Condition animale : Hulot a fort à faire !

Nicolas Hulot, avant de devenir ministre, avait une vision très claire de la détérioration de la condition animale, vision qu’il a exposé dans plusieurs livres : « Il faut reconnaître que l’homme sait aussi vous donner la nausée tant parfois il excelle dans l’indifférence, l’ignorance, la cupidité, la vanité, la lâcheté, la cruauté. Les élevages intensifs d’animaux sous l’effet d’une mode, où les bêtes croupissent lorsque celle-ci est passée, sont inadmissibles. Combien de huskies ont grandi dans des vitrines minuscules. Les murs épais des laboratoires cosmétiques qui dissimulent le martyre d’animaux innocents me rendent malade. Que pour satisfaire quelques coquetteries futiles on se fasse tortionnaire illustre le peu de cas que notre société fait de la condition animale. Concernant la chasse ou les abattoirs, j’appelle à limiter au maximum la souffrance de l’animal. L’animal n’a plus le temps de s’adapter aux modifications de son environnement. Son univers a trop vite évolué en moins d’un siècle pour que ses gènes conditionnent de nouveaux réflexes. Surtout, l’homme, dans son développement, ne les prend pas en compte. S’échapper, pour les animaux, c’est s’exposer à des projectiles monstrueux lancés sur toutes les routes. Partout dans le monde, en modifiant le paysage, l’humanité dans son expansion fait fi de la condition animale… Si vous me demandez mon sentiment sur l’utilisation des animaux sauvages dans les cirques, évidemment ça ne me plaît pas. Le mouvement contre la présence d’animaux sauvages dans les cirques prend de l’ampleur. Les 2 000 animaux sauvages qui y sont détenus en France présentent des troubles du comportement et des souffrances chroniques. Le plus choquant, c’est que cette activité a pour fin le divertissement. On fait des animaux des produits de consommation.  J’ai de l’estime pour les gens du cirque, mais je sais combien les prouesses des animaux sont le fruit de privations et parfois de sévices. Rien de plus désolant, l’été, que ces bêtes en cage étroite, agglutinés et exposés au regard de promeneurs distraits. J’ai en horreur ceux qui privent l’animal de liberté à des seules fins mercantiles…. »

Brigitte Bardot était donc satisfaite de sa nomination au poste de ministre de la Transition écologique et solidaire. En juin 2017, elle se battait avec le maire du Luc pour empêcher l’installation d’un cirque avec animaux sauvages sur son sol. Elle appelle Hulot par téléphone, il lui répond : « Je suis ministre, mais je ne sais pas ce que je peux faire. » * Début août 2017 sur France Inter, il déclare en tant que ministre ne pas être favorable à la captivité des animaux, pas favorable à l’idée que l’on fasse du spectacle avec cette activité-là. « Artistes à quatre pattes » pour les uns, « êtres emprisonnés et brisés » pour les autres. Mais il préfère mener une réflexion globale plutôt que l’interdiction. Le gouvernement crée par décret une commission consultative interministérielle afin d’organiser une concertation permanente entre les cirques, les ministères concernés (Culture, Intérieur, Transition écologique, Agriculture) et les élus. Dans le monde, 27 pays ont totalement interdit les cirques avec animaux (parmi lesquels l’Autriche, la Belgique, la Grèce, l’Inde, le Pérou, la Slovaquie et la Suède) et 16 partiellement (dont l’Allemagne, l’Australie et le Canada).

Janvier 2018, lors de ses vœux à la presse, il en reste encore aux intentions : « J’ai décidé de réfléchir cette année à un sujet qu’on reporte régulièrement au prétexte qu’il est un peu touchy, celui de la condition animale, un sujet de civilisation. J’ai convié à cette réflexion la présidente de la FNSEA (la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), ainsi que les chasseurs. J’estime que l’animal a une conscience et je souhaite conduire bientôt une grande réflexion sur sa condition avec le ministre de l’Agriculture. Je suis convaincu que les mentalités ont énormément évolué sur ce sujet, et c’est un indice de civilisation. Ces questions convoquent souvent de vieilles traditions. On peut les aborder sans stigmatiser personne, mais on ne peut plus les occulter. » Dans le programme du présidentiable Macron, il était écrit : « Pour le bien-être animal, nous prendrons notamment l’engagement d’interdire d’ici 2022 de vendre des œufs de poules élevées en batterie. » Il n’y avait pas grand-chose d’autre !

Cet article est initialement paru sur le site des JNE. Il a été rédigé à partir d’éléments du livre de Michel Sourrouille, à paraître le 1er octobre 2018 : Nicolas Hulot, dans la peau d’un ministre écolo.

* Larmes de combat de Brigitte Bardot (avec Anne-Cécile Huprelle) aux éditions Plon.

7 réflexions sur “Condition animale : Hulot a fort à faire !”

  1. @ Biosphère
    Petit retour sur un passage de votre commentaire du 15 août 2018 à 16:39 :
    –  » NH serine depuis longtemps qu’en tant que ministre, il doit par exemple penser aux loups, mais aussi aux éleveurs. On ne comprend rien à ce discours quand on sait que les éleveurs sont déjà indemnisés pour tout bétail attaqué par un loup. ILS N’ONT DONC RIEN À DIRE. »

    1) C’est normal, en tant que ministre NH se doit de penser au loup et en même temps à l’agneau, à la chèvre et en même temps au chou. Hulot a accepté le poste, offert si gentiment par Macron, pour moi c’est la preuve que leur façon de penser l’écologie ne sont pas si différentes que ça.
    2) On ne comprend rien à ce discours ? Cherchez-vous à dire qu’il n’y a aurait rien à comprendre ? Attention, le truc (le stratagème) est connu. « Je ne comprends pas que » sous-entend que c’est tellement absurde, idiot, qu’il est inutile de chercher à comprendre. Or il vaut mieux toujours chercher à comprendre.
    3) Les éleveurs indemnisés ? Je pense finalement que vous deviez aller vous immerger dans le monde des éleveurs, disons durant un an, et ainsi peut-être parviendrez-vous à comprendre leurs problèmes.
    4)  » ILS N’ONT DONC RIEN À DIRE. » Ben voyons. C’est une façon comme une autre de penser l’écologie.

    Je vous rappelle au passage que le loup n’est pas une espèce menacée, que leur nombre progresse en France. Je pense que quand les loups pulluleront en forêt de Fontainebleau, les écolos-bobos parisiens les verront avec d’autres yeux. Bref, vous ne pouviez pas prendre plus mauvais exemple pour égratigner votre ministre tant chéri.

  2. Jean-Pierre Digard : « Ce qui n’est pas reconnu comme allant dans le sens de l’intérêt prioritaire de l’Homme n’a aucune chance d’être retenu et de s’inscrire dans la durée. Ce principe est lui-même un corollaire de la priorité de fait de l’espèce humaine sur les autres espèces ; l’évolution n’est pas une théorie, mais un fait. » (in L’animalisme est un anti-humanisme, CNRS éditions)

  3. Nicolas Hulot aborde le fond du problème avec cette phrase adressée à Brigitte Bardot : « On ne peut pas se soucier de la condition animale quand on ne se soucie pas de la condition humaine ». C’est laisser croire que protéger l’animal passe après le service des intérêts humains. NH serine depuis longtemps qu’en tant que ministre, il doit par exemple penser aux loups, mais aussi aux éleveurs. On ne comprend rien à ce discours quand on sait que les éleveurs sont déjà indemnisés pour tout bétail attaqué par un loup. ILS N’ONT DONC RIEN À DIRE.
    A force de « protéger » l’homme, on anéantit toute la biodiversité, les ressources naturelles, la capacité de régénération de l’eau et du climat, etc. Ce n’est plus de l’humanisme, c’est la politique de la terre brûlée, politique que soutient dorénavant Nicolas Hulot… Son bilan comme ministre d’Etat est dérisoire, et ses paroles contre Bardot injurieuses.

  4. Sur ce blog nous suivons avec sympathie depuis longtemps le parcours de Nicolas Hulot. Mais dorénavant nous craignons fort que s’il ne démissionne pas rapidement de son poste de ministre, il fera beaucoup de mal non seulement à sa notoriété, mais aussi à la cause écologique sur l’air de « on ne peut rien faire, Madame le ministre… » La mésentente récurrente BB et Hulot illustre notre crainte :
    BB le 3 juin 2017, sur le sort du loup : »Avec vous, cher Nicolas, nous allons enfin sortir de ces débats hystériques qui opposent l’homme et l’animal afin de redonner la paix à ceux qui la méritent ». 
    Deux semaines plus tard, c’est la douche froide, le ministère vient d’augmenter le quota annuel de loups pouvant être abattus. Et BB change de ton :  « Non seulement c’est une cruelle entrée en matière, mais c’est d’un illogisme total. Je compte infiniment sur vous pour redonner à votre ministère la dignité qui lui a tant manquée ces dernières décennies. Je vous embrasse un peu fâchée. » 
    samedi 11 août 2018, après le lancement d’une concertation publique sur les quotas de chasse BB traite NH de « trouillard de première classe », assurant qu’il « ne sert à rien ». 
    Furieux, NH répondait dimanche sur France Info  : »Mais enfin, où est la lâcheté quand on injurie à distance tranquillement (…) et qu’on fait de la démagogie sur les animaux ? »

  5. L’ un est un bavard pontifiant (qualité indispensable pour être un politichien) niant la problématique démographique comme « l’ intellectuel Rhabi  » sans action concrète tandis que l’ autre rue dans les brancards et agit concrètement .
    Hulot est un « commercial  » (ecolo de la sainte farce comme les dirigeants de EELV)qui tente de vendre sa camelote Ushuaia (dans le pantalon) !
    Quelle crédibilité que ce Hulot !

  6. L’un qui ne sait pas ce qu’il veut, qui hésite en permanence, probablement depuis qu’il est né, en tous cas qui n’a plus l’intention de démissionner … l’autre qui ne fait pas dans la dentelle, qui n’a aucun intérêt à peser ses mots, qui ne fait aucune différence entre impuissance et lâcheté… je comprends que biosphère doit être un peu embêté avec cette « affaire » de vieux pipoles.
    En effet, pas facile de prendre parti dans la guéguerre entre Nicolas et Brigitte.
    https://www.lejdd.fr/politique/brigitte-bardot-et-nicolas-hulot-saccusent-mutuellement-de-lachete-3731645

    Voilà là-aussi nous donner un autre angle de vue sur notre joli monde écolo.

Les commentaires sont fermés.