contagion virale, un risque élevé pour l’humanité

Contagion, le film de Steven Soderbergh, cartographie la propagation mondiale d’un virus qui tue rapidement ses victimes*. Très réaliste, trop ! En juin 1918, 70 % de la population madrilène fut contaminée en l’espace de trois jours par la grippe espagnole. De 1918 à 1919, ce virus de type H1N1 a fait mondialement entre 30 millions et 100 millions de morts. Or les pandémies se multiplient aujourd’hui. Un universitaire d’Atlanta a listé les facteurs favorisant les risques : augmentation des transports autour de la planète, l’urbanisation croissante, réchauffement climatique (migrations des moustiques…), vieillissement de la population, concentrations dans les élevages en batterie. Marc Danzon, directeur de l’OMS (organisation mondiale de la santé) pour l’Europe en est sûr : « Aucun expert n’a laissé espéré que la pandémie aviaire n’arrivera pas un jour. L’incertitude porte sur le degré de sévérité qu’elle revêtira. Dans les dix ans à venir, il y aura une pandémie due à un virus qui se sera échappé du règne animal. »

Au cours des trois dernières décennies, 35 nouvelles maladies ont été recensées, dont 26 virales. L’épidémie de fièvre hémorragique aiguë due au virus de Marburg tue périodiquement en Angola, jusqu’à 90 % des personnes contaminées. En 2003 les Pays-Bas ont connu une épizootie de la variante H7N7 entraînant des contaminations humaines. Fin 2004, on recensait 6247 virus et les taxinomistes pensent que ce nombre n’équivaut qu’à 1 % de l’ensemble. En 2005, un échantillon du virus de la grippe H2N2 qui a fait cinq millions de morts en 1957, avait été envoyé à 3 747 labos de 18 pays différents ; erreur humaine vite réparée par une destruction dès réception ! La même année, on a pour la première fois observé que l’une des variantes de la grippe aviaire H5N1 avait acquis la propriété de pouvoir passer chez les humains. Alan Weisman envisage l’hypothèse qu’homo sapiens devienne « Homo disparitus » grâce à un virus mutant qui balayerait la population humaine de la surface de la Terre ? Ce serait alors la fin de l’anthropocène, un mal pour un bien ?

Certains qui paraissent cyniques décrivent l’espèce humaine comme le cancer de la Terre. La prolifération humaine rencontrant sur sa route la régulation naturelle ne serait que justice. Comme si la contamination virale naturelle ne suffisait pas, James Howard Kunstler** envisage que des régimes submergés par les pressions démographiques utilisent des virus « fabriqués «  contre les populations (après avoir bien sûr  vacciné une élite présélectionnée !)**. L’idée peut paraître insensée, mais pas plus que le massacre des koulaks par Staline, les carnages de Pol Pot au Cambodge, le génocide des Tutsis au Rwanda, la famine orchestrée des Nord-coréens sous Kim Jong Il. La machinerie de la Shoah a recouru à la technologie industrielle la plus avancée de l’époque, et a été réalisée par le pays le plus instruit de l’Europe. C’est pourquoi la menace des virus donne à réfléchir ! On se contente d’en faire un film…

* LE MONDE du 9 novembre 2011, Une mise en scène sobre et froide pour glacer le sang.

** La fin du pétrole (le vrai défi du XXIe siècle) de James Howard Kunstler