour stabiliser le climat, c’est une très mauvaise idée… la civilisation en cours d’effondrement subira une hausse continue des températures pendant 200 ans, ce qui n’arrangera pas sa situation..

* LE MONDE du 5 janvier 2019, Climat : sauver la planète en préservant les libertés

2 réflexions sur “Climat et pénuries, la démocratie en danger”

  1. Cet éditorial commence par  » Seul un sursaut politique venant des élus et des citoyens peut nous permettre de concilier sauvegarde de l’humanité et survie de nos valeurs démocratiques. »
    Déjà ça, c’est comme le beurre et l’argent du beurre. On veut tout quoi, et en même temps. Eh oui, c’est dans l’air du temps.
    La sauvegarde de l’humanité ça me parle, quand au reste pas beaucoup. Valeurs démocratiques, démocratie … mais de quoi parle t-on ? Nous ne sommes pas en démocratie, d’ailleurs l’a t-on été un jour ? En considérant que oui, alors nous sommes aujourd’hui dans une ochlocratie, le pire des régimes politiques selon Polybe (que ceux qui ne suivent pas fassent l’effort d’ouvrir un dictionnaire). Si Polybe a vu juste, nous n’avons plus qu’à attendre cet homme providentiel qui rétablira la monarchie.
    Mais en attendant, à la place de cette démocratie qui n’en a plus que le nom, on verrait plutôt une dictature. (« Et voilà que ressurgit le spectre de la dictature écologique, mis en évidence dès 1979 par le philosophe allemand Hans Jonas.« ) Une dictature verte donc, voire une tyrannie. On pense là aux affreux khmers-verts. Hans Jonas qui était gentil disait « une tyrannie bienveillante, bien informée et animée par la juste compréhension des choses ». Un tyran bienveillant ça doit être un peu comme un gentil dictateur, j’ai juste un peu de mal à voir à quoi ça pourrait ressembler.
    Aurélien Barrau estime qu’il est désormais « vital que les décisions politiques drastiques et contraignantes, donc impopulaires soient prises ».
    Ben oui, ça c’est facile à dire (y’aca et faucon), mais qui va les prendre ces décisions ? Nos « dirigeants » politiques peut-être ? Mais ce ne sont que de pauvres marionnettes. Les citoyens alors ? Les quoi ? Où sont-ils ceux-là ?
    Quoi qu’il en soit, de possibles dictateurs j’en vois, mais ils n’ont rien de vert.

  2. Pour rebondir sur les deux derniers commentaires du Monde : il y a en effet peut-être un défaut de communication au niveau de l’inertie du changement climatique. Je ne suis pas sûr que les citoyens comprennent bien qu’il n’y a pas de retour en arrière physiquement possible à l’échelle d’une vie humaine, au sens que si on baisse les émissions de 2 % demain matin, cela se traduira immédiatement par une baisse de température dans les années suivantes.
    En même temps, difficile de donner à boire à des ânes qui n’ont pas soif. La science n’est pas le point fort du citoyen lambda, qui aura en plus la malhonnêteté de camoufler son incompréhension.
    On retombe alors sur le thème de l’editorial du Monde : notre démocratie suppose pourtant que chacun, même le plus ignorant, puisse donner son avis à égalité avec tout le monde.

Les commentaires sont fermés.